Rouhangeze Baichoo n’est pas née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Toutefois, loin de se contenter de ce que la scène musicale mauricienne avait à lui offrir, la jeune Rodriguaise a bravé les intempéries pour se faire une place sur la scène musicale européenne.
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« Mon objectif final est de pouvoir être un jour une inspiration pour les femmes et les enfants mauriciens qui pensent qu’on ne peut pas réaliser ses rêves. Il faut pouvoir rêver grand ! Et je suis cette fille des îles qui l’a fait et s’est battue contre vents et marées pour vivre de sa passion. Et demain, je veux être cette femme « Who made it », explique Rouhangeze Baichoo, qui a élu domicile à Londres il y a 9 ans.
Et on peut dire qu’elle est sur la bonne voie. Avec sa voix soul et suave, la chanteuse, compositrice et productrice, d’origine rodriguaise fait parler d’elle sur la scène musicale internationale. Paris, Suisse, Pologne, Allemagne… Rouhangeze parcourt l’Europe en compagnie de son acolyte Tomasz Bura & The Scientists pour des concerts. Elle s’attaque à de grands noms de la chanson, tels qu’Édith Piaf, en reprenant chaque élément en les polissant autour d’un groove émouvant et fascinant. Rouhangeze interprète aussi ses propres compositions et compte de nombreux fans.
Cette musicienne, qui veut tout embrasser et bouillonne de talents, s’est bâtie une notoriété telle, qu’elle est l’égérie des workstations Cubase de Steinberg et, tout récemment, du dernier programme d’interface audio produit avec la collaboration de Yamaha et de la marque Rupert Neve. « Je viens d’une famille de la classe ouvrière, mais mon père m’a permis de rêver grand. Ma famille m’a aussi encouragée à persévérer dans cette voie. Certains pensent que la pauvreté est une barrière pour accomplir de belles choses et réussir dans la vie. Ce n’est pas vrai ! Je suis fière de mon parcours qui n’a pas été de tout repos », confie Rouhangeze, 30 ans.
Née à Rodrigues, c’est à l’âge d’un an et demi que ses parents, Hemsingh et Marie-Thérèse Baichoo, décident de s’installer à Maurice, plus précisément à Grand-Gaube où la jeune Rouhangeze grandit. Ses parents, étant des amateurs de musique, celle-ci faisait partie de son quotidien. En fait, Rouhangeze a découvert la musique avant même de voir le jour. « Ma rencontre avec la musique date d’avant même ma naissance. Ma mère me faisait écouter la musique quand elle était enceinte de moi. Aussi, mon père écoutait beaucoup la musique, de tous les univers », raconte Rouhangeze. La musique pour cette dernière était une évidence et elle ne se fera pas prier pour monter sur scène. Elle avait alors 5 ans.
« Mes parents sont des membres de la communauté baha'ie. Un jour, lors d’un concert de charité, j’ai interprété ma première chanson sur scène », se souvient Rouhangeze. À l’école primaire, la musique bouillonne dans ses veines. Son maître d’école, Jacques Lafitte, grand passionné de la culture, qui sera d’ailleurs son premier mentor, la repère. « Il m’a appris la présence scénique, le chant et la façon d’exprimer les mots.»
À 11 ans, elle remporte sa première distinction lors d’un concours organisé par le Conservatoire de Musique François Mitterrand, alors qu’elle n’était même pas une élève de cette institution. Cette consécration de l’autodidacte sera le début de plusieurs autres.
Pendant sa scolarité, elle collabore avec Shailend Hurry and Nabil Capillaire pour la création d’un label « Passion Records, Mauritius ». Suivront alors plusieurs collaborations avec Zanzak Arjoon pour l’album Candlelight National Aids Campaign. Puis, elle a été choriste pour l’album No Problem de Christophe Rey et Vincent Brasse de Crossbreed Supersoul pour l'album Naïades Resorts produit par Richard Hein.
À l’âge de 16 ans, elle commence à écrire des chansons et à mettre en place des arrangements musicaux avec le chanteur-compositeur Pipo Nairac pour sa trilogie de ballades folk créoles : Nostalgies des Îles, Nostalgies Créoles et Nostalgies des Îles 2. Elle participe au concours de chant « Rêve De Star » et se classe à la 3e place. La jeune fille produit et sort son premier album solo, Alfa sur son label Mazarine Blue et a fait un concert avec la collaboration de Jocelyn Armandine, Steeve Desvaux, Patrick Desvaux, Yannick et Thibault de Robillard, Jim Bachun, Christophe Bertin et Matthew Addison. La jeune chanteuse est acclamée par le public. C’est la consécration !
« Partir à l’étranger me permettait de faire face à de nouveaux défis et de grandir musicalement. J’avais un choix à faire entre Shanghai, Paris et Angleterre. Mon choix s’est porté sur Londres, car je connaissais des producteurs au pays de Sa Majesté », raconte Rouhangeze.
À son arrivée au Royaume-Uni, elle travaille sur des remixes expérimentaux de divers morceaux de l'album "Alfa" avec des collaborateurs étrangers. S’ensuivent des tournées et des spectacles en Angleterre. Rouhangeze a collaboré avec le groupe norvégien Tchécoslovaquie, sur la chanson "Plus Fort Que Nous". Elle s'est lancée dans un projet d'enregistrement en 2012 en tant que chanteuse et compositrice avec son partenaire musical Mike Collins et a collaboré sur la chanson "Call Me Jazzy" en 2013 avec le bassiste Winston Blissett et le guitariste David Morris.
Elle a composé la musique pour le film français 'Alone' réalisé par Fabien L. Morgan sorti en octobre 2012. Entre l'écriture et l’interprétation, Rouhangeze a fait des études en musique pour élargir ses connaissances, ce qui l'a amenée à devenir artiste manager et agent du groupe britannique "Eric Appapoulay & Synergee" dans les genres Reggae et Seggae en Angleterre.
« Au début, ce n’était pas facile. Pour percer dans le métier, j’avais besoin de découvrir qui j’étais. Il fallait que je me définisse, surtout dans un monde où les hommes vous jugent très vite. Il fallait être forte et se battre pour me faire respecter. ‘It's a man’s world’ et pour arriver là où j’en suis, il m’a fallu beaucoup de discipline, de dévouement et surtout un travail acharné. »,
Comme projet, Rouhangeze prépare un album en hommage à Maurice et qui sera lancé bientôt. Le line-up comprend des noms connus, tels que le Mauricien Linley Marthe, Menwar, ainsi que des artistes de la scène internationale. Parmi ces derniers, on retrouve Antonio Forcione, Tomasz Bura, Eric Appapoulay, Aref Durvesh, Mark Mondesir et Kersley Sham.
« Être loin de l’île Maurice, cela m’a ramené à mes racines. Je travaille actuellement sur un album qui est une fusion de mes racines, démontrant ainsi notre culture riche et diversifiée. À travers cet album, avec des opus en créole, je veux montrer aux Européens d’où je viens. D’ailleurs, j’ai présenté quelques morceaux au public anglais et ils étaient enchantés, même s’ils ne comprenaient pas les lyriques », précise Rouhangeze.
Pour mener à bien ce projet, intitulé « 686 », Rouhangeze s’est éloignée de Maurice pendant quelque temps.
« Cela fait plusieurs années que je ne viens pas à Maurice. Quand j’avais le temps, je n’avais pas l’argent et vice-versa. Avec la préparation de mon nouvel album, il faut que je sois loin de mon pays dans un état nostalgique pour pouvoir écrire sur mon île. J’ai hâte de finir l’album pour pouvoir venir à Maurice et retrouver ma famille qui me manque énormément », conclut Rouhangeze.
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