Saisie de 222,5 kilos de drogue en mer : trois suspects inculpés de complot pour importation de cannabis

• La police et la douane serrent la vis pour contrer le trafic entre la Réunion et Maurice

Saisie après saisie, il est confirmé que de vastes champs de culture de cannabis sont soigneusement organisés sur l’île de la Réunion, avec pour principal marché Maurice. Pas plus tard que le jeudi 12 septembre 2024, la police mauricienne a empêché 222,5 kilos de cannabis, d’une valeur de Rs 333,7 millions, de pénétrer dans le circuit de la toxicomanie locale. 

24 heures après cette importante saisie en mer, les limiers de la brigade antidrogue ont procédé à trois arrestations. Il s’agit de deux habitants de Plaine-Verte : Mohammad Umayr Mudhoo, 34 ans, un soudeur, et son épouse Bibi Rukan SK Batchameah, 31 ans, ainsi qu’Hemant Vashisht Ramsurrun, un mécanicien de Vallée-des-Prêtres. Ce trio est fortement soupçonné d’être mêlé à l’importation de la grosse quantité de cannabis saisie en haute mer. Le samedi 14 septembre, ils ont été provisoirement inculpés de « drug dealing with aggravating circumstances: conspiracy to import cannabis with an averment of trafficking ». La police ayant objecté à leur remise en liberté, ils ont été reconduits en cellule policière. L’enquête est supervisée directement par le commissaire de police Anil Kumar Dip.

Les limiers de la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) et de la brigade antidrogue (Adsu) du port poursuivent leur enquête pour établir les rôles et implications exacts de ces trois suspects dans cette importante saisie de drogue. La prévenue Rukan SK Batchameah serait la propriétaire de l’embarcation utilisée pour faire la traversée entre la Réunion et Maurice. Lors de son interrogatoire en présence de son avocat, Me Nabil Kaufid, elle a nié toute implication dans cette affaire. D’autres individus qui ont participé à cette traversée sont dans le collimateur de la brigade antidrogue.

Collecte d’informations 

Jadis, la traversée entre les deux îles, une route maritime utilisée pour l’importation de grosses cargaisons de zamal (cannabis réunionnais), était un jeu d’enfants pour les trafiquants. En toute impunité, pendant des années, ils ont alimenté le pays en zamal. Toutefois, depuis quelque temps, une structure renforcée, mise en place sous les ordres du commissaire de police, donne des résultats positifs. Un mécanisme structuré de collecte d’informations (intelligence gathering) a été mis sur pied avec le concours de diverses unités de répression antidrogue. Dirigé par l’assistant surintendant Mooniaruth, la Maritime Intelligence Cell de la National Coast Guard (NCG) et la Customs Anti-Narcotics Section (CANS) de la Mauritius Revenue Authority (MRA), ce mécanisme a porté ses fruits jeudi dernier.

Les limiers de la DCIU du port disposaient d’informations précises qu’une embarcation immatriculée PPC 5906 OL 11, équipée de deux moteurs et avec trois membres d’équipage, avait quitté Maurice. Ces derniers avaient pour objectif de récupérer une grosse quantité de zamal sur la côte est de l’île de la Réunion. C’est ainsi que jeudi dernier, à la mi-journée, des bateaux de la NCG et de la MRA prennent le large. Ils sont soutenus par l’appui aérien de l’équipage du Dornier, qui localise le bateau des trafiquants vers 13 h 40 dans différentes zones en haute mer. À 14 h 30, un bateau de la NCG se rapproche de l’embarcation suspecte, mais les occupants changent de trajectoire et prennent la fuite. 

Pendant cette folle course-poursuite en mer, deux trafiquants de drogue tentent de se débarrasser de leur cargaison de zamal en haute mer. Malgré tout, les policiers et les douaniers récupèrent 20 sacs remplis de zamal, pesant 222,5 kilos. Les drogues saisies ont été sécurisées au quartier général de la brigade antidrogue aux Casernes centrales.

Tentative d’exportation de 61 kilos de zamal en août dernier

Un Mauricien arrêté à l’île de la Réunion

En août dernier, les autorités réunionnaises ont déjoué une énième tentative d’exportation d’une cargaison de zamal à destination de Maurice. Grâce à des renseignements précis sur une filière de drogue, la gendarmerie de Saint-Benoît a intercepté une camionnette conduite par un Mauricien. Lors de la fouille du véhicule, les gendarmes ont découvert 61 kilos de cannabis (60,910 kg). Cette importante cargaison de zamal était sur le point d’être acheminée vers Maurice par voie maritime. Lors d’une perquisition au domicile du Mauricien à l’île sœur, des armes à feu ont été découvertes. Par la suite, le frère du présumé trafiquant de drogue, détenteur de la double nationalité, a également été arrêté, alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion pour Maurice.

Franklin et Nono dans les geôles réunionnaises

Le « parrain de l’Ouest », Jean Hubert Célerine, alias Franklin, condamné pour trafic de drogue par la justice réunionnaise, a écopé de six ans de prison pour complicité de détention, d’acquisition, de transport en contrebande et d’exportation de stupéfiants entre la Réunion et Maurice. Il a également été condamné à une amende de 50 000 euros (Rs 2,2 millions) et à une interdiction définitive d’entrer sur le territoire après avoir purgé sa peine. Cet habitant de Rivière-Noire a été condamné pour son implication dans un trafic de drogue entre Maurice et la Réunion entre 2017 et 2018, après le démantèlement d’un trafic de 142 kg de cannabis à Sainte-Rose, à la Réunion. 

Son complice, le skipper mauricien Jérémy Désiré, alias Nono, accusé d’avoir transporté la drogue par voie maritime, a écopé de quatre ans de prison.