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Saisie de drogue à La Réunion : le commanditaire serait à Maurice

Drogue Le hors-bord Sweet Mama Love d’Almonzo, arraisonné à Sainte-Rose.

L’enquête des autorités réunionnaises sur le démantèlement de l’un des plus importants réseaux de trafic d’héroïne entre Madagascar, La Réunion et Maurice se poursuit. Les trois passeurs mauriciens présumés sont toujours en garde à vue à l’île sœur.

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L’histoire de cette saisie record de 43 kg d’héroïne, valant plus de Rs 600 M, est révélée peu à peu à l’île de La Réunion. Selon la presse réunionnaise, c’est dans le cadre d’une partie de pêche que le hors-bord Sweet Mama Love et les trois Mauriciens se seraient retrouvés à l’île sœur.

Dimanche, le journal en ligne Clicanoo.re indique qu’un Mauricien, âgé de 40 ans, aurait organisé « une partie de pêche » en haute mer avec le propriétaire du bateau Sweet Mama Love, Royce Almond Capdor, plus connu comme Almonzo, âgé de 26 ans. Les deux étaient accompagnés d’un troisième Mauricien, un mécanicien, ami du skipper. Après avoir pris la mer dans l’après-midi du jeudi 10 novembre, le client aurait demandé au skipper et à son ami de faire route jusqu’à Sainte-Rose, à La Réunion, « pour récupérer des affaires » sans donner plus de détails.

Une fois à quai, selon le Quotidien de La Réunion, les trois Mauriciens ont rencontré une mère de famille réunionnaise et ses deux fils – ainsi que la petite-amie d’un des fils – qui les attendait avec la cargaison record de 43 kilos d’héroïne et six kilos de résine de cannabis. C’est la mère qui était en contact avec les Mauriciens. La drogue serait arrivée par voie maritime à l’île sœur quelques jours plus tôt en provenance de Madagascar.

Mais les autorités réunionnaises réfutent cette thèse et sont d’avis que les Mauriciens étaient de mèche avec les quatre Réunionnais qui ont été interpellés aux alentours de 3 heures du matin, le vendredi 11 novembre. Qui plus est, plusieurs fûts de carburant se trouvaient à bord du Sweet Love Mama.

Les enquêteurs réunionnais pensent que le présumé cerveau de ce trafic serait à Maurice et tentent d’avoir des aveux de trois passeurs. Même son de cloche du côté du commissaire de police, Mario Nobin. Il a déclaré que ce ne sont que des « hommes de paille » qui ont été arrêtés.

Almonzo

À Coteau Raffin, où habite Almond Capdor, les habitants sont très silencieux. Très peu d’entre eux souhaitent commenter cette arrestation. « Almonzo est un père de famille sans histoire », déclare un proche. Selon lui, il vivait avec sa femme et ses deux enfants bas d’âge et gagnait sa vie en mer. « De temps à autre, il rend visite à son père, qui habite seul dans une bicoque. Ce dernier est malade et cette histoire l’a choqué. » Le père d’Almonzo, qui habite une maison en tôle, travaille dans un établissement hôtelier au Morne et vit séparé de sa femme depuis des années.

Quelques maisons plus loin, se trouve la demeure d’Almonzo. Une maison à étage avec une toiture en tôle. On nous indique que le propriétaire de Sweet Mama Love habite au rez-de-chaussée avec sa femme et ses enfants. Cadenassée et bien clôturée, la maison de ce dernier est gardée par deux bergers allemands. « Nous ne voyons plus la femme et ses enfants », dit une voisine. Elle aurait quitté la région depuis l’arrestation de son mari.

La mère d’Almonzo réside à La Caverne, Vacoas. Encore une fois, difficile d’avoir une déclaration sur l’arrestation de son fils. Quant à l’identité de deux autres Mauriciens, très peu d’informations transpirent jusqu’à présent.

Sa femme gérait un « petit commerce de coquillage » sur l’île-aux-Bénitiers. Rudolf (nom modifié), un skipper de la région, explique qu’Almonzo « n’avait pas de mauvaise fréquentation. Mais on a cru comprendre que ‘sa bann dernie tan linn rentr dan traseman’. »

Les autorités tentent de remonter au présumé cerveau de ce trafic, en se basant sur les déclarations des trois Mauriciens.


Xavier-Luc Duval : «C’est choquant»

Le Premier ministre adjoint, Xavier-Luc Duval, a commenté cette récente saisie de drogue à La Réunion. Il se dit choqué qu’on puisse « détruire des vies pour un peu d’argent ». Le ministre du Tourisme et des Communications extérieures s’exprimait le dimanche 13 novembre à Cité Martial, dans le cadre d’une journée dédiée aux familles. « Je sais que la police mauricienne prend cette affaire très au sérieux avec les autorités réunionnaises. Je vais avoir une réunion le lundi 14 novembre 2016, avec la police pour analyser la situation », a-t-il dit.


L’Adsu en alerte

La brigade antidrogue, sous la direction du Deputy Commissioner of Police Choolun Bhojoo. est en alerte. « On suit la situation de très près. L’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) enquête sur ce réseau de drogue », déclare le chef de l’Adsu.

Le manque de moyens pour combattre l’entrée de drogue par voie maritime dans le pays refait surface avec cette affaire. À l’aéroport de Plaisance, un contrôle rigoureux est mis en place pour détecter la présence de drogue et d’autres objets interdits. Mais par voie maritime, le contrôle est moins rigoureux.
« Il y a une équipe de la brigade antidrogue dans le port. Mais si une embarcation achemine de la drogue dans la région du Morne ou une autre zone côtière de Maurice, ce sera difficile de les détecter », souligne un limier de cette brigade.

Il rappelle comment une importante quantité de drogue arrivait sur le marché par voie maritime pour le compte du réseau Gro Dereck. Il ajoute aussi que des trafiquants n’hésitent pas à investir dans la haute technologie pour mener à bien leur trafic.


Le CP Mario Nobin : «Une équipe spéciale mise sur pied»

« Une enquête de très haut niveau. » C’est ainsi que le commissaire de police qualifie l’enquête des autorités réunionnaises et mauriciennes après la saisie de 43 kg d’héroïne dont la valeur marchande est estimée à Rs 600 millions. Mario Nobin ajoute qu’une équipe spéciale comprenant la Mauritius Revenue Authority, le Central CID, la brigade antidrogue et la Financial Intelligence Unit a été mise sur pied « pour remonter la chaîne » car, selon lui, ce ne sont que des « hommes de paille » qui ont été arrêtés. « L’objectif des autorités est d’aller au fond de cette affaire », a-t-il déclaré dimanche matin à l’issue d’une cérémonie de dépôts de gerbes au monument du Soldat inconnu, au collège Royal de Curepipe, dans le cadre de la journée de commémoration de l’Armistice.

 

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