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Roger Charoux: de l’abstrait à la lumière

Enfant, Roger Charoux aimait dessiner et il est devenu un plasticien de renom. Son parcours est élogieux et ses œuvres ont traversé les frontières mauriciennes. L’artiste expose à la galerie Imaaya à Phoenix jusqu’au 16 octobre. Marchant d’un pas léger, c’est tout sourire que Roger Charoux nous rencontre à son bureau à Rose-Hill. Coiffé d’un chapeau-feutre, il porte une chemise, des jeans et un blouson assorti, affichant un look résolument jeune. Les présentations faites, il nous guide vers son atelier dans une pièce adjacente. Là des tableaux sont accrochés aux murs et certains sont posés à même le sol. Ses pinceaux sont soigneusement alignés sur une table sur laquelle on peut voir les traces de peinture un peu partout. Le tout est planté dans un décor sobre qui reflète la simplicité de l’homme.

Passion

À 86 ans, Roger Charoux est le doyen des artistes peintres à Maurice. Il n’envisage pas de ranger ses pinceaux de sitôt. En quête de la lumière universelle, il espère la trouver avant de raccrocher. Alors qu’il a passé la majeure partie de sa carrière à peindre des tableaux impressionnistes, il a changé d’orientation il y a une dizaine d’années pour se consacrer à l’abstrait. Cela pour inciter le public à aller chercher ce qui se cache derrière chaque œuvre. Il regrette que peu de Mauriciens aient une culture artistique pour apprécier les œuvres d’art à leur juste valeur. [blockquote]«Si les hommes pouvaient cesser de se battre, le monde serait merveilleux »[/blockquote] Au fil de la conversation, Roger Charoux se dévoile pour laisser apparaître un homme jovial, qui aime la nature autant que les hommes. Nombreux de ses tableaux sont des paysages de Maurice. Alors que de son jardin le chant des oiseaux parvient à nos oreilles, il avoue qu’il aime les écouter et faire du jardinage, une autre de ses passions, qui sont autant de sources d’inspiration pour lui.

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Sources d’inspirations

Évoquant un des souvenirs de son enfance, il raconte qu’il voulait être un oiseau dont l’envol est synonyme de liberté. « Je voudrais être comme eux pour mieux m’exprimer, car je n’aime pas les contraintes. » La conformité empêche l’épanouissement de l’individu, selon lui. « Le plus grand esclave de l’homme, c’est l’homme lui-même. Je voudrais être capable de me dépasser en abolissant les contraintes. Mais la société et la politique mènent le monde », regrette-t-il. Sa passion pour la peinture l’a tout naturellement mené vers la littérature, où il puise souvent son inspiration. Il affectionne les ouvrages de Charles Baudelaire ou encore d’Arthur Rimbaud, dont Le bateau ivre. Nous découvrons alors quelques passages qu’il a soulignés et dont il s’est inspiré pour certains de ses tableaux. Parmi : « Planche folle, escortée des hippocampes noirs, quand les juillets faisaient crouler à coups de trique les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs. »  Pour lui, l’auteur lui a transmis une impulsion. Mais la création de ses œuvres émane aussi de ses balades en bord de mer et des scènes de la vie mauricienne. « À chaque fois que je sors dans la nature, je fais de nouvelles découvertes. J’aime observer les insectes. Il y a beaucoup à apprendre d’eux. » Rassasié de l’art impressionniste, il a choisi de tourner résolument son regard vers l’art abstrait. À travers cette technique, il est en quête d’un renouveau. Citant Charles Baudelaire : « Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; va te purifier dans l’air supérieur », il déclare que sa quête de découverte part de là également. « Je ne voulais pas rester dans la peinture conventionnelle. Je me sens heureux dans cette nouvelle approche. » Il se considère comme un Christophe Colomb mauricien en quête de découverte et d’un « univers sublime ». Si à son âge il est encore à peindre, c’est qu’il ressent constamment le besoin d’aller faire des recherches et des découvertes pour ensuite exprimer ce qu’il ressent à travers une œuvre. Et pour cela, il peut passer des soirées entières à l’imaginer dans sa tête avant de se mettre à l’ouvrage le lendemain.

Monde merveilleux

Ce qui donne des ailes également à Roger Charoux, c’est l’appréciation du public pour ses tableaux. Une de ses toiles fait partie d’une exposition permanente en Pologne. Son nom et celui de Roger Maurel sont cités dans un ouvrage de Mercedes Carmona, une critique d’art qui a écrit qu’à travers eux, l’art mauricien a influencé les jeunes plasticiens du continent africain. Avec ses tableaux qui sont offerts aux visiteurs de passage à Maurice, sa satisfaction et sa fierté sont encore plus grandes en tant qu’artiste national. Le couple Mitterand en 1990 et le président de la République du Congo, David Sassou N’Guesso, cette année ont reçu des tableaux du peintre. Abordant un sujet qui a fait polémique sur les réseaux sociaux récemment, Roger Charoux trouve épouvantable la caricature du petit Ethan échoué sur une plage à la Une d’un magazine satirique français. « C’est très déplacé. » Les guerres qui obligent des gens à fuir leur pays sont le côté sombre de notre société, confie-t-il. Pour lui, si les hommes pouvaient cesser de se battre, le monde serait merveilleux.
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