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Roddy Pottaya et Mitra Bungaroo retrouvés noyés dans un lac : les ambitions brisées de deux frontliners

Les funérailles de la jeune femme ont eu lieu lundi après-midi à Batimarais.
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Les villages de Batimarais et Surinam sont en émoi. Mitra Bungaroo, 34 ans, et Roddy Pottaya, 35 ans, qui habitaient ces localités, ont péri noyés dans un lac à Rivière-des-Anguilles. Ces deux infirmiers de l’hôpital de Souillac laissent derrière eux des proches effondrés. Les circonstances demeurent floues.


Roddy Pottaya s’apprêtait à passer un examen pour devenir infirmier en chef.
Roddy Pottaya s’apprêtait à passer un examen pour devenir infirmier en chef.

La tante de Roddy : «Il était sorti indemne d’un accident en octobre»

À Surinam, Roddy Pottaya laisse un grand vide. Le jeune homme de 35 ans était le cadet d’une fratrie de trois enfants. Sa mère Fazila est anéantie. « Li ti enn bon garson. Zame monn bizin krye avek li », dit cette femme de 71 ans. « Mes trois fils ont fait médecine », poursuit-elle avec fierté. L’aîné est aujourd’hui médecin à l’étranger alors que Roddy, devenu infirmier, se dévouait dans son travail à Maurice. « Li ti kontan ed dimoun. Li ti kav rest dan lopital laba mem. Li nek fer overtime. Li ti sagrin sa bann dimoun ki ti pe gagn kovid la. Linn bien travay ek bann vie dimoun. » Ambitieux, Roddy voulait gravir les échelons. « Il préparait un examen pour devenir infirmier en chef. Il devait le passer le 15 février », indique sa mère.

Sheerin, la sœur de Fazila et tante de la victime, ne peut cacher sa peine. Elle a veillé sur Roddy depuis son enfance. « Mo ti pe get li kouma mo garson », confie-t-elle. Elle ne comprend pas comment son neveu a pu mourir ainsi. Elle concède toutefois que le jeune homme n’aimait pas se baigner. « Il a toujours eu peur de l’eau. Quand nous l’amenions à la mer, il n’allait jamais nager. » 

« L’année dernière, le 28 octobre, il avait eu un accident. Sa voiture avait fait cinq tonneaux et il en était sorti indemne. Il venait juste d’acheter une nouvelle voiture. »  

Roddy était en instance de divorce et vivait en concubinage. Samedi, il est parti travailler à l’hôpital de Souillac. À 17 heures, il n’était pas rentré chez lui, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Selon sa mère, il était ami avec sa collègue Mitra et il devait, ce jour-là, la raccompagner en voiture à son domicile. Cependant, dimanche matin, le jeune homme n’avait pas réapparu et ne répondait pas aux appels téléphoniques.

Inquiète, Fazila a signalé sa disparition à la police. « Sa voiture a été découverte dans un parking mais il était introuvable. Les policiers ont fait des recherches avec des chiens, jusqu’à ce qu’ils trouvent son corps dans le lac », explique-t-elle.  


Mitra Bungaroo était infirmière depuis une dizaine d’années.
Mitra Bungaroo était infirmière depuis une dizaine d’années.

La mère de Mitra : «Elle a aidé beaucoup de gens grâce à son métier»

Rue Capucine à Batimarais, les proches de Mitra Bungaroo, aussi appelée Padminee, sont dévastés. Vinoda, 65 ans, la mère de la jeune femme, ne cesse de se rappeler la dernière fois qu’elle a vu sa fille vivante. « Samedi à 05h15, elle était déjà réveillée. Je me préparais pour partir au travail. Je suis sortie avant elle. Elle devait se rendre à l’hôpital de Souillac pour son service mais on l’a envoyée dans un centre de vaccination à Rivière-des-Anguilles », raconte-t-elle. 

Mitra était infirmière depuis une dizaine d’années. Elle a d’abord travaillé à l’hôpital de Rose-Belle avant d’être mutée à Souillac, plus près de chez elle. « Elle aimait son travail. Des fois, elle redoublait son service. L’année dernière, elle avait été affectée dans un hôtel pour la Covid-19. Elle devait y rester 14 jours. Elle avait beaucoup pleuré avant de s’y rendre parce qu’elle s’inquiétait pour moi. Cette année, elle y est retournée. Elle a aidé beaucoup de gens grâce à son métier », poursuit sa mère.

Quand Vinoda est revenue à la maison samedi après-midi, sa fille n’était pas de retour. Plus le temps passait, plus la maman se faisait du souci. « Elle ne répondait pas au téléphone. Je suis partie au temple et je suis rentrée vers 22 heures. Elle n’était pas là et je ne réussissais pas à la joindre. Cette nuit-là, je n’ai pas trouvé le sommeil. Et le matin, toujours pas de nouvelles de Padminee. »

Des recherches ont alors été entreprises pour retrouver la jeune femme. Un peu plus tard, l’autre fille et la nièce de Vinoda sont venus lui annoncer qu’un ami de Mitra avait été retrouvé noyé et que le portable de sa fille se trouvait dans la voiture du jeune homme. « Monn dir kapav gagn mo tifi vivan. Zot pe rod li mem. » Ses espoirs seront malheureusement de courte durée. 

« Je ne connais pas l’ami avec qui elle était », affirme la sexagénaire. « Ma fille s’est fiancée dans le passé mais la relation n’a pas fonctionné. Elle disait que le mariage n’était pas fait pour elle », ajoute Vinoda. Aujourd’hui, elle se retrouve seule. « Dans cette maison, il n’y avait que nous deux. Ou grandi enn zanfan, ou donn li ledikation, li mor koumsa. Li pa fasil », soupire-t-elle.


La thèse de l’accident privilégiée

La police de Rivière-des-Anguilles tente d’établir les circonstances qui ont mené à la noyade de Mitra Bungaroo et Roddy Pottaya. Selon les enquêteurs, il se pourrait que l’un se soit retrouvé en difficulté dans l’eau et que l’autre ait tenté en vain de le sauver, au prix de sa vie.

 

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