Rôles clés en 2019 sur la stratégie politique et la communication du MSM : l’absence de Sherry Singh et de Ken Arian se fait-elle ressentir ?

Pour la campagne électorale de 2024, le Mouvement Socialiste Militant, locomotive de l’Alliance Lepep, ne se contente pas de renouveler ses candidats. En coulisses, un remaniement stratégique s’opère également, et l’absence de Ken Arian, autrefois figure incontournable du cercle rapproché de Pravind Jugnauth,  interpelle. 

L’un des grands absents de cette campagne est Ken Arian. Celui qui avait été un acteur central de la campagne électorale de 2019 pour le Mouvement Socialiste Militant (MSM), notamment en soutien au Premier ministre Pravind Jugnauth, est aujourd’hui totalement écarté de la campagne de 2024. Bien que le MSM évite de s’exprimer publiquement sur sa mise à l’écart, son absence se fait sentir dans certains milieux. Toujours en poste en tant que Chief Executive Officer (CEO) d’Airport Holdings Ltd, Ken Arian se trouvait, selon nos informations, à l’île de La Réunion pour des raisons professionnelles le 15 octobre.

Sa nomination en 2021 à ce poste, bien que cruciale pour la gestion d’Air Mauritius, avait été perçue comme une manière de reléguer politiquement l’ex-‘blue-eyed boy’ de Pravind Jugnauth. La campagne électorale actuelle démontre clairement que le Bureau du Premier ministre ne souhaite plus s’appuyer sur Ken Arian pour orchestrer sa stratégie électorale, préférant déléguer cette tâche à des figures telles que Kavish Pultoo, Zouberr Joomaye, Vikram Jootun et Lovesh Ramlochane, entre autres. Toutefois, ceux qui sont aujourd’hui impliqués dans la campagne du MSM et qui ont également connu l’époque où Ken Arian dirigeait les opérations reconnaissent que son absence est palpable. Bien que personne ne veuille s’exprimer ouvertement à ce sujet, plusieurs admettent discrètement que les choses se dérouleraient différemment si Ken Arian était encore à la tête de la stratégie électorale du MSM. « Ken Arian avait une approche globale lorsqu’il élaborait une stratégie de campagne. Il mettait en place une stratégie précise, qui devait ensuite être adoptée à l’unanimité. » Un exemple illustrant cette situation est la confusion qui a marqué le début de la campagne du MSM, notamment lorsque des ajustements ont dû être faits sur la liste des candidats. En effet, le MSM, qui avait initialement envisagé de renouveler une grande partie de ses candidats, a finalement dû faire marche arrière, en décidant de maintenir des candidats en place, notamment Avinash Teeluck à Grand-Baie/Poudre d’Or (6) ou encore Ashley Ittoo à Vacoas/Floréal (16).

Ceux qui ont travaillé étroitement avec Ken Arian soulignent que son approche, lorsqu’il s’agissait de concevoir une stratégie électorale, reposait en grande partie sur la création d’un storyboard. Ce dernier servait à représenter visuellement les messages et les thèmes clés de la campagne, facilitant ainsi la clarification de l’objectif de chaque élément de communication. Toutefois, selon ces proches de Ken Arian, plusieurs couacs ont été constatés dans certains discours, notamment l’accusation portée contre l’Alliance du Changement de vouloir relancer le projet de Deuxième République, similaire à celle de 2014. « Or, cela n’a jamais été évoqué par l’Alliance du Changement, et finalement, ce discours a dû être abandonné », confient-ils.

En ce qui concerne le marketing de l’alliance entre le Mouvement socialiste militant (MSM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD), on constate également un manque de préparation pour mieux la vendre à la population mauricienne, d’autant plus qu’il s’agit de deux partis qui se sont farouchement combattus ces cinq dernières années. « Annoncer la concrétisation de cette alliance sur Facebook n’est certainement pas ce qu’aurait fait Ken Arian. Il aurait sans doute recommandé une stratégie plus soignée pour amener le peuple mauricien à accepter cette alliance et à s’y retrouver électoralement », dit-on. « La campagne est déjà bien entamée. Ken Arian n’est pas au courant des détails de la stratégie du parti. Il est complètement écarté de la campagne », rapportent des sources au niveau de l’Hôtel du gouvernement. 

Joint au téléphone, Ken Arian n’a pas souhaité faire de commentaires, nous laissant comprendre qu’il est uniquement concentré sur ses activités professionnelles.

Dans les coulisses de la campagne : l’Alliance du Changement muscle sa stratégie de communication

Dans les coulisses de l’Alliance du Changement, plusieurs équipes de communication ont été constituées pour orchestrer la stratégie médiatique du bloc. À la tête de l’une d’elles, l’ancien journaliste Harish Chundunsing pilote les opérations de communication générale. En parallèle, Kevin Gutty se charge de la communication numérique et de la stratégie digitale, essentielle pour maximiser l’impact en ligne. Ces équipes sont ensuite supervisées par un comité de campagne stratégique, réunissant, côté Parti travailliste (PTr), Patrick Assirvaden, et côté Mouvement militant mauricien (MMM), Rajesh Bhagwan. En sus, l’ancien Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Telecom, Sarat Lallah, joue également un rôle clé au sein de ce comité pour assurer le bon déroulement des opérations.