
Face à des mois de salaires impayés, les employés expatriés de Kuros Construction expriment leur colère. Après l’échec d’un accord signé en février, une nouvelle réunion a été convoquée au ministère du Travail.
Kuros Construction n’a pas honoré son engagement de régler les salaires impayés au 28 février 2025, comme convenu lors d’un accord signé début février. La société a demandé un nouveau délai jusqu’au 14 mars, une décision qui suscite le mécontentement parmi les employés.
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Six cents salariés se retrouvent en difficulté, n’ayant toujours pas perçu leur salaire des mois de décembre, janvier et février. Chacun a toutefois reçu Rs 10 000 en guise de boni de fin d’année. L’entreprise devra également assurer le remboursement des « local leaves». Mécontents du non-respect du délai initial, plusieurs salariés se sont rendus au ministère du Travail le 3 mars pour exprimer leur frustration. L’accord signé le 3 février avait pourtant permis de mettre fin à une grève menée par les travailleurs expatriés, mais l’incertitude persiste quant au règlement des sommes dues.
Une réunion improvisée a été convoquée entre le syndicat, les travailleurs concernés, la direction de Kuros Construction et le ministère du Travail dans les locaux de ce dernier. La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) estime qu’il est temps pour le ministère d’intervenir : « Ces salariés ont de la famille à qui ils envoient de l’argent à l’étranger. L’extension du délai pour le paiement n’a pas été respectée. Nous avons demandé au ministère de prendre des actions. On ne peut rester éternellement dans un esprit de négociation, de conciliation et de médiation alors que l’employeur ne fait pas preuve de bonne foi », déclare-t-on.
Dans un communiqué daté du 2 mars, la direction de Kuros Construction justifie ce retard en raison de « circonstances exceptionnelles indépendantes de la volonté de l’entreprise ». Sollicité par Le Défi Quotidien, Selven Warden, Managing Director de Kuros Construction, reconnaît que la réunion du 3 mars ne s’est pas bien déroulée.
Avant cette réunion, le directeur s’était rendu personnellement dans les dortoirs pour présenter ses excuses aux salariés étrangers concernés. « Nous n’avons pas utilisé l’excuse du cyclone Garance, mais il faut dire que cela ne nous a pas aidés. La dernière semaine de février n’a pas été productive. La grande majorité des employés ont compris la situation et ont acquiescé au nouveau délai du 14 mars. Je ne sais pas pourquoi ils se sont rendus au ministère du Travail par la suite », avance-t-il.
Projet gouvernemental
Concernant le nouvel accord discuté lors des échanges, le directeur affirme avoir pris l’engagement pour que le paiement des salaires soit effectué d’ici le 14 mars. « Je n’ai pas pris d’engagement pour un paiement avant le 14 mars, afin de ne pas faillir de nouveau », soutient Selven Warden.
Cependant, la majorité des salariés ne souhaite plus poursuivre leur collaboration avec Kuros Construction.
« Nous nous assurons de leurs besoins en nourriture dans les dortoirs. Cependant, au vu de la situation, nous ne pouvons les forcer à travailler », poursuit le directeur.
Par ailleurs, concernant les « circonstances exceptionnelles » évoquées dans le communiqué, le directeur précise que le retard de paiement des salaires serait dû au retard de paiement des projets réalisés par la société. Parmi eux figure un projet gouvernemental, celui de la New Social Living Development Ltd (NSLD). Kuros Construction s’est chargée de la construction de 70 unités de logement sur une superficie de 4,97 arpents à Riambel, un projet estimé à Rs 225 millions.
« Kuros Construction pensait qu’il allait y avoir une réévaluation de son contrat pour ces maisons de la NSLD dans l’éventualité où l’ancien gouvernement soit maintenu au pouvoir. Or, l’exercice de due diligence effectué par le nouveau gouvernement concernant les contrats alloués aux entrepreneurs a démontré que ces maisons ne respectaient pas les normes. Cela expliquerait le non-décaissement de ce paiement », laisse entendre une source. Et d’ajouter : « Kuros Construction utilise les travailleurs étrangers comme un ‘bouclier humain’ pour négocier avec le gouvernement. »

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