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À RIVIÈRE-NOIRE : Trois-Bras impuissant face à l’eau boueuse

eau boueuse Les pompiers aidant les sinistrés.
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La peur s’installe à la jonction de Trois-Bras dès que la pluie tombe à grosses gouttes. Cet endroit sis à Rivière-Noire fait face impuissant à l’eau boueuse qui termine sa course sur l’autoroute avant de s’infiltrer dans la maison des habitants de la localité. Ces derniers réclament la construction des drains de la jonction à la rivière. Ils affirment prendre leur mal en patience.

Durant les fortes averses, l’eau de pluie descend en cascade à la vitesse de l’éclair de la Tourelle du Tamarin. À elle, s’ajoute le flux d’eau de la rivière Noire et des ruisseaux des Gorges. Toute cette accumulation d’eau termine sa course sur l’autoroute principale de Rivière-Noire, inondant au passage les commerces et les maisons à Trois-Bras et c’est un véritable danger pour les usagers de ce tronçon de route.

pluie
L’eau venant des cours d’eau de la localité.

Le Trois Bras Store, un commerce géré par Lim Fat Lam Yan Yu qui habite les lieux depuis 1960, est le premier touché par le courant d’eau qui s’infiltre ensuite chez les familles Levasseur, composées d’une dizaine d’adultes et de 12 enfants. 

Lim Fat Lam Yan Yu a 79 ans. Sa boutique ravitaille en vivres les habitants de la localité. Son restaurant à l’étage accueille au quotidien de nombreux touristes de passage dans l’ouest de l’ile. 

Dimanche dernier, lorsque la pluie a battu son plein vers les 13 heures à Trois-Bras, le septuagénaire était sur le qui-vive. Idem pour ses proches et les familles Levasseur. Ces derniers ont connu le pire lors du passage du cyclone Berguitta en janvier 2018. À cette époque, le niveau d’eau avait atteint environ 1m20 de hauteur, balayant sur son passage effets personnels, meubles, électroménagers et ustensiles de cuisine, dont une ribambelle de babioles, raconte Lim Fat Lam Yan Yu. Sa femme et ses enfants en sont témoins. Encore traumatisés par cette montée d’eau soudaine, ils affirment que les dégâts sont importants. « On a pris beaucoup de temps pour tout remettre en place. » 

Âgée de 70 ans, Ginette Levasseur raconte qu’elle aurait pu y laisser sa vie.  « Kan monn truv gro dilo p vini, monn zis galoupe pou al kot mo tifi.» Elle ajoute ensuite qu’elle a dû sortir par la fenêtre pour regagner le véhicule des soldats de la Special Mobile Force qui sont venus à la rescousse des sinistrés. 

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C’est avec une pioche à la main que Melodie improvise un passage pour empêcher l’eau de s’infiltrer dans sa maison.

Mélodie (25 ans) est la belle-fille de Ginette. Elle raconte que durant le cyclone, elle regardait la télévision lorsque son fils lui a montré l’eau qui s’infiltrait dans la maison. « Monn riss rido mo guet dehor. Mo truv enn gro dilo malang p vini. Zott tou inn panike. Ena inn ouver laport.  Dilo in inond partou. Mo ziss gagn letan met lisien lor 4X4 ek pran ban zanfan. Lapolis inn amen nou dan sant rivier-nwar. »  De retour à la maison après Berguitta, Melodie a envoyé ses enfants chez leurs grands-parents. « Mwa monn bizin vinn netwaye ek dormi dan lakaz malang mem. Noun perdi tou. Linz, elektromenaze, komision tou inn ale dan dilo. Savat mem mo pa ti ena pou marse. » Puis, elle raconte que c’est grâce à la bienfaisance de certaines personnes que sa famille et elle ont pu sortir de cette impasse. Comme sa maison n’est pas au même niveau que celle des autres membres de sa famille, Mélodie a toujours une pioche à la main lors de grandes pluies. Elle est contrainte d’improviser un passage pour empêcher l’eau boueuse de s’infiltrer dans sa maison. Idem pour Ginette et ses fils qui occupent la même cour.

Comme Lim Fat Lam Yan Yu, les familles Levasseur lancent un appel aux autorités pour la construction des drains de la jonction de Trois-Bras à la rivière se trouvant à quelques pas. Selon eux, cela viendra les soulager lors des averses. Aussi ils souhaitent que le canal d’eau soit nettoyé sur une base fréquente. « Enn ta lerb inn pouse ek zot anpes delo ale. Bizin netway sa souvan. » 

Ils ont fait part de leurs doléances au conseil de district de Rivière-Noire et au Citizen Support unit (CSU), en vain. Aucune action concrète, soutient Lim Fat Lam Yan Yu. « Mo bizin fouy trou dan miray pou ki delo ale. Pa kav kontigne koumsa. Kan ena lapli nou pa dormi, nou gagn traka tansion dilo pran nou ale. »  Le septuagénaire ne sait plus à quel saint se vouer pour trouver une solution à ce problème infernal, lorsqu’il pleut. 

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Le niveau d’eau autour des reservoirs d’eau potable.

 

 

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