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Saisie d’héroïne troublante au domicile de Wayne Attock : le démantèlement de l’Adsu revient sur le tapis 

Capture d’écran des images de la vidéo ayant filmé la persquisition policière au domicile de Wayne Attock. L’Adsu est de nouveau sous le feu des critiques.

Soutenant que son client a été piégé, Rama Valayden, avocat de Wayne Attock, réclame le démantèlement de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu). Il n’est pas le seul : même des éléments de ce département spécialisé de la police estiment qu’un changement en profondeur est nécessaire. 

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Les images de la perquisition au domicile de Wayne Attock, le 17 novembre, font le buzz sur les réseaux sociaux depuis le début de la semaine. L’équipe de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) qui a mené l’opération a-t-elle placé de la drogue chez cet habitant de Baie-du-Tombeau ? C’est la question que se posent beaucoup de gens. 

Sur la vidéo en circulation, issue d’une caméra de surveillance installée à l’intérieur de la maison, on voit l’un des officiers jeter quelque chose derrière un divan. C’est à cet endroit que l’Adsu aurait ensuite découvert un sachet contenant 78,8 g d’héroïne. Wayne Attock a été arrêté et inculpé pour trafic de drogue et blanchiment d’argent. Son avocat, Rama Valayden, affirme qu’il a été piégé. Ce qui l’amène à réclamer le démantèlement de l’Adsu, et par la même occasion celle de la PHQ Special Striking Team.

Sollicité, ce samedi, pour commenter ce dernier développement, le Deputy Commissioner of Police Choolun Bhojoo, responsable de l’Adsu, est resté injoignable au téléphone. « Sorry, I can’t talk right now », nous a-t-il indiqué dans un SMS. Le commissaire de police Anil Kumar Dip n’a pas non plus répondu à nos demandes d’entretien.

Cependant, sous le couvert de l’anonymat, plusieurs membres de la brigade antidrogue ont accepté de s’exprimer. Il en ressort que deux écoles de pensée cohabitent au sein de l’Adsu. Certains sont en faveur de la refonte complète de ce département spécialisé de la police. D’autres prônent l’amélioration de son fonctionnement.

« Une refonte totale de l’Adsu est plus que nécessaire. Un juge en chambre, au lieu d’un haut gradé de la force policière, doit être placé à la tête du nouvel organisme qui sera ainsi créé », déclare l’un de nos interlocuteurs. Pourquoi un juge en chambre ? « Parce qu’il délivrera en toute impartialité les mandats de perquisition et les mandats d’arrêt. » 

Son collègue poursuit : « Mais avant de procéder à la refonte de l’Adsu, l’état-major de la police doit impérativement mener une enquête sur le train de vie de tous les officiers. Leurs mouvements et surtout leurs connexions avec des trafiquants de drogue doivent être surveillés de près. »

Pour d’autres éléments, « l’Adsu fait un travail formidable car des saisies de drogue sont réalisées chaque jour ». Ils plaident toutefois pour « une meilleure sélection des officiers ». « Seuls des policiers intègres et ayant un moral d’acier peuvent faire partie d’un organe dont la mission est de combattre le trafic de drogue. Le recrutement doit se faire de manière rigoureuse. Pa nek tir gard depi SMF avoy Adsu parski zot bann proteze », dit l’un d’eux.

Autre option proposée : réviser l’article 86 des standing orders de la police, qui concerne le cahier des charges des officiers de l’Adsu. Un changement de direction, estiment certains membres de la brigade antidrogue, « permettrait aussi aux policiers de changer de stratégie lors des opérations ».

Une recommandation de la commission d’enquête sur la drogue

Publié en juillet 2018, le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, qui avait été présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, a mis en évidence un ensemble de dysfonctionnements au sein de l’Adsu. Il a donc recommandé le démantèlement de ce département et la création d’une National Drug Investigation Commission. 

L’ancien DCP Dev Jokhoo : «Trop de connivence avec les trafiquants»

Ancien responsable des National Security Services, Dev Jokhoo se prononce pour une réforme de la brigade antidrogue. « Il y a trop de connivence, le réseau de l’Adsu est foireux. Les officiers obtiennent des renseignements auprès de tout un réseau d’informateurs qu’ils rémunèrent. Ce réseau est à l’origine de l’arrestation de gros bonnets du trafic de drogue. Mais au fil du temps, certains indics se convertissent en trafiquants. Des membres de l’Adsu se retrouvent alors dans une situation compromettante, car des relations ont été tissées. C’est d’ailleurs pourquoi la rotation des officiers est indispensable. Cinq ans au sein de l’Adsu, c’est trop ! » explique cet ex-Deputy Commissioner of Police (DCP). 

S’il faut réformer l’Adsu, poursuit-il, cela doit être de fond en comble. « Non seulement il faudra sélectionner rigoureusement les officiers, mais aussi installer une nouvelle équipe de direction. » Dev Jokhoo estime également que l’Adsu devrait être davantage sous surveillance. « Un service de renseignement performant pourrait contrôler l’Adsu. C’était le cas lorsque j’étais à la tête des services de renseignement de la police. »

Par ailleurs, l’ancien DCP rappelle qu’avant la création de l’Adsu, il y avait la Vice Squad, dans les années 80. Cette unité a été démantelée après la publication du rapport de la commission d’enquête sur la drogue présidée par sir Maurice Rault en 1987. 

 

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