
Alors que le Budget 2025-2026 propose de repousser l’âge d’éligibilité à la pension de vieillesse de 60 à 65 ans, la question continue de susciter des débats. Lors de l’émission Au cœur de l’Info, acteurs politiques, économistes et experts ont confronté leurs analyses. Le ministre Reza Uteem, en première ligne, a défendu une réforme qu’il juge inévitable, tout en affirmant qu’il est disposé à faire « des sacrifices ».
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L’annonce d’un report de l’âge d’accès à la pension de vieillesse a provoqué de nombreuses réactions. Pour Reza Uteem, ministre du Travail, la grogne des citoyens concernés est compréhensible. « Il est tout à fait légitime que des gens qui s’attendaient à recevoir leur pension cette année-ci expriment leur mécontentement », a-t-il reconnu.
Le gouvernement, assure-t-il, a dû arbitrer entre plusieurs options. Le choix de ne pas augmenter la TVA s’est imposé. « Les gens n’aiment pas la taxe », a-t-il souligné, en ajoutant que 80 % des travailleurs ne seront pas touchés par de nouvelles impositions. Le budget, selon lui, vise principalement les contribuables les plus fortunés et les hauts revenus.
Face à la pression démographique et aux alertes répétées d’organismes internationaux comme le Fonds monétaire international ou la Banque mondiale, Reza Uteem juge cette réforme indispensable. Il rappelle que le système hérité de la contribution sociale généralisée (CSG), introduite en 2020 sous l’ancien ministre Renganaden Padayachy, a montré ses limites. « Les dépenses payées à partir de ce fonds ont excédé les revenus engendrés », a-t-il fait ressortir.
Si la pension universelle est une allocation sociale assumée par l’État sans condition de contribution, le ministre indique que ce n’est pas le cas pour les pensions des parlementaires. Ces dernières nécessitent, selon lui, des cotisations mensuelles dépassant les Rs 20 000. Réagissant aux critiques sur les privilèges parlementaires, Reza Uteem affirme : « Cela ne me dérange pas de faire des sacrifices ».
L’économiste Nalini Burn estime de son côté que le débat aurait dû précéder le budget. Elle regrette l’absence de discussion en amont. Selon elle, le ciblage annoncé par le gouvernement ne remet pas en cause le Basic Retirement Pension (BRP), mais les dépenses globales de l’État.
Elle rappelle que le BRP représente un quart des dépenses publiques, mais qu’il n’est pas seul en cause. Pour elle, « il y a de la marge pour réduire d’autres dépenses ». L’économiste met en lumière un déséquilibre structurel : les revenus de l’État restent en deçà des dépenses. Elle souligne également l’absence d’évaluation des politiques publiques, un facteur qui freine, selon elle, une gestion plus rigoureuse des finances publiques.
Sur le plan actuariel, Sattar Jackaria insiste sur la nécessité d’une approche technique. Le spécialiste note une baisse continue du taux de natalité et une augmentation du nombre de retraités. Cette tendance démographique met le système sous tension.
Il rappelle que la pension doit être versée lorsqu’un individu quitte son emploi, mais que des alternatives existent. Il évoque les dispositifs de préretraite ou de pension différée déjà prévus dans le cadre du National Pension Fund (NPF). Selon lui, « une réforme de tous les piliers est nécessaire, pas uniquement du BRP ». Il appelle à une réforme des pensions parlementaires et à des mesures incitatives pour encourager l’épargne dès le plus jeune âge.
Enfin, l’ancienne députée Nita Deerpalsing a souhaité rappeler le rôle historique du Parti travailliste, à l’origine de l’allocation de vieillesse en 1958. Pour elle, résoudre les déséquilibres financiers ne passe pas seulement par des réductions de dépenses sociales. Elle défend une stratégie axée sur le développement des secteurs productifs afin d’accroître les revenus de l’État.
Elle s’interroge sur les signaux envoyés à la population : « Pourquoi demander à ceux qui ont des revenus moyens de se serrer la ceinture si les ministres ne montrent pas l’exemple ? » Nita Deerpalsing plaide ainsi pour une forme d’équité dans les efforts à consentir, notamment à travers des gestes symboliques et concrets de la part des dirigeants.

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