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Risheeta Agrawal, réalisatrice indienne : «Mon court-métrage m’a permis de faire mon coming out»

Risheeta Agrawal À 26 ans, elle dirige sa propre agence de production publicitaire.

La réalisatrice indienne Risheeta Agrawal a participé à près de 70 Film Festival et a obtenu une dizaine d’afars pour son court-métrage « Naughty Amelia Jane ». Elle était de passage à Maurice pour le festival Île Courts et revendique son homosexualité dans un court-métrage. Rencontre.

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Une Indienne introvertie, mais ouverte d’esprit. « Je n’aime pas socialiser. C’est pour cette raison que j’écris, pour pouvoir extérioriser et m’exprimer », lance Risheeta Agrawal. 

À 26 ans, la jeune réalisatrice, née dans un petit village de Delhi, gère d’une main de maître son entreprise de production. C’est autour d’un café qu’elle raconte son parcours.

Risheeta nourrissait le rêve de devenir cinéaste, mais finit par suivre les conseils de sa mère qui préférait qu’elle assure son avenir en optant pour des études plus académiques. « Je n’aimais pas vraiment cette filière, mais depuis très jeune déjà j’étais une élève brillante malgré moi. Je faisais toujours partie des trois meilleurs de la classe. C’est un peu cela qui m’a poussé à faire des études en économie. »

En effet, la jeune femme intègre une prestigieuse université et obtient son degré en économie. Mais cette envie de réaliser un film brûlait en elle.

Enfant, elle dévorait les films. « Je me souviens de la collection de VCD et DVD de mon père. Je viens d’un petit village de Delhi et nous n’étions pas vraiment exposés à la culture du monde. Je me réfugiais donc dans les films. À 12 ans, j’avais déjà regardé “Gladiator” six fois. »

À cet âge, Risheeta savait déjà qu’elle voulait se retrouver dans cet univers. Son amour pour le cinéma était inscrit dans son ADN. « Mon père est un amoureux de cinéma et je pense tenir cela de lui. Je n’ai jamais été proche de lui, car il était alcoolique et cela fait au moins six ans que nous ne nous parlons plus. Il avait essayé de faire un film, mais n’y est pas parvenu », raconte-t-elle.

Risheeta intègre l’industrie de l’événementiel aux côtés de sa mère qui gère « EO2 Events ». « Il y a trois ans, ma mère a dû fermer la compagnie à cause de problèmes familiaux, j’avais alors 16 ans et je m’étais promis de toujours la soutenir. Adolescente, je lui prêtais main-forte après les heures d’école. Ma maman est une des femmes les plus courageuses que je connaisse. Elle a commencé avec rien. » 

Après presque cinq ans en tant que directrice créative de l’agence « EO2 Events » en Inde, elle déménage à Prague pour étudier le cinéma à Prague Film School. « J’avais déjà essayé d’intégrer quelques écoles de cinéma dans le passé, mais je n’avais pas eu de bourses. »

C’est durant ses études à Prague que Risheeta réalise son premier court-métrage « Naughty Amelia Jane ». « Mes études n’ont pas toujours été faciles. Quand j’ai fait mon film, l’université pensait que c’était un projet trop ambitieux. Mon script était sur un Excel Sheet, car c’est dessus que je savais le mieux travaillé. J’ai échoué dans cinq classes durant cette période. »

« Naughty Amelia Jane » a été réalisé dans le but de faire son coming out. « Je suis gay et ce court-métrage était l’occasion pour moi de le faire savoir à ma famille, car je n’avais pas le courage de leur dire en face. »

Elle y raconte son histoire avec son ex petite-amie, avec qui elle a rompu à cause des tabous et de la pression exercée par la société. « J’ai rendu le film aussi personnel que possible, afin que ma mère puisse lire entre les lignes. La première fois qu’elle l’a vu, elle a eu un long moment de silence. Nous étions en vidéo-conférence et j’étais tétanisée. Elle m’a rappelé dix minutes plus tard pour faire une blague et me dire qu’elle devra maintenant acheter des bijoux en double ».

Le film, lancé il y a environ un an et demi, connaît un succès sans précédent : 70 festivals de courts-métrages et dix awards internationaux : meilleure réalisation, meilleur film, meilleur acteur, etc.

Elle travaille déjà sur son nouveau film qui s’inspire une nouvelle fois de son expérience personnelle. « Je m’investis corps et âme dans tout ce que je fais. C’est plus facile d’explorer un film lorsqu’on l’a vécu. Du choix méticuleux des acteurs en passant par leurs tenues, j’ai pris six mois pour la préproduction de mon premier court-métrage. Mon nouveau film parlera cette fois de comment j’ai trouvé l’amour. » Sa sortie est prévue d’ici six mois.

Femme entrepreneure, elle dirige aujourd’hui une agence de production publicitaire en Inde qui, seulement six mois après sa création, s’adresse déjà à des clients tels que L’Oréal, Condé Nast, Sketchers, entre autres.

Selon elle, il suffit de croire en ses rêves. « Il est important lorsqu’on est réalisateur de croire dans ce qu’on fait. Vous rencontrerez des centaines de personnes qui auront des opinions et voudront vous dire quoi faire. Mais à la fin c’est votre décision qui prime. Il faut croire en soi et en sa créativité », fait-elle ressortir.

 

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