Interview

Reza Issack, membre du BP du PTr : «Ramgoolam pas homme à céder sa place de leader»

Reza Issack

Reza Issack condamne sévèrement les propos tenus par le vice-Premier ministre Showkutally Soodhun à l’égard du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Il est sans équivoque sur le leadership du Parti travailliste : il ne faut pas compter sur Navin Ramgoolam pour céder sa place.

Publicité

D’emblée, que pensez-vous des propos de Showkutally Soodhun contre Xavier-Luc Duval lors d’une Eid Party?
(Rires) Quand Showkutally Soodhun est sérieux, il fait rire! Que n’a-t-il pas dit comme niaiserie ? Tantôt, il se targue d’être l’esclave de sir Anerood Jugnauth, tantôt il dit être traumatisé parce que devant lui un kamikaze s’est fait exploser devant un policier en Arabie saoudite. Le voilà qui veut faire le jihad au Parlement contre Xavier-Luc Duval. Enn mari komik, sa ! Néanmoins, ce qu’il a dit en public est grave. C’est une intention malsaine, voire une menace grave. Et il appelle cela le jihad ? De tels propos sont dangereux. Soodhun doit se ressaisir, rectifier et même présenter ses excuses publiquement. C’est le conseil fraternel que je lui donne.

Depuis les dernières législatives, vous vous êtes fait tout petit. Êtes-vous sur le départ du PTr ?
(Rires) Nou dan karo kann la ! C’est pourquoi vous ne me voyez pas ! Sérieusement, je suis toujours membre du Parti travailliste. J’y suis, j’y reste ! Il n’y a que des couards qui abandonnent l’armée après avoir perdu une bataille. Je suis actif au niveau du parti, toujours présent aux côtés des activistes du No 19, prêt pour m’engager dans la bataille de Belle-Rose/Quatre-Bornes …

Tout le monde s’attendait à un renouveau du PTr après sa débâcle de décembre 2014. Pourtant, Navin Ramgoolam s’accroche plus que jamais au leadership. Explications…
Dynamités aux élections de décembre 2014, nous avons pris du temps pour comprendre notre désorientation et nous relever. Il y a eu, par la suite, une persécution contre des membres du PTr, particulièrement Navin Ramgoolam. Nous avons pris du temps pour retrouver nos marques. Je constate, comme beaucoup, que nous prenons effectivement trop de temps pour nous réorganiser. Nous devons impérativement entreprendre des actions énergisantes, refaire notre vitrine, recruter de nouveaux membres, retourner aux sources et, surtout, moraliser. La repentance, un changement d’attitude et de stratégies sont plus que jamais nécessaires pour la reconquête du pouvoir. Ajoutons à cela une communication intelligente et agressive. Quant à Navin Ramgoolam, il est tout à fait normal et légitime qu’il cherche à se maintenir à la tête du parti, d’autant plus qu’il a son honneur à défendre. On ne doit pas - alors qu’il traverse des moments difficiles - l’affliger.

Soodhun doit se ressaisir, rectifier et même présenter ses excuses publiquement (ndlr : à Xavier-Luc Duval). C’est le conseil fraternel que je lui donne.»

Navin Ramgoolam avait demandé à des cadors de son parti de démissionner de leurs postes de responsabilité le temps que dure l’enquête diligentée contre eux. Pourtant, malgré toutes les casseroles qu’il traîne, il s’accroche à son poste de leader des rouges. L’exemple ne devrait-il pas venir d’en haut ?
J’étais l’un des premiers et l’un des rares à demander à ce qu’il step down comme leader quand le régime et sa police l’ont accablé de mille et une charges. Et c’est ce qu’il avait fait. Mais, ayant le caractère qu’il a, il est retourné aux commandes. Les choses ont évolué depuis. Plus de 80 % des charges contre lui ont été rayées. Il ne lui reste que deux affaires en cour. Attendons-voir. Une chose est sûre : il est optimiste. Et Navin Ramgoolam n’est pas homme à céder sa place de leader facilement.

Que représente la partielle au No 18 pour le PTr, le MMM et le MSM ?
L’enjeu est gros, car il déterminera la force et la crédibilité de chaque parti. Arvin Boolell doit absolument gagner cette partielle, si elle a lieu. C’est notre candidat idéal. Son nom a été proposé par Navin Ramgoolam et a été unanimement accepté. Son charisme et sa popularité sont indubitables. Sa victoire sera, certes, celle du Parti travailliste qui, subséquemment, se requinquera. Il y va de la crédibilité de l’équipe et de sa future orientation. Ce sera aussi un test de crédibilité pour le MMM qui, depuis la débâcle de décembre 2014, a beaucoup perdu de sa superbe. Une victoire, ce sera bon pour le moral et, également, une indication sérieuse que le virus «  macronien » a gagné nos rivages.

Quant à Pravind Jugnauth, il n’est pas pressé. Il laissera les partis de l’opposition s’entretuer avant d’annoncer la date de cette joute électorale palpitante. Il alignera un candidat pour ne pas être considéré comme un couard.

Beaucoup estiment que le choix de Ramgoolam  portant sur Arvin Boolell  pour défendre les couleurs du PTr à la partielle est calculé, affirmant qu’il envoie son poulain au casse-pipe. Boolell gênerait-il autant ?
Oui, c’est un choix calculé, intelligemment calculé. Ramgoolam reste un fin stratège et un spécialiste des partielles. S’il a choisi Arvin Boolell, c’est pour gagner cette élection. Ce sera SA victoire, NOTRE victoire à tous. Navin Ramgoolam et Arvin Boolell ont des liens politiques ombilicaux. Ils ont des divergences, certes, mais ils ont de l’affection l’un pour l’autre. Pour les deux, le parti compte avant tout.

Existe-t-il un plan de reprise de pouvoirs du PTr avec un programme étoffé qui plaît ?
La reconquête du pouvoir passe obligatoirement, entre autres, par un programme réaliste et  réalisable, et non pas des promesses sucre d’orge, voire mensongères. Conscients des attentes d’une population déçue et blasée, nous devrons venir de l’avant avec  un manifeste électoral admissible parce qu’honnête.

Nous avons des éléments très valables au Parti travailliste, des professionnels, des experts, dont la compétence ne fait pas de doute. Le programme sera là en temps et lieu …

Quelle alternative offre le PTr au MMM et au MSM ?
Pas d’alternative ! L’alternance, c’est nous !

Ramgoolam, dans une sortie publique, a qualifié certains de son camp de « scorpions ». Vous sentez-vous également visé ?
Nullement. Je pique en face et ouvertement, contrairement à ceux qui sont miel devant le leader et fiel derrière lui. Dans tous les partis politiques il y a des scorpions et des serpents venimeux. 

Lors d’une interview, le député rouge Ezra Jhuboo a laissé parler son cœur et a dit le fond de sa pensée sur son parti, mais il a eu droit à une opération ‘brosse la tête’. Le droit de penser autrement ne figure-t-il pas à l’agenda des rouges ?
Tout le monde a le droit à la parole au Parti travailliste. Nous disons librement ce que nous pensons. Comme je le fais en ce moment. Si j’étais dans un autre parti, il y a longtemps qu’on m’aurait foutu dehors ! Dir sa ki to oule, lager kouma to anvi, me kan fini, to may likou to ale. Voilà le Parti Travailliste! Une fois, des ministres et députés appréhendaient ce que j’allais dire sur un projet de loi. Navin Ramgoolam, alors Premier ministre, m’appela à son bureau et me dit : « Mo anvi to koz ek to leker et dir seki to anvi! ». Plus démocratique que ça, tu meurs!

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !