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Roshi Bhadain : «Une alliance de toute l’opposition extraparlementaire serait ingérable»

Le leader du Reform Party exclut toute nouvelle alliance avec le PTr-MMM-PMSD. En revanche, il reste en faveur d’une alliance avec Linion Pep Morisien. Selon lui, la grande majorité des Mauriciens est prête à rejeter Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam pour choisir une toute nouvelle équipe. Il est convaincu que les réflexes d’antan ne seront plus les mêmes.

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Votre parti, le Reform Party, et votre partenaire En Avant Moris sont en négociations avec Linion Pep Morisien (LPM) en ce moment. Comment se passent ces pourparlers ?
Nous avons rencontré Rama Valayden. Nous avons discuté en toute franchise et transparence. La position du Reform Party et de notre allié, En Avant Moris, a été clairement expliquée. Nous poursuivrons les pourparlers la semaine prochaine.

Pourquoi pensez-vous qu’il faudrait une alliance entre vous et LPM ?
Pour mieux affronter nos adversaires. Le vœu d’une grande majorité de la population c’est : « Ni Navin, Ni Pravind ! ». 

LPM est pour sa part déjà en alliance avec le Rassemblement Mauricien de Nando Bodha. Ce dernier est-il lui aussi concerné par les négociations ?
Il n’était pas présent lundi. Notre interlocuteur était principalement Rama Valayden, à qui nous avons exposé notre vision pour une nouvelle île Maurice. 

Il ne peut y avoir autant de mois durant lesquels le Parlement ne fonctionne pas»

Est-ce que cela veut dire que Nando Bodha ne sera pas de la partie ? 
Je n’ai pas dit cela, mais par respect pour tout le monde, je voudrais bien que nous terminions la réunion de la semaine prochaine. Je serais alors en position d’en dire plus.

Vendredi dernier, lors de votre intervention sur Radio Plus, vous aviez présenté l’idée d’être candidat au poste de Premier ministre pour cinq ans, avec Rama Valayden au ministère de l’Intérieur et Nando Bodha en tant que président de la République. Cette proposition demeure-t-elle d’actualité après votre rencontre avec les dirigeants de LPM lundi dernier ?
Au sein du Reform Party et d’En Avant Moris, nous partageons une vision et une position communes. Les discussions avec LPM de Rama Valayden vont bon train et nous serons fixés prochainement. Comme je vous l’ai dit, par respect, je préfère ne pas en dire plus. 

Beaucoup a été dit ces derniers temps sur votre relation avec Nando Bodha, qui souhaite aussi être candidat au poste de Premier ministre. Comment qualifieriez-vous vos relations ?
J’ai toujours été franc et transparent avec Nando Bodha. Il n’y a pas vraiment de problème entre nous.

LPM milite pour une grande alliance des partis extraparlementaires. Êtes-vous aussi d’avis qu’il faut que toutes les factions de l’opposition extraparlementaire se rassemblent ? 
Malheureusement non ! Ce ne serait pas gérable. Il faut une équipe robuste, mais avec une énergie positive et durable, pour prendre des décisions, appliquer nos 80 réformes, sortir le pays du gouffre et créer cette nouvelle île Maurice où il fait bon vivre pour tout un chacun.

Certains, au niveau de l’opposition parlementaire, soutiennent qu’aux élections générales, les partis extraparlementaires pourraient diviser les votes de l’opposition et ainsi permettre au gouvernement du jour de se maintenir au pouvoir. Que leur répondez-vous ?
En d’autres mots, on nous demande de ne pas participer aux prochaines élections pour laisser le champ libre à Ramgoolam pour remplacer Jugnauth encore une fois ! Ce n’est pas trop démocratique, tout cela. Ils vont devoir trouver mieux que ça ! Je note également que l’opposition parlementaire est dirigée par un extraparlementaire ! 

Mais si vous me demandez mon opinion, je trouve que les vieux partis politiques, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, vont diviser leurs votes entre eux-mêmes pour nous permettre de gagner. Et c’est cette nouvelle équipe qui changera le pays. Si quelqu’un vote pour nous, cela veut dire que cette personne ne veut plus voter pour les partis traditionnels, et a envie de changer ce système qui n’a que trop duré.

Les discussions avec LPM de Rama Valayden vont bon train et nous serons fixés prochainement»

Est-ce que vous excluez totalement de remonter à bord d’une alliance avec le PTr-MMM-PMSD ?
Nos 80 réformes sont prioritaires et nécessaires pour changer ce système archaïque. Ils se sont moqués de nous, parce que nous voulons réduire les salaires du Premier ministre, des ministres et les allocations des députés, ainsi que revoir les pensions à vie exorbitantes des élus. En réalité, ils ne veulent pas d’un « vrai changement » comme ils le prétendent, mais plutôt d’un « vieux changement ». Le peuple n’est pas dupe, il faut qu’ils partent afin que le système puisse changer et que le pays puisse respirer.

Vous proposez un programme de 80 points pour réformer de fond en comble le système. Est-ce que les Mauriciens, qui traditionnellement votent pour les mêmes partis et dirigeants depuis l’Indépendance, sont près pour cela ?
Si on veut d’une bouffée d’air frais, oui ! En réalité, nous a besoin que seulement 4 Mauriciens sur 10 votent pour nos candidats pour gagner. Notre constat sur le terrain est que la grande majorité des Mauriciens ne veulent plus des anciens et de ce système actuel qui a perduré depuis 55 ans.

Mais entre le désir actuel des Mauriciens que vous rencontrez et ce qu’ils vont exprimer dans les urnes, il y a un pas. Au dernier moment, les vieux réflexes peuvent revenir…
Après ce qu’il s’est passé ces derniers quatre ans, les réflexes d’antan ne seront plus les mêmes. Chaque jeune et chaque parent veut une assurance pour son avenir. Les grands-parents aussi ont réalisé que même si vous donnez de l’argent comme Jugnauth l’a fait, c’est la valeur de l’argent qui compte, et eux aussi ils veulent que leurs enfants et leurs petits-enfants réussissent dans la vie. 

En d’autres mots, « la fumée inn fini sorti dan lizie » et le jour du scrutin, les gens vont décider sur la base d’un meilleur avenir et non pas en fonction d’un passé nostalgique.

En cas d’alliance, il faut faire des compromis. Lesquelles de vos mesures ne peuvent faire l’objet de compromis ?
Nous avons proposé 80 réformes, qui incluent plus de 300 mesures ! Les 80 réformes sont absolument primordiales pour une nouvelle île Maurice et notre génération future. En ce qui concerne les mesures, nous pouvons faire certains compromis, mais sans toutefois compromettre une réforme spécifique et nécessaire.

Nous avons besoin que seulement 4 Mauriciens sur 10 votent pour nos candidats pour gagner»

Parmi les mesures phares, vous proposez deux séances parlementaires par semaine pendant 10 mois par an. Les ministres auront-ils encore le temps de travailler sur l’avancement des dossiers et projets ?
Il y a trop de congés, alors qu’ils sont payés par les contribuables. Il ne peut y avoir autant de mois durant lesquels le Parlement ne fonctionne pas. Je propose un jour par semaine pour les questions ; c’est important que le gouvernement réponde à toutes les questions de l’opposition de façon satisfaisante, parce que le peuple veut des réponses aux interrogations et pour une question de transparence. Comme à la House of Commons en Angleterre, les ministres qui devront répondre auront à être présents, et ceux qui ne sont pas concernés n’auront pas à être là. 

De plus, un autre jour doit être dédié à l’examen et au vote des lois, afin de mettre en place ces 80 réformes et d’en débattre au Parlement.

Il faudra donc amender les Standing Orders pour qu’un ministre réponde obligatoirement aux questions, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ?
Oui. Cette mesure figure dans nos propositions. Après les abus au Parlement que nous avons tous pu constater, et qui ont causé un dysfonctionnement au sein de notre temple de la démocratie, il faut amender les Standing Orders pour qu’un ministre réponde obligatoirement à une question, que ce soit verbalement ou par écrit, dans un délai d’un mois. La population doit avoir des réponses. 

L’autre changement que nous proposons, c’est que le Speaker soit apolitique. Cela peut être, par exemple, un ex-juge ou un ex-haut fonctionnaire ou un ex-président, mais il ne peut en aucun cas être membre d’un parti politique quelconque.

Il est beaucoup question, ces temps-ci, du mode de nomination aux postes clés et de la nécessité de dépolitiser ces choix. Quelle est votre proposition à ce sujet ?
Nous proposons un Appointments Committee. Le PTR-MMM-PMSD parle de comité parlementaire, et nous, d’un comité apolitique présidé par le président de la République, conformément à ses pouvoirs en vertu de l’article 28 de notre Constitution, et non pas par des politiciens qui sont chargés de la gestion des affaires de l’État. 

Ce comité d’experts sera composé de personnes hautement qualifiées, qui seront habilitées à choisir de manière impartiale la personne la mieux appropriée pour le poste concerné. Les auditions se feront en public. Un comité parlementaire ne change rien, car des politiciens auront toujours le dernier mot. 

Nous voulons enlever tout le processus d’entre les mains des politiciens et du Premier ministre, qui, selon moi, a trop de pouvoirs.

Vous pensez à quels postes ?
Je pense, entre autres, au commissaire de police, au directeur de la Banque centrale, au directeur général de l’Independent Broadcasting Authority (IBA), à celui de l’Information & Communications Technologies Authority (ICTA), au directeur général de l’Independent Commission against Corruption et au commissaire de la Financial Crime Commission qui sera mise sur pied, et surtout au directeur général de la Mauritius Broadcasting Corporation. Tous ces pouvoirs de nomination ne seront plus entre les mains d’un Premier ministre, mais entre celles d’un comité indépendant présidé par le chef de l’État. 

La notion de transparence figure à plusieurs reprises dans votre programme. Jusqu’où doit aller cette transparence ?
Jusqu’au bout ! Lisez les 80 réformes que nous avons proposées, et qui peuvent être consultées sur la page Facebook du Reform Party ou sur Internet, et vous comprendrez exactement comment cette nouvelle île Maurice sera beaucoup plus transparente qu’elle ne l’est aujourd’hui. Plus transparente, mais aussi avec plus d’« accountability » envers le peuple et les journalistes, qui seront beaucoup plus informés grâce à un système où rien n’est caché, comme en Suède, au Danemark ou encore en Finlande. Bizin aret sa system kasiet la parce que les politiciens sont élus pour servir le peuple et non eux-mêmes.

Vous mentionnez aussi une réforme électorale. Pensez-vous qu’il faut revoir les frontières électorales des circonscriptions et insuffler une dose de proportionnelle, ainsi que changer le nombre de députés ?
Il faut conserver le first-past-the-post avec une dose de proportionnelle, mais il est également important de revoir les délimitations des circonscriptions, pour qu’il y ait une nouvelle île Maurice plus juste, plus équitable et où on se reconnaît comme étant Mauricien avant tout.

Bizin aret sa system kasiet la parce que les politiciens sont élus pour servir le peuple et non eux-mêmes»

Un autre très vaste chantier concerne la réforme de la justice et de la police. Ne s’agit-il pas là de chantiers impossibles à réformer ?
Nous souhaitons moderniser tous les postes de police, mettre en place un College of policing, où seront formés les policiers pour qu’ils puissent vraiment « serve and protect » la population, ramener la méritocratie au sein de la police au moment des promotions, rendre la loi plus sévère pour les crimes physiques et les tortures perpétrées par des policiers et abolir le système de provisional charge. Il faut enlever l’accusation provisoire pour abolir un système abusif qui permet d’arrêter des gens sans preuves. 

Nous comptons également revoir le certificat de moralité pour ne pas pénaliser les gens de manière excessive en cas de délits mineurs. Aujourd’hui, beaucoup de gens ne parviennent plus à se faire embaucher à cause de petits délits qui datent de beaucoup d’années, mais qui restent toujours sur leurs certificats.

Une situation similaire au Canada avec Justin Trudeau, en Nouvelle-Zélande avec Jacinda Ardern, en France avec Emmanuel Macron, ou en Finlande avec Sanna Marin pourrait-elle se produire à Maurice ?
Tout à fait et il est grand temps ! Si nous ne changeons pas, ce sera du pareil au même : blanc bonnet, bonnet blanc. Jugnauth ou Ramgoolam pour encore cinq ans mettra notre économie à genoux et mènera l’île Maurice à sa perte ! Les jeunes ne se retrouveront plus dans une situation pareille et continueront à déserter notre île natale.

Le taux d’abstention aux dernières élections générales était de près de 25 %. Pensez-vous que la participation aux prochaines élections sera plus élevée ?
Nous l’espérons. Les gens qui ne votent pas sont en train d’opter pour le statu quo. Le système changera plus facilement s’ils vont voter pour nous. C’est leur chance d’en finir avec un système pourri, inéquitable et injuste.

Selon un sondage de Straconsult pour Afrobarometer en juillet 2022, 59 % des Mauriciens expriment « juste un peu de confiance » ou pas de confiance du tout dans les institutions politiques et les dirigeants du pays. Comment expliquez cela et comment renverser la tendance ?
Votez pour nous et je vous promets que nous allons appliquer les 80 réformes nécessaires pour ramener cette confiance et la joie de vivre dans notre petite île paradis.

  • salon

     

 

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