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Ruisseau du Pouce : la mairie de Port-Louis refroidie, les marchands se rebiffent

L’affaire du relogement des marchands du Ruisseau du Pouce sera examinée en Cour suprême le 17 juin prochain.

C’est un mano à mano persistant entre la mairie de Port-Louis et les marchands installés au Ruisseau du Pouce. Malgré les annonces de démolition répétées, la municipalité peine toujours à les déloger.

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Le statu quo persiste. Les marchands établis au Ruisseau du Pouce sur l’initiative de la mairie pour résoudre le problème des vendeurs de rue refusent catégoriquement de partir. Et cela, malgré les recommandations du Fact-Finding Committee mis en place en 2008 et présidé par l’ancien juge Bhushan Domah, préconisant la destruction des structures érigées sur le Ruisseau du Pouce, identifiées comme l’une des causes des inondations dans la capitale en mars de la même année.

Seize ans plus tard, nous en sommes toujours au point de départ, avec seulement quelques marchands ayant déménagé au Victoria Urban Terminal (VUT), tandis que plusieurs autres refusent catégoriquement de partir, malgré les pressions exercées par la mairie de Port-Louis et les divers moratoires annoncés avant la démolition des structures. Le dernier en date remonte au 29 février dernier. 

Suite à une mise en demeure servie au commissaire de police et à la municipalité de Port-Louis, cette dernière a été contrainte de céder et d’accorder un nouveau délai aux marchands, qui estiment que la décision de les reloger au VUT est arbitraire. L’affaire sera examinée sur le fond devant la Cour suprême le 17 juin 2024.

« Nous sommes en attente. Les marchands ont engagé une action en justice et ont délivré une mise en demeure à la mairie », explique le Lord-maire Mamode Isoop Nujurally. Un comité s’est réuni le vendredi 1er mars et la municipalité a choisi de ne rien faire pour le moment, précisant qu’une décision serait prise par la suite. « Après la tenue de ce comité, nous réfléchissons à la suite à donner à cette affaire », indique le Lord-maire. 

Quant aux constructions du restaurant KFC et aux parkings d’Air Mauritius et de Rogers, il explique que cela sera examiné ultérieurement, soulignant que tout est lié. « Ces installations représentent un danger public en cas de fortes pluies, comme nous l’avons déjà constaté », ajoute-t-il.

La résistance

Cependant, l’affaire des marchands du Ruisseau du Pouce demeure la priorité de la municipalité, puisqu’elle est à l’origine de la construction des structures pour accueillir les vendeurs de rue et mettre fin à l’anarchie qu’ils provoquaient dans les différentes artères du centre-ville. « La mairie est propriétaire des lieux. Pour préserver la vie de la population, nous avons opté pour la démolition des structures afin de prévenir d’autres inondations éventuelles. C’est pourquoi nous avons demandé aux marchands d’évacuer les lieux et de s’installer au VUT », poursuit Mamode Isoop Nujurally. 

Cela fait longtemps qu’ils auraient dû partir, mais des mesures strictes n’ont pas été prises à leur égard pour les inciter à quitter les lieux, selon lui. « Malgré les inondations causées par le passage du cyclone Belal et les dégâts qui en ont résulté, les marchands résistent », déplore le Lord-maire. 
Il considère qu’il serait possible de les déloger, mais la mairie doit actuellement se retenir en raison de la mise en demeure qui a été déposée contre elle. Il affirme que la mairie ne fera pas marche arrière.

Éviter des drames 

Mamode Isoop Nujurally estime qu’il n’est pas nécessaire d’engager des pourparlers avec les marchands, étant donné que la mairie a des recommandations d’un rapport à mettre en œuvre et un travail à accomplir. « Les procédures de démolition ont été suspendues, mais cela ne signifie pas que nous les avons abandonnées, car il y va du bien-être de la population et de la prévention des problèmes que nous avons déjà connus », souligne-t-il. Pour lui, la mairie a le devoir de prendre des précautions pour éviter d’éventuelles pertes de vies humaines en cas d’inondations lors des prochaines fortes pluies.

Il explique également que le ministère des Collectivités locales et celui du Logement ont aussi des décisions à prendre concernant l’entreprise KFC et le parking d’Air Mauritius et de Rogers. « Ils ont également un rôle à jouer. bien que nous bénéficions du soutien du gouvernement central, nous ne comprenons pas pourquoi il y a ce retard dans l’exécution des démolitions », ajoute-t-il.

Le dossier du délogement des marchands du Ruisseau du Pouce semble être une épine aussi bien dans le pied de la mairie de Port-Louis que dans celui du gouvernement. Lors de l’ouverture du VUT, un groupe de marchands a accepté d’être relogés, mais certains ont rapidement déchanté, en constatant que leurs affaires ne fonctionnaient pas aussi bien qu’au Ruisseau du Pouce ou dans la rue. C’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup ont refusé de quitter les lieux. Déjà en 2002, certains avaient affirmé qu’ils ne bénéficieraient pas de la même visibilité. À leurs yeux, la mairie de Port-Louis les a installés à cet endroit, et elle ne peut décider de manière arbitraire de les déloger.

 

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