Rivière des Anguilles Dam : l’exercice de préqualification lancé 10 mois après l’aval du Conseil des ministre

La réalisation du projet Rivière-des-Anguilles Dam est marquée par des retards considérables. Annoncé en 2010 sous un gouvernement travailliste, ce projet a traversé diverses péripéties avant d’atteindre une étape décisive en cette année 2024, avec le lancement du processus de préqualification des entrepreneurs désireux de participer à sa construction. 

Un aspect à ne pas négliger avec le lancement de cet exercice ce mois de février réside dans le délai de 10 mois écoulé depuis l’aval du Conseil des ministres. En effet, au moment de l’approbation du Cabinet en avril 2023 pour le lancement de cet exercice, l’impression qui se dégageait au sein du ministère était que le contrat de Rs 6,2 Md serait attribué vers la fin de 2023, ce qui finalement ne s’est pas réalisé. 

Selon diverses sources au ministère des Services publics, ce retard de 10 mois s’explique par le fait que la Banque arabe pour le développement économique (BADEA) qui, par le biais du Saudi Fund for Development, a accordé un prêt de Rs 2,2 Md au gouvernement mauricien pour le financement de ce projet, a attaché des conditions strictes à ce prêt. 

Selon les termes de cet accord, le gouvernement mauricien doit garantir que le ministère de l’Énergie et des Services publics mène à bien le projet avec diligence et efficacité, en respectant les normes financières, administratives et techniques appropriées. Il est impératif de fournir les installations, les services et autres ressources nécessaires à cet effet.

Aussi, le gouvernement doit superviser la mise en place d’une Project Implementation Unit (PIU). Cette unité devra être dirigée par un coordinateur de projet et comprendra plusieurs cadres,  notamment : un ingénieur de la Water Resources Unit (WRU) travaillant à plein temps, assisté d’un technicien pour le suivi quotidien de la construction des infrastructures ; un ingénieur de la Central Water Authority (CWA) travaillant à plein temps, avec l’appui d’un technicien, chargé du suivi quotidien de la construction des installations de traitement de l’eau ; un ingénieur du Central Electricity Board (CEB) à plein temps, responsable du suivi quotidien de la construction de la centrale hydroélectrique ; un responsable des appels d’offres et un administrateur financier, entre autres. 

Aussi le gouvernement doit maintenir des registres précis pour suivre l’utilisation des fonds empruntés, enregistrer les achats effectués, surveiller les dépenses et garantir une comptabilité transparente et conforme aux bonnes pratiques. Les représentants de la BADEA doivent avoir accès au projet pour inspecter les biens, vérifier les documents et obtenir toutes les informations pertinentes concernant les dépenses, l’avancement du projet et les biens acquis grâce au prêt.

Le gouvernement est également tenu de présenter à la BADEA un rapport trimestriel dans les 30 jours suivant la fin de chaque trimestre de l’année civile, fournissant un compte rendu détaillé de l’avancement du projet selon les exigences raisonnables de la banque.  

Il convient également de noter que ce n’est pas la première fois qu’un appel d’offres pour ce projet a été lancé. En effet, à la suite d’un exercice lancé fin 2019, six entreprises chinoises et une autrichienne ont participé à cet appel d’offres. Il s’agissait de China Energy Engineering Corporation Limited, China National Electrical Engineering Co. Ltd, Sinohydro Corporation Limited, China State Construction Engineering Co. Ltd, China International Water & Electric Corp, STRABAG International GmbH et Henan Water & Power Engineering Consulting Co Ltd. 

Cependant, en cette année électorale, il est entendu que le gouvernement mauricien souhaite marquer les esprits en espérant pouvoir enfin désigner une entreprise capable de concrétiser le projet. Une fois cette étape franchie, le gouvernement espère organiser une cérémonie de pose de la première pierre en grande pompe.