Interview

Rudy Tannoo: «Il faut identifier des secteurs porteurs pour les PME»

Rudy Tannoo
Si nombre de PME sont vouées à l’échec c’est parce qu’elles opèrent dans des secteurs déjà saturés, observe Rudy Tannoo, ancien membre du Board de la SMEDA et ex-président de l’Arts and Craft Manufacturers Association of Mauritius. Le plan directeur pour promouvoir les PME sera finalisé cette semaine. En tant qu’entrepreneur, quelles sont vos attentes ? Il faudra booster la production locale. Il faut pour cela revoir la Small and Medium Enterprises Development (SMEDA) Act afin d’y apporter des garde-fous. Il faut également accorder des incitations aux potentiels entrepreneurs, surtout à ceux qui se lanceront dans la production. Ce sont ces types d’entrepreneurs qui sont amènes de créer plus d’emplois. Il faudrait aussi aider et accompagner les PME, qui existent depuis plusieurs années, mais qui patinent, et n’arrivent pas à se lancer dans l’exportation. Il faut voir si elles font leurs preuves sur le marché local à travers leur participation dans des foires régionales ou nationales. Si tel est le cas, il faudra leur donner des facilités afin qu’elles s’équipent, en termes de machines et de technologies. Le ministre Sunil Bholah a annoncé que les entreprises dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas les Rs 2 millions annuellement seront éligibles pour obtenir un prêt auprès de la MauBank à un taux préférentiel à 3,4 %. Comment accueillez-vous cette décision ? Nous saluons d’abord le fait qu’il  y a cette catégorisation des PME. Nous pouvons aussi applaudir l’initiative d’accorder aux PME des prêts à un taux de seulement 3,4 %. Toutefois, il faut s’assurer que les prêts accordés sont vraiment utilisés à bon escient et accordés qu’à ceux qui sont dans la production. Sinon, on encourt le risque d’avoir plus d’importateurs et de marchands ambulants sur le marché. Cette mesure viendra-t-elle alléger l’éternel problème de financement auquel les PME font face, selon vous ? En partie seulement ! Le financement restera toujours un problème car tout entrepreneur qui se lance à besoin d’argent. C’est aussi indispensable que l’air qu’on respire. Toutefois, il faut s’assurer que l’entrepreneur qui souhaite obtenir un prêt a un projet qui tient la route avant de le financer. On risque sinon de financer des gens qui, après quelque temps, mettront la clef sous le paillasson. [blockquote]«Nous pratiquons une culture de copier-coller à Maurice.»[/blockquote] Vous n’êtes pas satisfait avec la mise en place de MyBiz, le ‘One-Stop-Shop’ pour les PME. Pourquoi ? Nous ne sommes pas en train d’inventer la roue avec MyBiz. On n’a fait que mettre une plaque Mercedes ou BMW sur un Minor qui a fait son temps. Ceux qui sont dans le métier comprendront ce que je veux dire. Sur dix entreprises qui sont créées, sept d’entre elles n’arrivent pas à survivre, affirme le ministre Sunil Bholah. D’où vient le problème ? C’est également le cas dans d’autres pays. La principale raison pourquoi ces entreprises n’arrivent pas à décoller c’est parce qu’elles entrent dans des secteurs où le marché est déjà saturé. Nous pratiquons une culture de copier-coller à Maurice. Il faudrait que les autorités viennent de l’avant avec une liste des activités et des secteurs émergents et innovants où les potentiels entrepreneurs puissent se lancer. Il y a aussi un manque d’incubateurs et de SME Parks dans le pays. Ce qui ne permet pas à ceux qui ont démarré leur business chez eux de croître leurs activités. Par ailleurs, plusieurs PME font du surplace parce que, bien souvent, il n’y a pas ‘the right person at the right place’ dans les institutions qui sont censées promouvoir le secteur. 2016 sera-t-elle une meilleure année pour le secteur des PME ? Tout est une question de ‘mindset’. Les PME doivent toujours travailler en gardant en tête qu’il y aura toujours des défis à l’avenir. Une PME qui s’attend à ce que le gouvernement lui donne tout sur un plateau doré n’est pas un vrai entrepreneur. D’un autre côté, un gouvernement qui n’agit pas comme un facilitateur pour l’entrepreneur met en péril les PME. Les entrepreneurs doivent apprendre à devenir leurs propres patrons et travailler pour que leurs activités soient rentables chaque année.
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