Romain Grandjean, fondateur de 35° Nord : «En Afrique, le fait de ne pas communiquer devient suspicieux»

Le continent africain est de plus en plus demandeur de nouvelles financières, affirme Romain Grandjean. Les entreprises opérant sur ce territoire ont donc, selon lui, le devoir de partager le maximum d’informations possibles.

L’Afrique a-t-elle aujourd’hui un intérêt réel pour les nouvelles d’entreprises, les finances voire la performance économique ?
La réalité dans chaque pays est l’émergence économique, avec des pôles d’activités très forts. En Abidjan, la croissance annuelle est de 8,5 %. Cette émergence développe une fierté et un sentiment d’appartenance. Pour la première fois, les populations commencent à se reconnaître dans les réussites économiques. Jusque-là, elles en avaient été privées. La profitabilité générée par les sociétés étrangères a été rapatriée vers les États-Unis et l’Europe.

Aujourd’hui, la population – dont des jeunes lycéens et étudiants – commencent à s’identifier au progrès économique. Ces derniers ne se reconnaissent pas forcément dans les magnats. Mais ils se reconnaîtront davantage dans des patrons de petites et moyennes entreprises qui auront eu un parcours réussi. C’est primordial. Car ils auront envie de faire des études, de ne pas quitter leur pays et de se refléter dans ces réussites économiques. Les populations d’Afrique sont maintenant tout à fait ouvertes aux réussites.

Les entreprises ont-elles désormais cette obligation de communiquer ?
Enrober l’action en Afrique par un accompagnement en communication équivaut à sensibiliser les populations, les parties prenantes. Il faut absolument communiquer pour expliquer, sensibiliser et prouver un engagement. Il ne suffit pas d’aller faire du business en Afrique. Il faut expliquer pourquoi l’on a choisi le continent et ce qu’on fera des profits générés sur place. Quand on fait une projection à l’international depuis Maurice ou Paris, il ne faut pas oublier la communication. C’est un levier commercial, de projection et de développement commercial. Souvent, la communication est oubliée. On se dit qu’on n’a rien à dire, que c’est trop tôt et qu’il faut attendre un peu.

La donne a-t-elle changé ?
En Afrique aujourd’hui, le fait de ne pas communiquer devient suspicieux. J’en suis vraiment convaincu. Cela ne signifie pas qu’il faut faire la une des journaux tout le temps. Cela veut dire qu’il faut, petit à petit, expliquer son engagement, qui va au-delà de l’aspect économique. On parle d’emplois, de ressources, de formation, de protection et de soins.