- Le lord-maire, Mamode Issop Nujuraully, n’est pas au courant de la décision de la municipalité
Jeudi, la trentaine de marchands dont les emplacements commerciaux se trouvent sur le Ruisseau du Pouce, à côté du Jardin de la Compagnie, à Port-Louis, ont appris qu’ils doivent évacuer les lieux au plus vite car les structures seront démolies lundi le 12 février par la mairie de Port-Louis, propriétaire des lieux.
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Mais la résistance se forme déjà. Parmi ceux-ci, le Lord-maire de Port-Louis lui-même estime qu’il faudrait leur laisser davantage de temps pour quitter l’endroit. « Je viens moi-même d’apprendre que des affiches ont été placardées par la municipalité disant que les marchands doivent partir. Je suis en train de négocier pour repousser cette date. Je souhaite leur laisser un mois, voire un mois et demi. Une décision sera prise demain (Ndlr vendredi) », déclare Mamode Issop Nujuraully.
Si le Lord-maire n’était pas au courant, d’où est sortie la décision ? « La décision a été prise par le comité de la santé publique et des travaux, car il y a un problème d’inondations. Pour démolir, il faut démolir, mais il faut quand même laisser le temps aux marchands pour partir », tranche Mamode Issop Nujuraully. Ce dernier affirme qu’il y a des places disponibles pour ces marchands au Victoria Urban Terminal.
« La structure qui recouvre le Ruisseau du Pouce doit être démolie, car elle contribue aux inondations que nous voyons lorsqu’il y a de fortes pluies, comme le 15 janvier dernier lors du passage du cyclone Belal. Le sort de Port-Louis en dépend, car avec le changement climatique, il y aura encore des fortes pluies. Je vais recevoir des représentants des marchands vendredi pour leur expliquer la situation », dit-il.
Du côté des marchands, l’on est loin de partager cet avis. « Nous ne sommes pas d’accord pour bouger. Nous avons intenté une action en justice avec une injonction. Cette injonction est tombée l’année dernière, mais nous avons fait appel et cet appel sera examiné en juin 2024. Nous ne comprenons plus ce qui est plus important, une décision municipale ou une décision de la Cour », demande l’un d’eux.
Celui-ci fait ressortir que la façon de procéder doit être dénoncée. « Des inspecteurs de la municipalité sont venus accompagnés de policiers pour coller ces affiches disant que nous devons vider les lieux d’ici le 12 février. Ils auraient dû nous informer un ou deux mois à l’avance et là aussi, pas par une affiche. C’est une façon d’intimidation comme nous l’avons déjà vu dans le passé. »
Démolition recommandée en 2008 par le Fact-finding Committee Domah
La démolition de cette structure figurait déjà dans le rapport du Fact-finding committee remis en 2008, suite aux inondations meurtrières qui eurent lieu cette année-là, par l’ex-juge Bhushan Domah. Ce rapport préconisait aussi la démolition du parking d’Air Mauritius et de Rogers, qui se trouvent aussi sur le Ruisseau du Pouce, ainsi que du KFC de La Chaussée, qui a été construit sur un autre ruisseau. « On va aussi devoir décider sur ces cas-là, mais ça c’est en Cour. On va voir où l’affaire en est arrivée », dit le Lord-maire.
Ce dernier reconnaît que les marchands ambulants ont aussi intenté une action en justice pour contester la démolition de la structure sur laquelle ils font leurs commerces depuis 2011. « La différence est que celle-ci nous appartient. C’est la mairie de Port-Louis qui l’a construite. Comme nous sommes le propriétaire et que cela constitue un danger public, nous sommes en droit de la détruire », dit Mamode Issop Nujuraully.
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