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Salaire minimum plus élevé : de jeunes diplômés et détenteurs d’une licence s’expriment

Le gouvernement a annoncé une hausse du salaire minimum pour les diplômés et les licenciés. À compter du 1er juillet 2024, tout emploi dans le secteur privé nécessitant un diplôme devra offrir un salaire minimum de Rs 23 000. Les postes exigeant une licence devront être rémunérés au moins Rs 25 000. Qu’en pensent les jeunes ? 

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Divesh Kumar Seetul :  « Ce n’est qu’un simple ajustement face à l’inflation » 

diveshDivesh Kumar Seetul, employé dans le secteur financier, estime que l’augmentation du salaire minimum pour les diplômés n’est pas une véritable avancée, mais plutôt une nécessité imposée par la conjoncture économique. « Le coût de la vie a considérablement augmenté à Maurice ces dernières années. Cette hausse n’est qu’un simple ajustement face à l’inflation et à la dépréciation de la roupie par rapport au salaire des diplômés et des gradués », affirme-t-il. 

Il rappelle que, selon Statistics Mauritius, le salaire moyen des employés dans le secteur financier était de Rs 3 076 en 1984. Un chiffre dérisoire en comparaison avec les salaires actuels qui varient entre Rs 23 000 et Rs 25 000. « Mais que représentent Rs 3 076 dans le contexte actuel ? » questionne-t-il. « Augmenter le salaire des diplômés ne signifie pas forcément disposer de plus d’argent, surtout en tenant compte des divers facteurs externes comme l’inflation et la dévaluation de la monnaie. » 

Pallavi Sookun : « L’occasion de renforcer notre sécurité financière »

pallaviPallavi Sookun, Tax Assistant dans une firme comptable, est d’avis que cette augmentation est une reconnaissance bienvenue des qualifications des jeunes et une réponse nécessaire face au coût de la vie en hausse. Elle voit dans cette hausse une opportunité d’améliorer sa qualité de vie et de renforcer sa sécurité financière. Pour elle, cet ajustement pourra servir à des initiatives personnelles, telles que la poursuite d’études, l’investissement dans des formations ou encore la réalisation de projets futurs. 

Cependant, elle soulève une préoccupation : la disparité salariale entre diplômés et licenciés. « Pour les détenteurs d’une licence (degree ; NdlR), cette révision récompense les années supplémentaires d’études et encourage la poursuite académique. Mais pour les diplômés ayant la même expérience, cette différence peut sembler injuste et démotivante », observe-t-elle. 
Pallavi Sookun conclut en disant : « Bien que cette révision soit perçue positivement, elle met en lumière la complexité de l’équité salariale entre différentes qualifications, même lorsque l’expérience est équivalente. » 

Ashvin Seewoolall :  « Les montants annoncés sont insuffisants pour couvrir les dépenses quotidiennes »

ashvinAshvin Seewoolall, employé de la fonction publique, partage ses préoccupations. Selon lui, le manque de détails dans la communication officielle a engendré une incertitude sur les montants exacts qui seront alloués. « De plus, avec la récente hausse de l’inflation et l’augmentation du coût de la vie, beaucoup considèrent que les montants annoncés sont insuffisants pour couvrir leurs dépenses quotidiennes », déclare-t-il.

Il souligne que ces dernières années, les Mauriciens ont été confrontés à une hausse significative des prix des biens et services essentiels, rendant difficile le maintien d’un niveau de vie décent avec les salaires proposés. Pour lui, une communication supplémentaire du ministère concerné est nécessaire afin de clarifier l’application de cette décision et d’apaiser les inquiétudes du public. 

« Il est crucial que le gouvernement prenne en compte le contexte économique actuel et veille à ce que les salaires proposés soient suffisants pour soutenir le bien-être des Mauriciens et de leurs familles », conclut-il.

Krista : « Le revenu supplémentaire ira dans mes économies » 

kristaKrista G., employée dans le secteur informatique, relativise l’impact de la récente augmentation du salaire minimum sur sa vie quotidienne. Selon elle, bien que cette hausse salariale soit la bienvenue, son effet réel demeure limité. « En tant que jeunes adultes, nous devons penser à nos responsabilités financières futures, et personnellement, le revenu supplémentaire ira dans mes économies », explique-t-elle. 

Cette jeune détentrice d’une licence universitaire souligne l’importance de constituer un filet de sécurité financière pour faire face aux imprévus, tels que les problèmes de santé ou les urgences. « Avec la montée rapide du coût de la vie, il est difficile de percevoir une réelle différence avec cet ajustement salarial », déclare-t-elle. 

Elle précise que les prix des biens de première nécessité augmentent constamment, limitant ainsi l’impact de la hausse salariale. « L’augmentation salariale aide, mais elle compense principalement l’inflation plutôt que de fournir un revenu disponible supplémentaire », avance-t-elle. 

Elle met également en avant la nécessité de planifier des investissements à long terme, tels que l’éducation ou l’achat d’une maison. « Tous ces éléments nécessitent une planification financière soigneuse et l’argent supplémentaire n’est qu’un petit pas vers l’atteinte de ces objectifs. En réalité, cela n’apporte pas de changement substantiel à notre liberté financière », conclut-elle. 

Shane Purboteeah : « Cet ajustement est éclipsé par la hausse du coût de la vie » 

shaneShane Purboteeah, employé dans le secteur financier, considère que l’ajustement du salaire minimum est un progrès positif qui offre un certain soulagement à de nombreux jeunes professionnels. Cependant, il souligne que cette augmentation, bien qu’appréciable, est partiellement éclipsée par la hausse significative du coût de la vie. 

« En tant que titulaire d’un degré en Banque et Finances, et actuellement en train de poursuivre mon CFA tout en travaillant dans le secteur financier, je comprends les défis posés par l’inflation et la montée des prix », explique-t-il.

Pour Shane Purboteeah, les ajustements salariaux actuels ne suffisent pas à compenser les pressions financières croissantes auxquelles sont confrontés les employés, alors que le coût des biens et services essentiels ne cesse d’augmenter. « Par conséquent, il est crucial que le gouvernement se concentre également sur la stabilisation des prix et travaille à réduire le coût de la vie », recommande-t-il. 

Nevina Nattum : « Cela ouvre des perspectives pour une planification à long terme » 

nevinaNevina Nattum, employée dans le secteur éducatif, considère que l’augmentation récente du salaire minimum à Rs 23 000 pour les titulaires de diplômes et Rs 25 000 pour les Degree Holders constitue un soulagement pour les jeunes professionnels. « Cet ajustement reconnaît la hausse du coût de la vie et la nécessité d’une rémunération équitable en fonction des qualifications », affirme-t-elle. 

Elle souligne que ce revenu supplémentaire permettra aux jeunes professionnels de mieux planifier leur avenir. « Beaucoup prévoient d’investir dans leur développement personnel en économisant pour poursuivre leurs études, lancer leurs propres entreprises ou contribuer à des plans de retraite », explique-t-elle. 

Selon Nevina Nattum, d’autres espèrent améliorer leur qualité de vie en se permettant des achats nécessaires ou des loisirs auxquels ils n’avaient pas accès auparavant. Dans l’ensemble, elle estime que les nouvelles échelles salariales offrent non seulement des avantages financiers immédiats mais ouvrent également des perspectives pour une planification à long terme et un développement personnel.

Guillaume : « Il sera encore plus difficile pour de petites ONG de retenir des talents » 

Guillaume, chargé de communication dans une organisation non gouvernementale (ONG), exprime un avis nuancé sur la révision à la hausse du salaire minimum. Selon lui, cette mesure est globalement positive pour les jeunes diplômés et Degree Holders car elle reconnaît leur contribution économique et leur besoin d’un revenu décent. 

Cependant, il soulève des préoccupations spécifiques pour le secteur associatif. « Dans le monde des ONG, les ressources financières sont souvent limitées et dépendent largement de financements externes, tels que ceux de la National Social Inclusion Foundation ou des contributions des entreprises via la Corporate Social Responsibility », explique-t-il. 

Guillaume craint que cette augmentation du salaire minimum ne complique encore davantage la tâche des petites ONG pour attirer et retenir des talents. « Elles risquent de ne pas pouvoir offrir des salaires compétitifs par rapport à ceux proposés par les entreprises privées ou les administrations publiques », déplore-t-il. 

Ce revenu supplémentaire, Guillaume prévoit de le mettre de côté, soit sur un compte bancaire, soit dans un plan de pension ou d’épargne. « Cette précaution est motivée par l’incertitude de l’emploi dans le secteur associatif, où la sécurité n’est pas garantie et où les financements peuvent être imprévisibles », conclut-il. 

Zainab :« Je crains la menace de licenciements »

Zainab B., enseignante dans une école privée, exprime des préoccupations quant à l’impact réel de la révision du salaire minimum. Selon elle, même si l’ajustement salarial est le bienvenu, il ne résout pas complètement le problème de la hausse des prix des produits alimentaires.

« Plusieurs facteurs économiques, comme les guerres et le changement climatique, continuent d’affecter le pouvoir d’achat des Mauriciens. Même avec ces salaires augmentés, le montant reste insuffisant face à la hausse des coûts, surtout pour la nourriture », déplore-t-elle. 

La jeune femme craint également que les employeurs, déjà en difficulté financière, n’aient du mal à payer leurs employés, ce qui pourrait entraîner des licenciements. Elle insiste sur le fait que bien que l’ajustement soit positif, il est crucial que la mise en œuvre soit rapide et bien gérée. Elle souligne l’importance de ne pas oublier les jeunes en formation avec un School Certificate, qui ont aussi besoin de soutien dans cette période économique difficile.

 

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