Antoine Georgy Wensley Bhadhoodeenkhan, alias Toto, a été coincé par le chef inspecteur Ashik Jagai, qui avait saisi 12 749 comprimés de Subutex chez Nelson Louis Dovic Nabab en février. Ce suspect accuse Toto d’être son « patron ».
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Deux cent vingt-trois jours pour le trafiquant présumé de drogue, un jour pour le policier. Recherché par une escouade spéciale depuis le vendredi 24 février dans le cadre de l’enquête sur la saisie des 12 749 plaquettes de Subutex (évaluées à Rs 31 millions), à Roche-Bois, Antoine Georgy Wensley Bhadhoodeenkhan, alias Toto, a, finalement, été capturé par le chef inspecteur Ashik Jagai de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) avenue de l’Indépendance, à Roches-Brunes, le jeudi 5 octobre.
Transféré de la Brigade antidrogue du Port à celle de Rose-Hill depuis son retour de congé, il y a quelques jours, le chef inspecteur Jagai a appréhendé le fugitif à lui seul après avoir eu vent de ses allées et venues dans la région. Accompagné par un membre de son équipe, il s’est jeté sur la Suzuki 600cc sur lequel se déplaçait le jeune homme, vers 14 h 50. Il s’est légèrement blessé au cours de cette cascade improvisée. Le fugitif prenait la direction d’Albion et lui, il était à l’entrée de Saint-Martin.
Rs 160 000 retrouvées
Le chef inspecteur Jagai n’a eu aucun mal à identifier Wensley Bhadhoodeenkhan, bien qu’il ait pris du poids et arbore désormais une barbe et une chevelure fournie. Après un crochet aux Casernes centrales, le suspect, dont la tête était mise à prix, a été remis à l’Adsu du Port. Elle doit l’interroger sur ce stock de Subutex. Nelson Louis Dovic Nabab – chez qui les cachets ont été saisis – l’a dénoncé comme son « patron ».
Wensley Bhadhoodeenkhan devra répondre de la somme de Rs 160 000 retrouvée sur lui, de la Suzuki qu’il a acquise au cours de sa cavale et des personnes qui l’ont hébergé à travers le pays. Celles-ci seront facilement retracées car plusieurs cellulaires en sa possession seront passés au crible pour remonter à ses contacts, ses appels et à ses messages. Après son interrogatoire par l’Adsu du Port, il sera cuisiné par l’Independent Commission Against Corruption (Icac) pour blanchiment.
Le suspect est dans le viseur de la commission anticorruption depuis 2016. Deux de ses hommes de paille ont été entendus, leur train de vie ne correspondant pas à leurs revenus. Ils résidaient dans ses campements dans la région de Pointe-aux-Canonniers. L’un d’eux avait même eu des démêlées avec la justice pour délits de drogue. Cerise sur le gâteau : il est actionnaire d’une boîte de nuit à la réputation sulfureuse sur la côte Ouest. L’Icac subodore que cette discothèque sert à blanchir l’argent du trafic de drogue.
Saisie conservatoire
Les biens de Wensley Bhadhoodeenkhan ont fait l’objet de saisie conservatoire – attachment order – par l’Icac en avril dernier. Il s’agit d’un terrain de 270 m2 situé à Terre-Rouge et acheté, en 2008, pour Rs 1,3 million. Tout comme un terrain de 396 m2, route Cocoterie, à Roche-Bois, sur lequel opère GTO Spare Parts, un magasin spécialisé dans la vente de pièces de rechange. Deux de ses véhicules et celui de sa compagne Rachel Larose sont aussi sous scellés.
Autrefois accusé dans l’assassinat de Denis Fine, convoyeur présumé de Subutex entre Paris et Plaisance (tué d’une balle dans la tête en janvier 2010, à Pamplemousses), Wensley Bhadhoodeenkhan a été blanchi. Tout comme Sada Curpen. Un autre suspect dans cette affaire est son beau-frère Louis Gino Robertson, alias Batman. Il a été inquiété après la saisie de Subutex en février. Une somme de Rs 109 975, soupçonnée de provenir de la vente de drogue, a été saisie à leur domicile, à Sainte-Croix.
Wensley Bhadhoodeenkhan et Louis Gino Robertson ont été appréhendés par le Central Criminal Investigation Department (CCID), il y a sept ans. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu éliminer Christophe Legrand, un témoin dans l’affaire Denis Fine. Récemment, dans le sillage de la saisie des 157 kilos d’héroïne, à Port-Louis, le nom Wensley Bhadhoodeenkhan a été cité comme l’un de ceux ayant fomenté un complot pour faire évader le caïd Peroomal Veeren. D’où les mesures de sécurité prises par la police lors de ses déplacements à la cour et devant la Commission d’enquête sur la drogue.
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