Romeela Mohee, vice-chancelière de l’UoM : l’experte de la qualité universitaire

À quelques semaines de tirer sa révérence du poste de vice-chancelière de l’Université de Maurice, Romeela Mohee fait le bilan d’une longue et riche carrière dans l’enseignement supérieur. Les propositions ne manquent pas pour celle qui a fait l’objet de polémiques durant ces derniers temps.

Romeela Mohee, c’est d’abord un visage bien fait à la coiffure soignée, dont les traits passent indistinctement du sérieux au grand sourire. C’est aussi une petite boule d’énergie qui a connu un parcours éducatif sans faute. La vice-chancelière de l’Université de Maurice (UoM) s’apprête à tirer sa révérence après plus de 25 ans au sein de cette institution. Est-ce que le tumulte du campus de Réduit, sa population estudiantine, ses profs et son personnel administratif vont lui manquer ?

Oui et non, nuance-t-elle. « J’ai accompli de grandes choses ici. J’aurais aussi souhaité mener à bon port d’autres projets dont j’ai initié la naissance, la gestation. Mais en même temps, j’entrevois avec intérêt d’autres perspectives qui s’inscrivent dans les projets pédagogiques relatifs au développement durable », explique cette scientifique, dont trois générations –sa mère, sa fille et elle-même – sont des purs produits du Queen Elizabeth College.

Titulaire de l’Ordre National du Mérite

Mère de trois enfants et épouse de Khemraz Mohee, CEO du National Computer Board, Romeela Mohee a eu un parcours –tant éducatif que professionnel – riche. Ses études supérieures l’ont d’abord conduite en France, grâce à une bourse, au sein d’une grande école, l’Institut National des Sciences appliquées. Elle en ressort comme ingénieur énergétique avec option environnement. De retour à Maurice, elle entame un doctorat à l’UoM, validé par l’Université de Leeds et celle de Clemson dans l’État du South Carolina, à la faveur d’une bourse du programme Fulbright.

Sa prise de fonctions comme conférencier à l’UoM en 1989 sera une suite de promotions jusqu’à sa titularisation comme vice-chancelière de l’institution. Titulaire de l’Ordre National du Mérite, décerné par le gouvernement français, et membre de la Société Royale de Chimie, elle a aussi occupé les fonctions de National Research Chair sur le dossier de Solid Waste Management au Mauritius Research Council. Fière d’avoir reconduit les accords de l’UoM avec la faculté de médecine de Bordeaux, elle explique que grâce aux efforts des différents gouvernements, l’Université a accompagné le pays à chaque étape de son développement.

« Nous sommes toujours au rendez-vous des défis qui se présentent au pays », ajoute-t-elle en citant l’exemple de la Confucius University, dédiée à l’enseignement supérieur du mandarin, qui fait partie du Strategic Plan 2015-2020. Ce document collectif, dont elle est l’initiatrice, devrait donner une vision claire et appropriée des objectifs de l’UoM, dit-elle. « Depuis ces dernières années, nous sommes entrés dans une étape cruciale de notre développement qui implique davantage de travaux de recherches et la formation de professionnels scientifiques dont les compétences sont indispensables à tous les niveaux de notre essor. À ce jour, l’UoM s’est crédibilisée en mettant la barre très haut, avec des critères de sélection rigoureux », fait-elle ressortir.

Est-ce que le surnombre de jeunes diplômés en chômage, un sujet toujours d’actualité, n’incombe pas, aussi, à une mauvaise lecture des exigences du marché de l’emploi de l’UoM? « Non, les nombreuses institutions tertiaires privées sont responsables de cette situation, en offrant des cours qui ne correspondent pas à la demande sur le marché de l’emploi. Mais tout n’est pas perdu. Nous avons formé des jeunes capables de travailler partout grâce notre bilinguisme. Le pays a toujours su relever les défis auxquels il a fait face. Nous devons tout simplement garder en tête notre sens du devoir et de la rigueur », fait valoir Romeela Mohee.