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Rishideo Gooriah : du feu au droit, le parcours d’un rêveur

Rishideo Gooriah
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Après avoir porté l’uniforme de pompier pendant 27 ans, Rishideo Gooriah change de vocation et enfile la toge. Il renonce à sa carrière de soldat du feu pour accomplir son rêve d’enfance.

Certains rêves deviennent réalité. Mais il faut y croire très fort, faire preuve de patience, d’une détermination à toute épreuve, et se donner les moyens d’y arriver. À l’approche de ses 48 ans, Rishideo Gooriah vit, lui, son rêve d’enfant. Soldat du feu pendant 27 ans, il vient d’intégrer le barreau.

« Enfant, je ne supportais pas de voir une injustice. Ayant grandi dans un village du Nord, j’ai pu constater que beaucoup de personnes n’avaient pas accès à la justice ou ne savaient pas comment s’y prendre. Je voulais que leurs droits soient respectés. C’est ce qui m’a motivé à devenir avocat en quelque sorte », souligne l’habitant de Plaine-des-Papayes, qui est marié et le fier papa de deux enfants.

(De g. à dr.) Sa fille Risha, son épouse Rekha, Rishideo Gooriah, sa mère Beejwantee, et Krishna, son fils.
(De g. à dr.) Sa fille Risha, son épouse Rekha, Rishideo Gooriah, sa mère Beejwantee, et Krishna, son fils.

Le parcours de Rishideo Gooriah est fait de divers détours. Issu d’une famille de quatre enfants, il n’a rien obtenu sur un plateau. « J’ai perdu mon père quand j’avais environ sept ans. J’ai donc grandi avec ma mère qui travaillait comme laboureur. De son vivant, mon père était lui aussi laboureur. La vie était très difficile à cette époque », confie-t-il.

Après avoir fréquenté l’école primaire de Plaine-des-Papayes, il poursuit ses études secondaires au collège Cosmopolitan, situé à environ 200 mètres de son domicile. Dans cet établissement, il a notamment pu participer à de nombreux débats et devenir même président du Student Council.

Après ses études secondaires, Rishideo Gooriah caresse le rêve de devenir avocat. Mais en raison de la situation financière de la famille, il n’a d’autre choix que de chercher du travail immédiatement.

Rishideo Gooriah à ses débuts comme pompier en 1996.
Rishideo Gooriah à ses débuts comme pompier en 1996.
Rishideo Gooriah à un événement en Malaisie en tant que pompier.
Rishideo Gooriah à un événement en Malaisie en tant que pompier.

« Je me souviens avoir postulé comme steward à Air Mauritius après le collège en 1995. J’ai réussi les deux premiers entretiens. Lors du dernier, un des membres du panel m’a demandé où j’habitais. Quand j’ai dit Plaine-des-Papayes, il m’a regardé et a dit : ‘Comment allez-vous gérer le transport ?’. Les facilités de la compagnie s’arrêtaient alors à Abercrombie. À son regard, j’ai su que c’était fini pour moi », raconte-t-il. À l’époque, il n’avait pas de voiture.

Malgré ce revers, Rishideo Gooriah persévère, en faisant une série de demandes d’emploi, comme technicien à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), officier de police, gardien de prison et pompier. « J’ai commencé à travailler comme pompier le 20 novembre 1996. Ayant étudié les mathématiques, la chimie et la physique, cela m’a permis de comprendre comment le feu se propage, entre autres », relate le nouvel avocat. Il est affecté à la caserne des pompiers de Piton.

Durant sa carrière au sein du Mauritius Fire and Rescue Service, il a également été un Registered Health & Safety Officer à temps partiel au ministère du Travail. À ce titre, il a représenté le groupe Rogers, Robert Le Maire, Beach Wear Textile et également de nombreux hôtels, dont les complexes Attitude, l’hôtel Le Marina, l’hôtel Coin de Mire et l’hôtel Ravenala. Une tâche qu’il exerçait à hauteur de huit heures par semaine, pendant son temps libre en tant que pompier.

« Il m’arrivait de représenter les compagnies lors des procédures d’enquête judiciaire. Je voyais comment les avocats posaient des questions, cela me fascinait et je voulais encore plus devenir avocat », souligne-t-il.

Rishideo Gooriah  le jour de sa prestation de serment,  le 26 janvier 2024, en Cour suprême.
Rishideo Gooriah  le jour de sa prestation de serment,  le 26 janvier 2024, en Cour suprême.

Mais Rishideo Gooriah est conscient qu’il lui fallait se donner les moyens de ses ambitions et faire preuve de patience. Entre 2001 et 2023, il est promu officier en charge de la caserne des pompiers de Piton, puis Senior Station Fire Officer. Par la suite, il est appelé à travailler à diverses casernes des pompiers dont celles de Mahébourg, Rivière-des-Anguilles et Flacq. « Je voyageais en autobus et ce n’était pas évident. »

En 2017, il contracte un emprunt pour pouvoir compléter ses études de droit et passer les examens du barreau en Angleterre. « J’ai dû quitter ma femme et mes enfants à cette époque, tout en m’assurant qu’ils n’allaient manquer de rien financièrement. Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir un oncle en Angleterre qui m’a apporté tout son soutien. Je vivais alors dans un logement pour étudiant à Bristol », relate l’avocat.

En octobre 2019, Rishideo Gooriah prête serment comme avocat au Honourable Society of the Inner Temple, au Royaume-Uni. Étudiant en droit ambitieux, il réussit avec succès sa formation professionnelle au Barreau (Bar Professional Training Course (BPTC)) de l’Université BPP. Il sera par la suite titulaire d’une maîtrise en droit de l’Université de Wolverhampton.

De retour à Maurice, il effectue son pupillage au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), auprès de Mes Siddartha Hawoldar et Said Baichoo, avoué. Par la suite, Rishideo Gooriah est confronté à la décision de devenir avocat immédiatement et de perdre, en ce faisant, son temps de service au sein du Mauritius Fire and Rescue Service. Ayant toujours son emprunt à rembourser, il décide de patienter encore avant d’embrasser son rêve de devenir avocat.

C’est finalement début janvier 2024 qu’il quitte définitivement l’uniforme de pompier après 27 ans de bons et loyaux services. Le 26 janvier 2024, il prête serment comme avocat à Maurice. Il fait partie des 43 nouveaux avocats à rejoindre la profession.

Et d’ores et déjà, les clients font appel à lui. Certains l’ont contacté peu après qu’il a quitté la Cour suprême ce jour-là. Rishideo Gooriah se dit fier aujourd’hui de vivre son rêve d’enfance. Et surtout, de pouvoir, aider les gens, comme il l’a toujours voulu.

 

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