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Saisie des Rs 105 millions d’héroïne : les passeurs kazakhs auraient agi pour un caïd emprisonné

L’Adsu soupçonne Ravil Khakimov et Olga Istyufeyeva d’avoir transporté 7,36 kilos d’héroïne pour le compte d’un caïd en prison. Aussi la brigade des stups soutient qu’un de leurs deux contacts locaux est la demi-sœur du trafiquant Jean-Claude Nestor, arrêté en 2012 avec Rs 58 millions de drogue en provenance de Madagascar.

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Douze jours à peine après la saisie de 490 grammes d’héroïne sur la Zimbabwéenne Wedzerai Muringwa au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport (SSRIA), l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) a intercepté un couple du Kazakhstan avec 7,36 kilos de cette même drogue, vendredi. Alors que l’équipe de l’adjoint au Commissaire de Police Choolun Bhojoo soupçonne la Zimbabwéenne d’avoir transporté les Rs 7,3 millions de drogue pour le compte d’un réseau actif à Résidence Kennedy, à Quatre-Bornes, il y a de fortes présomptions que les Rs 105 millions d’héroïne introduites, à Maurice, par Ravil Khakimov et Olga Istyufeyeva ont été commandées par les proches d’un caïd emprisonné et opérant dans le Nord.

Le couple kazakh a été interpellé par des agents de l’Adsu à sa descente du vol MK535 en provenance de Nairobi vers 18 h 35 après la découverte de deux colis dans le double-fond de leurs bagages à l’issue d’un exercice de profiling. Ils paraissaient suspects, d’autant plus qu’ils avaient acheté leurs billets d’avion le même jour où leurs passeports ont été émis au Kazakhstan et avaient prévu de ne passer que trois nuits dans un hôtel 5-étoiles, au Morne. Une opération en vue de coincer les contacts locaux de Ravil Khakimov (33 ans) et Olga Istyufeyeva (31 ans) a été sans plus tarder montée dans l’établissement.

Sans surprise, les enquêteurs ont mis la main, dimanche matin, sur Marie Linda Mannick (45 ans) et Jean Patrice Bégue (20 ans), des habitants de la route Cimetière, à Batterie-Cassée, à Roche-Bois, venus prendre livraison de la drogue. Ils étaient déjà à l’hôtel le mardi 18 octobre. Marie Linda Mannick et Jean Patrice Bégue ne sont pas fichés par l’Adsu ni n’étaient-ils sous surveillance. Néanmoins, les renseignements glanés par les enquêteurs indiquent que Marie Linda Mannick est la demi-sœur de Jean-Claude Nestor, un homme arrêté, il y a cinq ans, dans l’importation de 3,5 kilos d’héroïne et de 7,8 kilos de gandia de Madagascar à bord du bateau Glory 1.

La valeur totale de cette drogue avait été estimée à 58 millions et Jean-Claude Nestor avait impliqué un habitant de Roche-Bois comme le commanditaire. Jean-Claude Nestor a été condamné aux assises, en février 2014, à 30 ans de prison tandis que l’habitant de Roche-Bois a bénéficié d’un abandon des poursuites. C’est à travers Jean-Claude Nestor que Marie Linda Mannick et Jean Patrice Bégue auraient été appelés à travailler pour le réseau du caïd emprisonné, dont les proches ont souvent fait l’objet d’enquête de la part des autorités, que ce soit au niveau de l’Adsu ou de l’Independent Commission Against Corruption (Icac).

À mesure que l’Adsu s’avance dans son enquête, elle a aussi découvert que Ravil Khakimov est venu à Maurice à trois reprises cette année, avec trois passeports différents. Ce qui lui fait dire que ce prétendu chauffeur de taxi a sans doute introduit de la drogue, à Maurice aux mois de février et d’août. Il devra être interrogé dans les jours à venir quant à ses visites antérieures et les personnes qu’il a rencontrées. Une enquête a aussi été ouverte au niveau de la prison pour connaître les dessous de ce réseau employant des passeurs d’un pays d’Asie centrale, les caïds ayant toujours eu un faible pour les Africains.

Dans la matinée de dimanche, les patrons de l’Adsu et du service des douanes de la Mauritius Revenue Authority (MRA) ont animé une conférence de presse au sujet de la dernière saisie et de tenter de démontrer qu’il n’y a pas d’animosité entre les deux départements. Il y a une semaine, L’Hebdo a révélé que les relations entre l’Adsu et la MRA ne sont pas au beau fixe, cette dernière ayant communiqué des détails dans l’affaire Wedzerai Muringwa à la presse alors que les enquêteurs n’ont toujours pas mis la main sur les contacts locaux de la Zimbabwéenne.

 

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