Roshan Ramoly, Chairman de SBM Securities Ltd : «Le secteur financier est soumis à une pression constante»

Roshan Ramoly affiche le pessimisme pour l’année 2019 qui sera, selon lui, difficile. Le président du conseil d’administration de SBM Securities Ltd évoque notamment les données économiques sur la Chine qui sont au plus bas et le fait que la forme que prendra le Brexit est encore incertaine.

Comment se porte le secteur des services financiers ?
Il est soumis à une pression constante. Même si les bénéfices des banques augmentent, nous nous rendons compte que les fronts internationaux et locaux perturbent les modèles économiques traditionnels. Les principaux acteurs du secteur modifieront bientôt leurs modèles d’exploitation, en passant à la numérisation. Faute de quoi, nombre d’entre eux commenceront à subir des impacts financiers négatifs.

Comment analysez-vous la performance économique pour 2018 et quels sont les axes de relance pour dynamiser ce secteur en 2019 ?
La croissance est la mesure phare de la performance économique, mais elle n’est pas la seule. Il existe l’indice du bonheur, l’infrastructure du pays, le taux de réussite scolaire et le coefficient de Gini. Je serais donc tenté de dire que c’est mitigé.

La croissance estimée à 4 % en 2019 est-elle réalisable ?
2019 sera une année difficile. Nous constatons que les données économiques pour la Chine sont au plus bas. La forme que prendra le Brexit et son impact sont encore incertains. Outre les problèmes connus, à Davos on parle de l’impact des conditions climatiques extrêmes. On évoque aussi une cyberattaque à grande échelle et des fraudes majeures qui nous guettent.

2019 est la dernière année du mandat du gouvernement actuel. Selon vous, quelles devraient être ses priorités ?
Je pense que le secteur des petites et moyennes entreprises reste une priorité. Le gouvernement devrait accorder le même soutien à ce secteur que celui offert au secteur des services. Puis il y a les énergies renouvelables, sur lesquelles le gouvernement devrait également mettre l’accent. Je suis favorable à l’idée que les maisons soient dotées de panneaux photovoltaïques subventionnés. Cela permettrait au pays d’investir moins d’argent dans les centrales électriques.

La Blockchain bouleverse-t-elle les métiers de la finance ?
Elle permet la traçabilité de l’information. Cette technologie devrait ainsi réduire une partie du secret bancaire redouté et contribuer à endiguer la fraude. À court terme, elle devrait avoir un impact important sur les transactions transfrontalières et donc changer le visage du financement du commerce.

La mondialisation de l’économie et de la finance ainsi que la libre circulation des biens et services posent-elles déjà un sérieux défi aux petites économies comme la nôtre ?
La libre circulation des avoirs crée une opportunité pour Maurice. Avec les bonnes compétences, le pays pourrait devenir une plaque tournante pour les sociétés financières souhaitant servir le monde. Notre environnement fiscal peu contraignant et d’autres mesures incitatives doivent encourager les sociétés étrangères à non seulement se domicilier à Maurice sur papier, mais aussi à opérer à partir de notre territoire. Mais pour que cela devienne une réalité, il faudra un mise à niveau des compétences locales.