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À rue du Vieux Conseil : menace sur le gagne-pain d’une centaine d’entrepreneures

rue du Vieux Conseil Quelques unes des femmes entrepreneurs. Mme Wong est à l’extrême-droite.

À partir du 1er août, la mairie a demandé à quelque cent femmes entrepreneures de déserter pour toujours la rue du Vieux Conseil à Port-Louis où elles exposent et vendent leurs produits. La raison: des travaux de rénovation du Café du Vieux Conseil qui rouvrira ses portes après des années de fermeture.

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Ces femmes entrepreneures, dont certaines travaillent sur les lieux depuis plus de dix ans, sont accablées depuis qu’elles ont appris la nouvelle. Elles devront vider les lieux sans être relogées ailleurs. « Les produits que nous exposons à la rue du Vieux Conseil sont notre gagne-pain. Nous sommes là depuis une décennie. Maintenant, on nous demande de partir. Pour aller où ? On ne nous a pas proposé une alternative, on n’a pris aucune initiative pour nous reloger. Nous sommes toutes des mères de famille qui contribuent aux dépenses de nos foyers respectifs. Beaucoup d’entre nous avons encore des enfants à notre charge », explique Francesska Wong, porte-parole du groupe des femmes.

La centaine de femmes est regroupée au sein de quatre associations, dont Tourte Cooperative Women Entrepreneur et Mère Teresa, des associations basées à Sainte-Croix, Port-Louis. Les femmes entrepreneures viennent de différents endroits de l’île. « Chacune d’entre nous a contracté un emprunt de Rs 100 000 pour pouvoir relancer nos entreprises. On nous avait encouragées à le faire. Si nous n’avons plus d’endroit pour exposer nos produits, qu’allons-nous faire ? » se demande Francesska Wong. Sa déclaration est reprise à l’unisson par les autres femmes entrepreneures.

Tout perdu dans un vol

Francesska Wong ajoute que, comme les autres métiers, elle et ses camarades ont fait beaucoup de sacrifices pour pouvoir tenir sur leurs pieds et ne pas compter uniquement sur leur mari. « Moi, je confectionne des gâteaux. Je me lève tous les jours vers 2h30 du matin pour les préparatifs. J’arrive ici à 7h30 de même que les autres. Beau temps, mauvais temps, nous sommes là ! » Parmi les produits exposés : des vêtements (pantalons, t-shirts qui portent les propres designs des femmes entrepreneures), des chaussures, des bijoux créatifs, des coussins, draps, achards, piments, massala et autres.

Tous les jours, ce sont ces femmes qui déballent et emballent elles-mêmes leurs produits. À la fin de la journée, vers 15h30, elles les gardaient, à un certain moment, dans la cour du Café du Vieux Conseil. Il y a un an et demi, on leur a volé toutes leurs marchandises résultant en une perte de leurs investissements. « Personnellement, j’ai perdu près de Rs 60 000 et d’autres, Rs 100 000, confie Francesska Wong. Les voleurs ont bien été identifiés grâce à la présence des caméras mais il n’y a pas eu de suite. Nous n’avons rien récupéré et nous avons dû recommencer à zéro. » À la suite de ce vol, la municipalité a eu une réunion avec les femmes entrepreneures. C’est suite à cela qu’elles ont été encouragées à contracter un emprunt avec la banque pour se relancer.


La mairie de Port-Louis se montre intransigeante

Mahfooz Moussa Cadersaib (lord-naire), une centaine de femmes entrepreneures va être délocalisée de la rue du Vieux Conseil et on n’a rien prévu pour les reloger. Ces femmes comptent sur les produits qu’elles exposent sur ce site pour gagner leur vie. Elles vont se retrouver au chômage. Est-il vrai qu’elles ne seront pas relogées ailleurs ?
Non. Elles avaient été logées temporairement et cela intervient dans la continuité de l’idée de l’ordre qu’on veut instaurer dans la capitale. Elles ne pourront pas continuellement occuper cet espace. Après tout, elles se sont installées devant ou presque à l’entrée du Café du Vieux Conseil. Cet établissement va être rénovéet et il faut qu’elles partent maintenant. 

Pourront-elles revenir sur place après la rénovation ?
Non, je ne crois pas que le propriétaire du café sera intéressé à voir du monde installé devant son entrée. Ces dames devront chercher ailleurs. Ces femmes entrepreneures sont soutenues par l’instance derrière les Petites et moyennes entreprises. Elles devront se tourner vers cette autorité pour trouver une solution à leur épineux problème.


Rencontre avec quelques entrepreneures

Francesska Wong, 39 ans, de Sainte-Croix. Elle est mariée et mère d’une fille de 18 ans qui étudie encore. « Je travaille au jour le jour. Sans la recette de la journée, impossible de survivre », dit-elle. Elle précise qu’elle travaille tous les jours depuis neuf ans.

Rozetta Lascie, 47 ans, de Sainte-Croix. Mariée et mère de trois enfants. Deux sont toujours sous sa responsabilité.

Marie Lorine Mardiapoullé,  50 ans, de Sainte-Croix. Mariée et mère de trois filles de 26, 18 et 15 ans, qui étudient encore. Elle vend des chaussures pour dames sur le site depuis une décennie. 

Bibi FareedaVarsally, 62 ans, de Sodnac. Mariée et mère de deux filles de 30 et 27 ans. Elle vend des vêtements sur les lieux depuis huit ans. 
Marie-Jacqueline Sonia Moura, 55 ans, d’Albion. Mariée et mère de deux enfants de 30 et 27 ans.

Sheila Tanner, 49 ans, de Saint-Pierre. Mariée et mère d’une fille et d’un garçon âgés respectivement de 27 et 23 ans. Son fils est encore sous sa charge.

Jessie Legoff, 42 ans, de Camp-Levieux. Célibataire, elle paie un loyer Rs 5 000. Si elle ne travaille plus, elle va vite se retrouver dans une situation très délicate.

 

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