Interview

Ron Nixon, du ‘New York Times’: «Le journal papier ne saurait être remplacé»

Ron Nixon
Ron Nixon, journaliste au ‘New York Times’, incite ses confrères à développer leur flair et leur curiosité. Il est d’avis que rien ne remplacera le journal papier. Il nous a accordé un entretien exclusif lors de son passage en Afrique du Sud, pour la 19e édition de la conférence annuelle ‘Highway Africa’. Vous êtes de ceux qui sont d’avis que le journaliste d’aujourd’hui rapporte les faits « avec » le public. Pourquoi ? De nos jours, les articles publiés sont diversement commentés et critiqués par le public. Ce qui laisse place à une « conversation » entre l’internaute (le lecteur) et le journaliste. Avec l’évolution de l’Internet, et autres réseaux sociaux, le lecteur a tendance à nous doubler. C’est-à-dire qu’il participe à la propagation des informations bien avant le journaliste. À quand remonte ce phénomène ? Ce phénomène gagne du terrain depuis quelques années déjà. Soit depuis que les réseaux sociaux, tels que Facebook et Twitter, ont fait leur apparition. Le public ressent le besoin de propager des informations et utilise la Toile comme plate-forme. Pourquoi ce « besoin » du lecteur de collaborer avec les journalistes ? Il est clair que les citoyens veulent donner un coup de main aux journalistes. Mais n’oublions pas qu’ils accomplissent ainsi leurs devoirs de citoyens, avant tout. J’apprécie leurs efforts. Même si les lecteurs ont parfois tendance à devancer les journalistes en matière d’information. Vos opinions sur le coup de main du public dans la diffusion d’informations ? Je suis satisfait de la participation du public dans la diffusion des nouvelles, sur la Toile, par le biais de la technologie. Ils nous donnent l’occasion de connaître la vérité sur certaines choses. Mais, parfois, certaines nouvelles sont diffamatoires et c’est à ce moment que le « vrai » journaliste doit vérifier la source de l’information afin d’éviter toute diffamation lors de la publication de l’article dans la presse. Les membres du public qui agissent de la sorte nous donnent un énorme coup de main. Le seul élément qui les démarque des journalistes professionnels, comme  je viens de vous le dire, est le fait que nous sommes obligés de solliciter les versions des diverses parties concernées avant de propager l’intégralité de l’information dans la presse. Ce phénomène est-il populaire aux états-Unis ? Le phénomène est présent aux états-Unis, comme ailleurs dans le monde. Je suppose que c’est aussi le cas à Maurice.  Les réseaux sociaux, tout comme la téléphonie mobile, ont changé l’état d’esprit du public. De nos jours, on se rend compte que le téléphone portable porte son vrai nom d’outil de communication. Les applications disponibles sur les téléphones portables ont la capacité de diffuser des informations en instantané. Nous (Ndlr : les journalistes) sommes parfois en retard dans la diffusion des informations. Vous avez été formé en matière de ‘Data Journalism’… Chaque journaliste doit être capable de pouvoir s’adonner au ‘Data Journalism’. Le monde gravite autour des données (et des chiffres) et nous ne pourrons plus dépendre du public à l’avenir. Le journalisme traditionnel vous permet de vous focaliser sur une seule chose tandis que le ‘Data Journalism’ vous donne l’occasion d’explorer une panoplie de choses en profondeur. Le ‘Data Journalism’ touche-t-il tous les genres de journalistes ? Bien sûr que oui. Tous les journalistes (investigation, économie, actualité générale…) sont concernés dans la dissémination des informations. Qui dit information, dit également chiffres et statistiques. Comment définir le ‘Data Journalism’ ? Le ‘Data Journalism’, qui se traduit littéralement en français par ‘journalisme de données’, n’est rien d’autre que le renouvellement du journalisme traditionnel à travers l’exploitation des données statistiques. Ces statistiques, rappelons-le, sont diffusées par les institutions telles que la Banque mondiale ou l’Organisation mondiale de la santé, notamment. Le journaliste  collecte des données, et au lieu de rédiger un texte, il transforme les données en infographie. Et le tour est joué ! Le ‘Data Journalism’ devancera-t-il le journalisme traditionnel dans ce cas ? Le ‘Data Journalism’ est une nouvelle façon de rapporter des informations mais elle ne devancera jamais le journalisme traditionnel. Le journal papier aura toujours une place dans le quotidien du public. Malgré l’avènement du numérique. Le ‘Data Journalism’ n’est qu’un supplément du journalisme traditionnel. C’est-à-dire, elle facilite la tâche des lecteurs car les informations sont visibles à travers une infographie. S’il arrive que vous rencontriez un adolescent qui veut faire carrière dans le journalisme. Que lui conseillerez-vous ? Je lui conseillerai de lire tout ce qui lui passe sous la main, de développer sa curiosité et d’apprendre à écouter autrui. La plupart des journalistes ont un déficit de lecture. Nous ne lisons pas suffisamment, ce qui nous aurait permis d’élargir nos connaissances. Nous n’avons pas le droit de nous focaliser sur ce que nous croyons être juste et bon. Il ne faut pas oublier que nous ne faisons que rapporter sans porter une oreille attentive à tout ce qui gravite autour de nous et sans écouter convenablement. Dans ce cas, comment définiriez-vous un bon journaliste ? Un bon journaliste doit avant tout présenter ses informations d’une manière claire. Il doit également savoir écouter et doit surtout avoir une curiosité très aiguisée.
Publicité
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !