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Roshi Bhadain : «Rs 3 milliards dépensées sur l’Icac en 20 ans»

Le fonctionnement de l'Icac et son indépendance ont fait l'objet de commentaires au cours de l'émission au Coeur de l'Info.

« Corruption : état des lieux à Maurice ». Tel était le thème de l’émission Au Cœur de l’Info, présentée par Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul, sur Radio Plus, vendredi. Cela, dans le cadre de la journée internationale de lutte contre la corruption.
 
Roshi Bhadain, ancien directeur des enquêtes à l’Independent Commission Against Corruption (Icac), juge la situation « très inquiétante » et considère que toute la population en a conscience. « Aujourd’hui, nous sommes 49e au niveau mondial sur l’indice de perception de la corruption alors qu’en 2002, nous étions 40e. Cela démontre que nous avons régressé, alors qu’on s’attend normalement à une progression », dit-il.

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Le leader du Reform Party a ajouté qu’en 20 ans, soit de 2002 à 2022, Rs 3 milliards ont été dépensées pour le fonctionnement de l’Icac. « La réalité, c’est que Maurice est de plus en plus corrompu », estime-t-il, déplorant au passage la « tolérance » des Mauriciens face à une telle situation.

Rajen Bablee, directeur exécutif de Transparency Mauritius, considère, lui que la corruption à Maurice prend une ampleur culturelle. « Des pratiques telles que des passe-droit sont de plus en plus acceptées par la population. D’ailleurs, un sondage a révélé que des Mauriciens pensent que s’ils sont trop honnêtes, les gens vont leur marcher sur les pieds », a-t-il fait ressortir, estimant que des mesures visant à faire de Maurice un exemple en Afrique en matière de combat contre la corruption n’ont pas été implémentés par le gouvernement.

Si Laura Jaymangal, Senior Training Officer chez Transparency Mauritius, accueille favorablement que Maurice ait amélioré son indice de perception de corruption, passant de la 56e à la 49e place. Elle juge néanmoins que le système actuel comporte des lacunes. Elle cite notamment l’absence de lois sur le « whistleblowing », sur le droit à l’information ou encore sur le financement des partis politiques ainsi que « le fonctionnement des institutions est aussi décriée ». « Il y a donc de nombreux facteurs qui expliquent qu’on n’arrive pas à avancer dans ce classement et que nous soyons 5e parmi les pays africains », a-t-elle souligné.

Le journaliste Nad Sivaramen a, pour sa part, critiqué l’avènement prochain d’une Financial Crime Commission qu’il considère comme « un autre monstre », après l’Icac. « L’Icac est devenue un instrument politique et ne peut ainsi plus fonctionner correctement », a-t-il avancé, indiquant qu’une telle situation engendre une fuite des cerveaux vers l’étranger.

Solutions

Selon Roshi Bhadain, la Financial Crime Commission, telle qu’imaginée en 2016, ne correspond plus aux besoins du jour. « Il faut avant tout venir avec une Fraud Act. À ce jour, la fraude n’est pas définie dans nos lois. C’est incroyable », a-t-il fait ressortir. Le leader du Reform Party considère aussi qu’il faut adopter le modèle des pays scandinaves – les meilleurs au classement de l’indice de la perception de la corruption – où la religion condamne la corruption.

En sus d’une Freedom of Information Act, selon Rajen Bablee, il faut enlever les menaces qui pèsent sur les fonctionnaires et les journalistes à travers une révision de l’Official Secrets Act et la décriminalisation de la diffamation. « Il faut aussi protéger, voire encourager les dénonciateurs », a-t-il ajouté. Laura Jaymangal s’est, elle, dit en faveur d’un code de conduite pour les politiciens et les fonctionnaires.

 

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