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Safe City : dans le cerveau de Big Brother

Safe City
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Le projet Safe City a connu un développement de taille le lundi 19 août avec l’inauguration de son centre de contrôle et de commandement à Ébène. Ce projet permettra de lutter contre les infractions au Code de la route, de traquer les criminels et de résoudre des affaires de vol. Pas plus tard que dimanche, un vol avec violence a été élucidé grâce aux caméras intelligentes. 

«À aucun moment le projet constituera une atteinte à la vie privée des Mauriciens et des touristes. » Garantie donnée par Pravind Jugnauth dans le cadre du projet Safe City. Le Premier ministre et le ministre Mentor sir Anerood Jugnauth ont inauguré le centre de contrôle et de commandement le lundi 19 août 2019, à l’Atal Bihari Vajpayee Tower, à Ébène. La cérémonie s’est déroulée en présence de pratiquement tous les hauts gradés de la force policière, des ministres et des membres du corps diplomatique. Les invités ont eu droit à des vidéos illustrant l’efficacité du projet. Des officiers du centre de contrôle ont fait une simulation de l’utilisation du système dans le cas d’un délit de fuite. 

« Ce projet novateur permettra un meilleur maintien du Law and Order, tout en assurant la sécurité des citoyens et des touristes. Il donnera à la force policière un outil puissant pour coordonner tous les services d’urgence du pays. L’objectif est d’obtenir une fenêtre d’action de 15 minutes dans plusieurs cas de figure, dont les accidents, les vols à l’arraché, le trafic de drogue et les calamités naturelles », a expliqué le chef du gouvernement. Pas plus tard que dimanche, un vol avec violence a été élucidé grâce aux caméras intelligentes (voir texte plus loin). 

À ce stade, 1 542 des 4 000 caméras destinées à balayer les rues de Maurice (Intelligent Video System) ont été installées et environ 700 sont totalement opérationnelles. Le reste de ces caméras dites intelligentes sont en cours d’installation. Le projet en lui-même devrait être fonctionnel à 100 % à la fin de décembre 2019. Il comporte également 75 caméras dédiées au contrôle du trafic routier (Intelligent Traffic System). Quarante-deux de ces caméras ont été installées et sont opérationnelles. 

Outre le Main Command Centre qui se trouve à Ébène, huit Sub-Command Centres seront installés dans différentes régions de l’île. Il y aura également 45 Base Stations et 4 500 terminaux mobiles qui devront envoyer les vidéos au centre de commandement. Le Deputy Commissioner of Police Krishna Jhugroo explique que le concept Safe City apportera ce petit plus à la force policière pour qu’elle soit plus efficace. « C’est la tendance mondiale. La police doit évoluer avec son temps. Grâce aux outils technologiques, les unités de police pourront intervenir plus rapidement. Ce projet bénéficiera aussi aux autres services d’urgence. En cas d’accident, pompiers et services d’urgence médicale pourront eux aussi être informés en temps réel. Il y aura une harmonisation de chaque service d’urgence », estime Krishna Jhugroo

safe city
Le PM entouré du commissaire de police Mario Nobin et Sherry Singh, CEO de Mauritius Telecom.

Vie privée vs vie publique

Les caméras contiennent un « logiciel biométrique capable d’identifier une personne en comparant et en analysant les modèles en fonction des contours de son visage ». Se voulant rassurant lundi, Pravind Jugnauth a fait ressortir qu’à « aucun moment le projet Safe City constituera une atteinte à la vie privée des Mauriciens et des touristes. Son unique usage est de combattre le crime et d’augmenter la vitesse d’intervention de la police ». La question du respect de la vie privée avait été soulevée à l’Assemblée nationale par le député rouge Osman Mahomed le mardi 2 juillet 2019. Le ministre Mentor avait donné la réponse qui suit : 

« Well,  so  long  as  it  is  not  placed  on  their  private  property,  I  don’t see what we can do. They must keep their doors and windows shut. » 


Cellulaires Huawei dernier cri 

Les téléphones multimédia acquis à Rs 80 000 l’unité seront intégrés au projet Safe City. Le centre de commandement pourra connaître la position de chaque policier qui sera muni de l’un de ces téléphones. L’agent qui se trouvera le plus proche du lieu d’un accident ou d’un crime sera contacté et prié de se rendre sur le site en quatrième vitesse.  Les policiers qui devront intervenir dans des lieux dépourvus de caméras seront tenus de filmer toute l’opération avec leurs téléphones. Les images seront directement envoyées au centre de commandement. La force policière a commandé 4 000 cellulaires de ce modèle. Chaque poste de police disposera aussi du sien. Il y a quelques mois une polémique est née quand la hiérarchie de la police a demandé de faire des selfies sur ces téléphones. Certains avaient même remis en question l’utilité de ces appareils sophistiqués.


Traque 2.0

Les policiers ne seront pas les seuls à être dotés d’outils dernier cri pour les aider sur le terrain. Les enquêteurs pourront eux aussi compter sur l’appui des caméras ultrasophistiquées. Grâce au système de reconnaissance faciale, dès qu’une caméra détectera une personne recherchée, elle enverra un signal au centre de contrôle. Idem pour la traque aux véhicules. Une fois la plaque immatriculation déchiffrée, les données seront insérées dans le système. Le système émettra une alerte dès que le véhicule passe devant une des caméras. S’ensuivront des échanges d’informations où d’autres unités prendront la relève. 


Données sauvegardées durant 30 jours

Les enregistrements des caméras de surveillance seront sauvegardés pendant une durée de 30 jours. Après un mois, le système effacera toutes les données préservées. « Il y a la Data Protection Act. Nous aussi nous avons des restrictions. Le Data Protection Controller nous a donné des guidelines à respecter. Mais le système de sauvegarde des preuves restera tel qu’il est actuellement », affirme le surintendant de police Dawon. Les images pourront être utilisées en cour.   L’État est tenu de se conformer à l’article 3(1) de la Data Protection Act. Il doit se soumettre à cette loi, à moins que les conditions prévues sous l’article 44 ne soient pas remplies. Le Data Protection Office est régi par l’article 4 (2) de cette loi et le bureau est indépendant.


Prix acceptable 

Pravind Jugnauth a mis l’accent sur le prix élevé des équipements de surveillance et de sécurité. « Pour le projet Safe City, le pays a pu obtenir, grâce à une négociation avec nos partenaires, un prix acceptable pour déployer le système. Un Lease Agreement a été conclu pour la réalisation du projet », a indiqué le Premier ministre.  Le projet Safe City coûtera à l’État entre Rs 15 milliards et Rs 19 milliards étendues sur une période de 20 ans qui devra être versée à Mauritius Telecom, contracteurs du projet. L’opérateur téléphonique a dû contracter un emprunt de Rs 460 millions avec l’EXIM Bank of China pour démarrer le projet. L’État est le garant de ce prêt.  Ces informations avaient été fournies par le ministre de la Défense sir Anerood Jugnauth à l’Assemblée nationale. L’État a déjà payé USD 13 millions à Mauritius Telecom. De la première à la septième année, il lui versera 18,9 millions dollars par an. De la huitième année jusqu’à la 20e année, il lui donnera 23,9 millions de dollars par an. Ce sont donc USD 456 millions qui auront été versés à MT, soit environ Rs 16 milliards selon le taux de change actuel. 


Le surintendant Vijay Kumar Dawon le haut gradé à la baguette

vijayQui est Vijay Kumar Dawon ? Promu au rang du surintendant de police (SP) en décembre 2015, il a reçu sa lettre de confirmation le 28 septembre 2016 après neuf mois de formation intense. Il est aujourd’hui en charge de l’Information Room de la police aux Casernes centrales. C’est ce haut gradé qui sera également aux manettes du centre de commandement d’É\bène. Il entend mener sa mission à bon port avec son équipe, en recueillant les doléances sur le 999 ou le 128 et en visionnant les enregistrements des caméras de surveillance à travers l’île.


Le fonctionnement du centre de commandement 

L’accès au Main Command & Control Centre est restreint. Il se trouve au deuxième étage du Shri Atal Bihari Vajpayee Tower (ex-Cybercity 1) à Ébène. Opérationnel 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, il comprend 16 opérateurs qui ont des rôles spécifiques. Ces policiers peuvent suivre la situation en temps réel à travers l’île sur 24 écrans de 55 pouces. 

Une des premières tâches consiste à répondre aux appels d’urgence reçus sur le 999. Le Call Taker enclenche le processus en inscrivant toutes les données. Puis le policier retrace la division concernée. « Le dispatcher informe un policier qui se trouve dans la région concernée, soit dans un rayon de 100 mètres », explique l’Officer-in-Charge Vijay Kumar Dawon. Les policiers doivent également informer le SAMU en cas d’accident. 

Dans le cas d’un délit de fuite, les policiers pourront retracer les images des caméras de surveillance concernées et ils n’auront qu’à insérer la plaque d’immatriculation du véhicule dans leur système. Ils recevront une alerte dès que le véhicule impliqué est repéré par une caméra intelligente. De leur centre de contrôle, ils informeront une unité spéciale qui ira interpeller le conducteur. 

Pour ce qui est des délits criminels, les policiers peuvent les détecter en temps réel. Le centre de contrôle informera l’unité concernée qui interpellera l’individu par la suite. Les images de vidéosurveillance peuvent être utilisées contre une personne devant un tribunal. 

 

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