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Ryan Patrice Ferley réclame des dommages de Rs 2 M à l’État pour «faute lourde» 

Ryan Patrice Ferley, en compagnie de ses avocats Mes Alexandre Le Blanc et Adrien Duval.

Suite à une plainte pour viol, Ryan Patrice Ferley a été arrêté par la police. Il a été torturé à maintes reprises par les policiers et s’est évanoui à deux reprises après avoir reçu des coups de Taser. Depuis, il a tout perdu. Maintenant, il espère que justice lui sera rendue. 

Ryan Patrice Ferley, un résident d’Eau-Coulée, 21 ans, a été interpellé le 12 février 2024 par la police dans le cadre d’une plainte d’une habitante de Chemin-Grenier. Cette dernière a raconté aux enquêteurs qu’elle était tombée sur une offre d’emploi via Facebook. Par la suite, lorsqu’elle s’est rendue au rendez-vous, elle a été violée par un faux recruteur, au Morne. 

Dans sa mise en demeure, rédigé par Me Mahendranath Soobhug (avoué), il explique qu’avant l’incident, il était employé comme peintre pour un entrepreneur et touchait un salaire de Rs 12 000 tous les quinze jours. Il s’est ensuite lancé dans l’entreprenariat et a utilisé son compte Facebook, au nom d’Emily Ryan, pour publier des postes vacants à travers cette annonce : « Ou p rode travail ou pe rod dimoun pour travail, poste li ici ». Pour lui, il s'agissait d'une plateforme de recrutement spécialisée dans les postes de femmes de ménage et de cuisiniers.

Il s’évanouit après avoir reçu un coup de Taser

Puis, sa vie a basculé le 12 février 2024. Ce jour-là, Ryan Patrice Ferley est descendu d’un autobus, aux alentours de 10 heures, pour se rendre à l’hôtel Sofitel, à Flic-en-Flac. Alors qu’il était sur le trottoir près des toilettes publiques, il a été soudainement saisi par le cou par un groupe de trois hommes. Puis, on l’a poussé dans les toilettes où, dit-il, il a été giflé au visage et reçu des coups à la poitrine. Il était complètement déboussolé, car il ne comprenait pas ce qui se passait. À ce moment précis, ses agresseurs lui ont demandé : « Eski to conbe ki tone fer ? » et il a répondu par la négative.

Par la suite, il a été assommé par un coup de Taser, perdant connaissance. À son réveil, il se trouvait à l'intérieur d'une voiture, les mains menottées. Le véhicule s'est arrêté dans un champ de cannes à sucre, un endroit qu'il ne reconnaissait pas. Une fois de plus, les trois hommes lui ont posé la même question, et sa réponse est restée la même. Puis, on l’a poussé brutalement hors du véhicule et il a été une nouvelle fois roué de coups au dos. Un des hommes a même pointé une arme à feu en sa direction et a proféré des menaces de mort à son encontre. Puis, il a été électrocuté une deuxième fois avec un Taser, avant de s’évanouir à nouveau.

Lorsque Ryan Patrice Ferley est revenu à lui, il était assis dans le même véhicule qui s’est ensuite arrêté au poste de police de Rose-Hill. Ce n’est qu’à ce moment-là, qu’il a réalisé que ses agresseurs n’étaient autres que des policiers. Il a été conduit dans un bureau et placé de force sur une chaise, où en présence de cinq policiers, il a été tabassé par un autre officier qui a fait usage d’une matraque. Un autre lui a même lancé : « To pou cause to pa pour cause ? ». Il a répliqué : « Mo pa fin fer narien ».

Dans sa plainte, il a fait état des maltraitances qu’il a subies de la part des policiers. Il indique même avoir participé à une parade d’identification avec deux personnes qui ont été arrêtées pour viol. Ces dernières ont déclaré, lors de cet exercice, qu’ils ne le connaissaient pas. Par ailleurs, il a été obligé de donner accès aux policiers à son téléphone portable. Ryan Patrice Ferley soutient qu’il a nié son implication dans le cadre de ce viol dans sa déclaration.  

Par la suite, un haut gradé de la police lui a présenté des excuses et il a été autorisé à rentrer chez lui sans être inquiété. Le jeune homme dit qu’il s’est rendu chez sa sœur à Curepipe où il s’est évanoui. Il a été conduit d’urgence par le Service d'Aide Médicale Urgente (SAMU) pour des soins. Le 13 février 2024, il est entré chez lui contre l’avis médical.  

Sa vie est ruinée

Ryan Patrice Ferley dit qu’il a été traumatisé par les évènements et craint pour sa vie. Il a aussi confié qu’on a refusé de lui remettre un formulaire 58 par rapport à ses blessures. Le 14 février 2014, il a porté plainte auprès de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC). Le plaignant soutient qu’il a tout perdu : la maison qu’il louait, son emploi, sans oublier que sa réputation a été ternie. Étant le seul à subvenir aux besoins de sa famille, sa situation est d’autant encore plus délicate, car sa compagne est actuellement enceinte.

Il considère que son arrestation et sa détention étaient arbitraires. Il évoque que les policiers qui l’ont agressé ont fait usage de leur pouvoir en le torturant, tout en obligeant à avouer un délit qu’il n’a pas commis. Dans sa mise en demeure, le jeune homme a également mentionné avoir subi un préjudice considérable et avoir été privé de ses droits constitutionnels, et réclame à l’État des dommages de Rs 2 millions pour faute lourde. Le Commissaire de police est cité entant que défendeur dans cette joute juridique.

Dans cette affaire, Ryan Patrice Ferley a retenu les services de Me Alexandre Le Blanc et Adrien Duval.

 

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