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Saison des fêtes : les hôteliers n’affichent pas le sourire

En pleine haute saison, les 5-étoiles n’affichent pas complets et comptent sur les Mauriciens et expatriés pour remplir les chambres. Le pire est à prévoir pour 2020 si des solutions ne sont pas trouvées pour renverser la tendance.

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Surprise ! Pour les Mauriciens qui souhaitent passer les fêtes de fin d’année dans un hôtel 4 ou 5 étoiles, ils peuvent encore le faire, car il y a encore de la place dans plusieurs établissements haut de gamme. Une fin d’année exceptionnelle pour une année pas très exceptionnelle.

Au niveau des hôteliers, l’on fait plutôt la grimace. Alors que l’on est dans une période où il faut traditionnellement refuser des clients, certains, et non des moindres, sont à casser les prix pour pouvoir remplir leurs chambres.

« Ce n’est franchement pas terrible. Dans plusieurs 5-étoiles, il y a encore des chambres de libres. On espère qu’il y aura des réservations de dernière minute», dit Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Ile Maurice (AHRIM), sans grande conviction. « On peine à terminer l’année et on la termine comme on l’a commencé. »

Les hôteliers redoutent une haute saison moins festive, comme la précédente. « Le mois de décembre de l’année dernière, ainsi que les mois de janvier et de février de ce début d’année étaient assez mauvais », rappelle Jocelyn Kwok. Et le taux de remplissage accuse le coup. Alors qu’il était de 75 % l’année dernière, il sera de 71 % pour janvier à décembre de cette année-ci. « Cela a été une mauvaise année pour nous et on espère mieux pour l’année prochaine », souhaite Jocelyn Kwok.

Toutefois, rien n’est moins sûr. De l’aveu même de responsables d’établissements hôteliers, le début de 2020 ne s’annonce pas haut en couleurs. « Pour les mois de janvier et de décembre, le démarrage est particulièrement lent. Les réservations n’affluent pas et c’est la seconde année consécutive. Il est temps de s’inquiéter », confie le directeur-général d’un hôtel réputé de Grand-Baie.

Un produit inadapté

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Des marchés émetteurs, dont l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Inde, l’Afrique du Sud et La Réunion sont en baisse, alors que de nouveaux marchés accusent aussi une baisse après un démarrage encourageant plusieurs années de cela.

Alors que le gouvernement comptait sur la Chine pour booster la croissance, elle affiche un recul de 22 828 visiteurs (-37,7 %). Paradoxalement, de plus en plus de Chinois vont en vacances en dehors des frontières de leur pays. En quelques années seulement, la Chine est devenue le plus grand marché du tourisme au monde. Selon les prévisions, il est attendu que près de 160 millions de Chinois voyageront en dehors du territoire chinois l’année prochaine. Mais Maurice souffre avec un produit inadapté pour les touristes de l’Empire du milieu.

Pour l’ensemble du secteur, pour les onze premiers mois de l’année, Maurice accuse une baisse de 0,8 % du nombre d’arrivées avec 1 231 390 de visiteurs de janvier à novembre. Pendant la même durée, l’année dernière, il en a accueilli 1 241 365.

À titre comparatif, en 2018, le nombre d’arrivées touristiques avait connu une hausse de 4,3 % par rapport à 2017, année qui était déjà marquée par une hausse de 5,2 % des arrivées. Et alors que Maurice s’enlise, les Seychelles et les Maldives sont en pleine croissance. Pour les onze premiers mois de cette année-ci, ils affichent respectivement 6 % et 15 % de touristes en plus.

Du côté des hôteliers, l’on ne veut pas être pessimistes pour le court-terme. « Nous espérons que l’île de La Réunion va reprendre. Si les Maldives font très bien, c’est parce qu’il y a une suroffre et cela a eu un impact sur les prix là-bas. Mais, cela ne pourra durer. Nous souffrons également de la stratégie agressive d’Air Austral », dit le CEO de l’AHRIM.

Air Austral, équivalent d’Air Mauritius à La Réunion, a ajouté des destinations sur son réseau. Depuis peu, elle propose des vols directs vers l’Afrique du Sud et la Chine. Ce qui permet aux Réunionnais de s’y rendre plus facilement sans passer par Air Mauritius, qui oblige une escale à Plaisance.

Puis, il y a l’environnement mauricien. Serait-il détérioré ?  Le nouveau ministre du Tourisme, Joe Lesjongard, relativise. « La situation n’est pas alarmante, car il y a eu des baisses légères dans les arrivées touristiques », disait-il jeudi lors d’une conférence de presse. Pour ce dernier, 9 975 touristes en moins sur onze mois n’est pas une hémorragie.

« On a tort de brosser un tableau noir de notre secteur touristique. Maurice est toujours une destination de rêve. Le produit île Maurice a toujours la cote sur plusieurs marchés. C’est à nous d’améliorer le produit, en le rendant plus attrayant et plus accessible à d’autres marchés », conclut-il.

 

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