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Richard Duval, ministre du Tourisme : «Je suis en faveur de l’ouverture de notre ciel»

Dans un entretien exclusif à Le Dimanche/L’Hebdo, le ministre du Tourisme décortique le nombre d’arrivées au cours de la basse saison. Richard Duval explique son silence sur le dossier Air Mauritius. Il fait état du ciblage des marchés indien, chinois et asiatique.

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La haute saison frappe à la porte...
Je vois que vous abordez la haute saison, alors qu’il y a tant à dire sur la basse saison, dans laquelle nous sommes encore. 

Dans ce cas, reprenons ! Qu’avez-vous à dire sur la basse saison ?
La basse saison 2025 a été magnifique et fructueuse. Je ne pense pas que le pays en ait connu d’aussi belles et performantes jusqu’ici. Depuis le mois d’avril, nous n’avons cessé, quinzaine après quinzaine, mois après mois, d’enregistrer une hausse au niveau des arrivées. Certains chiffres sont incroyables. Par exemple, en avril, nous avons accueilli près de 15 000 visiteurs de plus qu’à la même période en 2024. Avril a été un mois historique.

À maintes reprises, vous utilisez le terme « mois historique » pour décrire ce mois d’avril...
Et je le répéterai autant de fois qu’il le faudra, car c’est la pure vérité. 120 157 visiteurs en un seul mois d’avril, c’est historique. Mais ce n’est pas tout. De mai à juillet, notre destination a accueilli chaque mois au moins 10 000 touristes de plus par rapport au mois correspondant de l’année dernière. 

Les chiffres pour le mois d’août seront publiés la semaine prochaine. Ils confirmeront la tendance, d’autant que pour la première quinzaine d’août, nous avions accueilli 4 631 touristes de plus par rapport à la même période en 2024. Je ne crois pas que les Mauriciens aient pris note de cette performance remarquable du pays.

Quel serait le message essentiel à retenir, selon vous ?
Plusieurs ministres du Tourisme ont exprimé, par le passé, le souhait d’en finir avec la basse saison. Cependant, force est de constater que c’est le gouvernement actuel, sous la direction du Premier ministre Navin Ramgoolam, et l’actuel ministre du Tourisme qui ont réussi à se rapprocher le plus de cet objectif.

J’aurais pensé que vous vous seriez targué d’être le ministre qui a éliminé la basse saison…
Je ne suis ni prétentieux ni arrogant. Bien au contraire, je suis quelqu’un qui a les pieds sur terre et qui pèse ses mots. La prudence est toujours bonne conseillère. D’autant que le secteur du tourisme est très dynamique : il évolue selon les goûts des voyageurs. Mon équipe et moi travaillons dur. Nous sommes conscients que des mesures appropriées doivent être prises en fonction de la conjoncture.

Il y a aussi eu des critiques, certaines méritées, d’autres très injustes et personnelles. Mais le plus important, c’est le résultat. Du 1er janvier au 15 août 2025, nous avons accueilli 852 117 visiteurs, soit 29 973 de plus que pour la même période en 2024. Je suis certain que cet écart aura augmenté lorsque Statistics Mauritius publiera les chiffres du mois d’août, mercredi prochain.

Les critiques ont été très fortes durant le premier semestre, car de janvier à mars, il y a eu une baisse des arrivées. Est-ce qu’aujourd’hui, vous connaissez les raisons de cette baisse ?
Nous avons plusieurs hypothèses. Le climat en est une. Nous avons connu des inondations en janvier 2023 et janvier 2024. Cela a pu pousser certains visiteurs à opter pour des mois, disons, plus calmes en 2025.

La Mauritius Tourism Promotion Authority est un autre facteur. L’organisme a été trop occupé à jouer la vache à lait pour un hôtel en particulier vers la fin de 2024, au lieu d’assumer son rôle de promotion. La récession en Europe et le chikungunya à l’île de La Réunion ont aussi impacté les arrivées… tout comme certaines décisions prises par les grandes compagnies de croisière. 

Je suis persuadé que les Mauriciens ont oublié un autre facteur important : la décision de l’ancien gouvernement de bloquer l’accès aux réseaux sociaux pendant 48 heures en raison des Moustass Leaks. On ne réalise pas le tort que cette décision a causé au pays. Qui voudrait venir dans un pays où le gouvernement bloque l’accès aux réseaux sociaux ? Combien de personnes ont choisi de bouder Maurice durant cette période ?

Êtes-vous confiant que les mois d’octobre à décembre seront synonymes de croissance ?
Je l’espère vivement. Les réservations à l’avance dans les hôtels sont très positives. Et je reste optimiste !

Octobre est le début de la haute saison. Mais le 1er, la nouvelle taxe, la Tourist Fee, va entrer en vigueur. Avez-vous des appréhensions quant à son impact ?
Tout d’abord, je préfère le terme « contribution » aux mots « fee » ou « taxe ». C’est ainsi que j’aurais qualifié la Tourist Fee. Il est essentiel de préciser que cette contribution existe dans d’autres destinations. Par exemple, les Maldives ont la Green Tax, et les Seychelles la Tourism Environmental Sustainability Levy. Dans le cas des Maldives, le montant prélevé est quatre fois plus élevé qu’à Maurice.

Il y a des inquiétudes dans le secteur concernant sa mise à exécution…
Je suis conscient des inquiétudes des opérateurs. Mercredi, j’ai eu une réunion avec le Junior Minister aux Finances Dhaneshwar Damry, ainsi que des cadres de ce ministère et ceux de la Mauritius Revenue Authority. Ils m’ont informé qu’une communication sera émise pour expliquer la procédure et rassurer les opérateurs. Je reviendrai sur le sujet dans les prochains jours.

Quels sont les marchés qui doperont les arrivées au cours de la haute saison et/ou dans les années à venir ?
C’est une question bien trop vaste et complexe pour y répondre en quelques phrases. Mais pour faire court, nous nous tournons vers l’Inde et la Chine, qui ont tous deux un potentiel énorme, ainsi que l’Asie en général. De plus, je reste persuadé que nous pouvons exploiter davantage le marché sud-africain. Je rêve aussi de développer le marché américain.

Dans tous les cas, la connectivité reste le principal défi. Il y a des considérations économiques, mais aussi géopolitiques à prendre en compte. Par exemple, sur certaines routes aériennes, les avions sont déjà bondés. Alors, comment allons-nous accueillir plus de touristes sans ajouter de vols supplémentaires ? Comment développer un marché sans ligne directe ? 

Je suis en faveur de l’ouverture de notre ciel à de nouvelles compagnies aériennes. D’autant que les gens veulent de plus en plus de vols directs. 

Vous êtes en retrait par rapport au dossier Air Mauritius et les suggestions de partenariat stratégique. Est-ce volontaire de votre part ?
Même si le tourisme est tributaire de la santé, financière et autre, d’Air Mauritius, ce dossier ne fait pas partie de mes attributions en tant que ministre du Tourisme. C’est ainsi.

Mais j’ai des discussions avec les responsables de la compagnie aérienne nationale et aussi ceux d’autres compagnies aériennes qui sont intéressées à venir ou revenir à Maurice ou encore à augmenter leurs vols. N’oubliez pas, enfin, que le dossier Air Mauritius est aussi évoqué au Conseil des ministres. Là, tous les ministres peuvent s’exprimer.

En amont de la haute saison 2026-27, quel type de campagne de promotion préconisez-vous ?
Le digital devra occuper une plus grande place dans nos prochaines campagnes de promotion. C’est inévitable. Il nous faut suivre l’évolution. Les campagnes à l’ancienne sont révolues.

Je souhaiterais, pour une fois, que tous les partenaires du secteur touristique et les Mauriciens en général prennent conscience du travail abattu par mon équipe durant ces derniers neuf mois. Je reste optimiste pour l’avenir. Maurice reste une destination attrayante, quoi qu’on ait pu dire ces derniers temps. 

 

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