Des habitants des quartiers de Baie-du-Tombeau, Roche-Bois, Riche-Terre et des alentours sont mécontents. Ils contestent le projet d’installation d’un incinérateur dans la zone industrielle de Riche-Terre. Ils se sont regroupés autour du Mouvement anti-incinérateur.
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Le projet de l’installation d’un incinérateur par la compagnie Véolia Recycling & Environmental Services (Mauritius) Ltd dans la zone industrielle de Riche-Terre pour traiter les déchets d’hydrocarbures des fonds des cuves des navires ; les déchets médicaux et anatomiques ainsi que des animaux morts ; les terres contaminées ; les déchets en plastique et les filtres à huiles usagées, n’est pas au goût des habitants. Pour ces derniers, cela risque de mettre leur santé en péril en raison de l’émanation de dioxines et furannes par l’incinérateur. Ils affirment que cela peut causer des problèmes de reproduction et de développement, nuire au système immunitaire, interférer avec les hormones et causer le cancer.
Regroupés autour du Mouvement anti-incinérateur, ils contestent le projet. Une pétition avec plus de 5 000 signatures récoltées en une semaine a été envoyée aux autorités concernées afin de leur faire part de leur désapprobation. Grégory Ng, membre du mouvement, explique que pour la salubrité publique, ce n’est pas une bonne idée d’implanter un incinérateur dans la zone industrielle alors qu’il y a des habitations et des hôtels tout autour.
Initiatives
« Ce n’est pas une activité qui convient dans la région », dit-il. Il explique que le mouvement s’est formé quand les habitants ont pris connaissance du projet. Plusieurs initiatives ont été prises afin d’informer les résidents du risque qu’un tel projet peut avoir sur leur santé. Divers moyens seront mis en œuvre afin de faire entendre leur voix, nous a-t-il fait comprendre. Un rassemblement est également en gestation à Baie-du-Tombeau. Il devrait avoir lieu le dimanche 30 juin.
Serge Goder, un retraité de 77 ans habitant Baie-du-Tombeau, considère qu’il n’est pas normal qu’un tel projet leur soit imposé à moins d’un kilomètre des habitations. « Nous allons nous battre pour que ce projet ne se concrétise pas afin qu’il ne mette pas en péril notre santé et celle de nos enfants. Ce n’est pas par méchanceté que nous contestons le projet », martèle-t-il.
Lui qui aspirait à une retraite paisible a désenchanté quand il a pris connaissance de la démarche de la compagnie Veolia. « Cela m’inquiète. En dépit des assurances données, nous ne savons pas ce qui risque d’arriver », dit-il. Le retraité affirme aussi qu’il s’est joint au mouvement pour une bonne cause. « Je suis apolitique. Aussi longtemps que le mouvement va agir dans l’intérêt général de manière civilisée, je vais le soutenir », explique Serge Goder.
Nos deux interlocuteurs soutiennent qu’ils n’ont pas été convaincus par le communiqué de la compagnie Véolia Recycling & Environmental Services (Mauritius) Ltd. Pour eux, tout promoteur qui se respecte ne va jamais dire que son projet va causer des préjudices aux habitants. « Un incinérateur est une usine à poisons. Il y aura toujours des particules qui vont s’échapper. Personne n’a de boule de cristal et nul ne peut savoir ce qui risque de se passer. On préfère jouer la carte de la prudence », fait ressortir Grégory Ng.
Véolia rassure
Dans un communiqué émis en réponse à la crainte des habitants des différentes localités autour de Riche-Terre, Véolia Recycling & Environmental Services (Mauritius) Ltd fait ressortir que son projet est unique. « Cet incinérateur ne produira pas d’électricité et ne traitera pas de déchets ménagers ». Elle souligne également que l’infrastructure apportera surtout une solution appropriée à la gestion de déchets d’hydrocarbures, médicaux, plastiques ainsi qu’aux sols contaminés et filtres à huiles usagées. L’incinérateur sera de petite capacité et n’a pas pour vocation de fonctionner en continu, fait-elle ressortir.
La compagnie précise que l’infrastructure sera construite selon les normes européennes et en respect de toutes les conditions requises par le ministère de l’Environnement. Selon le communiqué, l’incinérateur sera le seul à Maurice à être doté d’un analyseur de fumée en continu et d’un filtre céramique.
Véolia Recycling & Environmental Services (Mauritius) Ltd précise qu’elle a déjà fait ses preuves à Maurice à travers la gestion du centre de traitement des eaux usées de St-Martin. La compagnie donne ainsi la garantie que l’incinérateur ne posera aucun risque pour la santé publique et l’environnement. « Notre objectif est de réduire les déchets et non d’en produire. Nos opérations ont pour objectif de mitiger l’impact des activités humaines sur l’environnement », peut-on lire dans le communiqué.
La zone industrielle de Riche-Terre a été choisie pour sa proximité avec le port, permettant le transport des déchets d’hydrocarbures provenant des navires. Cette région est aussi connectée à toute l’île à travers les autoroutes.
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