C’est du jamais-vu dans les annales de la lutte contre le trafic de drogue à Maurice. Une citoyenne qui se précipite au poste de police pour apporter un sac contenant 400 g d’héroïne pure, d’une valeur marchande estimée à Rs 6,8 millions. Une initiative salutaire, selon un membre de l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu). « C’est la première fois que je suis témoin de ce genre de retour de drogue. Nous encourageons la population à dénoncer les trafiquants sans crainte », déclare cet enquêteur qui compte une trentaine d’années de service.
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C’est le samedi 22 janvier que les forces de l’ordre a eu cette agréable surprise. Sylvie*, une habitante de Grand-Gaube âgée de 57 ans, s’est présentée au poste de police de la localité, en compagnie de sa petite-fille de 14 ans, pour remettre le fameux sac. Un jeune homme de 18 ans, Jean Cédric Alexandre Simiss, avait demandé à l’adolescente, qui est la sœur de son ex-petite amie, de garder discrètement ce sac à son domicile. C’était sans compter sur la vigilance de la grand-mère.
Le suspect est derrière les barreaux depuis le week-end dernier. Présenté lundi devant le tribunal de Port-Louis, il fait l’objet d’une accusation provisoire de trafic de drogue. Dans les prochains jours, l’Adsu l’interrogera sur la provenance de cette importante quantité d’héroïne non coupée.
L’ex-petite amie de Jean Cédric Alexandre Simiss dit ignorer que le jeune homme était lié à des activités illicites. « Nous étions séparés depuis un an et sept mois mais nous étions restés amis. Je n’aurais jamais imaginé qu’il pouvait être impliqué dans un trafic de drogue », explique Maureen*, âgée de 19 ans. « C’est un garçon bien et travailleur qui adore rire et plaisanter. Jamais il ne manque de respect à quiconque. Il ne boit pas et ne fume pas », poursuit-elle.
Peur de représailles
Samedi dernier, la jeune femme a donc eu le choc de sa vie. « J’étais au travail quand ma sœur m’a téléphoné pour m’informer de l’incident. Elle m’a dit que mon ex était venu déposer un sac à la maison et que ma grand-mère avait fouillé ce sac, puis l’avait emmené à la station. » Aussitôt, Maureen se rend au poste de police de Grand-Gaube. C’est sur place qu’elle apprend que le sac en question contenait de la drogue. « Monn gagn extra sok », dit-elle. Plusieurs jours après, elle peine encore à réaliser. Selon elle, son ancien copain n’avait jamais déposé un colis suspect dans sa maison auparavant. « Je trouve ça très étrange. »
Cette affaire la tourmente jour et nuit : « Je suis très stressée. Je n’arrive plus à manger et dormir. Je me souviens de tous les bons moments passés avec lui et je me sens très triste. » Maureen n’en condamne pas moins cet acte. « Li pa ti bizin vinn kit sa kot mwa », estime-t-elle. Et la jeune femme approuve totalement la réaction de sa grand-mère.
Sylvie revient sur la chronologie des événements du samedi 22 janvier. « Ma petite-fille m’a prévenue que le garçon avait apporté un sac chez eux. Je suis allée à leur domicile et j’ai ouvert le sac. À l’intérieur, il y avait un paquet bien emballé qui paraissait bizarre », raconte la quinquagénaire. Elle a alors pris la décision d’aller voir la police, qui a découvert la drogue en ouvrant l’emballage. « J’ai failli m’évanouir quand les policiers m’ont dit que c’était de l’héroïne et qu’il y en avait pour des millions. Je n’avais vu d’héroïne avant », poursuit Sylvie.
En tant que grand-mère responsable, elle ne regrette le choix qu’elle a fait. « Mo satisfe ki monn al lapolis. Bondie osi inn fer mwa fer sa, parski ladrog pe touy zanfan dimoun, mosi mo ena ti zanfan », dit-elle. Néanmoins, Sylvie vit maintenant dans la crainte de représailles : « J’ai peur pour ma vie. J’en ai perdu le sommeil et l’appétit. »
* Prénoms fictifs
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