Cette semaine a débuté avec la révocation du ministre Vikram Hurdoyal et un mini-remaniement ministériel. Une situation qui est suivie de très près par la communauté des affaires. Que pensent les opérateurs de ce qui se passe actuellement sur la scène politique ? Quelles sont leurs craintes ? Que recommandent-ils ?
Le constat
Abdel Ruhomutally, Managing Director de GFA Insurance :
Nous sommes en semi-mode électoral. Or, il y a des préoccupations plus urgentes qui sont, malheureusement, reléguées au second plan telles que les inondations, à titre d’exemple. Quelles sont les mesures qui seront mises en place pour évacuer les gens de la capitale ? Quel est le mécanisme qui s’appliquera de facto si jamais il y a un tsunami ou encore si le volcan du Trou aux Cerfs se réveille, car ces risques nous menacent ? Il y a tellement de choses sur lesquelles nous devons ‘focus’, mais voilà qu’il y a déjà les élections qui approchent. Du coup, le mood au sein de la communauté des affaires reste neutre, presque en mode stand-by. Et cela dans la mesure où il n’y a rien de nouveau, de concret pour booster et redynamiser le pays voire pour changer le paysage économique de Maurice. À titre d’exemple, dans le tourisme, nous continuons à miser sur la France et La Réunion, alors que les Seychelles misent davantage sur les Arabes et les Russes, qui eux dépensent beaucoup plus. »
François de Grivel, industriel :
« Comme tout le monde, je lis tout ce qui se passe dans la presse. Tout ce que j’espère, c’est qu’il y aura une stabilité et qu’on se concentrera plus sur notre travail de
façon à ce que l’économie en sorte gagnante. »
Mala Chetty, entrepreneure :
« Je me sens concernée par la révocation du ministre de l’Agro-industrie dans la mesure où le Jardin des Pamplemousses, qui est en piteux état, tombe sous ce ministère. Est-ce que cela aura une incidence positive sur l’entretien et l’avenir de ce jardin, qui est un fleuron de notre industrie touristique et de notre patrimoine ? Si on a changé de ministre, j’espère que c’est pour le mieux et pas pour le pire. Cela dit, dans un contexte pré-électoral, nous devons nous attendre à une vague de changements. Est-ce que la population en fera grand cas ? Je ne le pense pas ! »
Maya Sewnath, chef d’entreprise :
« Au niveau des PME, la situation est difficile et les choses se compliquent de jour en jour. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Avec le changement de ministre, il faudra tout reprendre à zéro. Nous étions en pourparlers avec le ministre Bholah, qui connaît notre dossier. Il faudra maintenant rencontrer son remplaçant et évoquer à nouveau nos problèmes. »
Les possibles conséquences
François de Grivel :
« Dans le court terme, il n’y aura pas d’impact, mais on peut craindre pour l’image du pays auprès des investisseurs étrangers et au sein de la population mauricienne dans les quatre/cinq
mois, dépendant de l’évolution de la situation. »
Abdel Ruhomutally :
Le ministre des Services financiers était sur la bonne voie. Il a fait d’ailleurs enlever le pays de la liste noire. Quand tout marche bien, pourquoi on bouge un ministre pour mettre quelqu’un d’autre ? A-t-on besoin de lui à l’Agriculture, fauteuil qu’il avait déjà occupé dans le passé ? Cela dit, à quelques mois d’une élection, on ne bouge pas un ministre, surtout celui du Secteur financier. Quoiqu’il en soit, en termes économiques, il n’y aura pas de bouleversement. »
Maya Sewnath :
« Il est encore trop tôt pour savoir comment évoluera la situation. Le plus important est de rencontrer la nouvelle ministre et de savoir quelles seront ses priorités. Cela dit, avec les élections qui sont derrière nos portes, je vois mal ce qu’on pourra accomplir dans ce lapse de temps. Attendons voir ! »
Mala Chetty :
« Ce n’est pas la vague de changement qui m’interpelle. Ma considération va au-delà de cela. Il faut maintenir le vivre ensemble dans ce contexte pré-électoral. Il ne faudra pas que des incidents politiques viennent affecter ce vivre ensemble et, par conséquent, bouleverser le business. Il faut la stabilité pour que l’économie marche, surtout le tourisme. Cela dit, les politiques ont tout fait jusqu’à présent pour maintenir cet équilibre. »
Les recommandations
Abdel Ruhomutally :
« La première chose qu’on attend quand on révoque un ministre, ce sont des explications. En tant que businessman et citoyen, j’aurais aimé être informé de la raison derrière cette révocation. La même chose s’applique aussi pour l’entreprise. Quand on remercie quelqu’un, il faut informer et donner des explications. La révocation du ministre Hurdoyal serait-elle liée à la pénurie des oignons ? Ou au fait qu’il ne sait pas gérer un ministère ? Il faut donc communiquer et le faire avec rapidité pour faire taire toutes les spéculations. Et ainsi rassurer le monde des affaires et la population en général. »
Mala Chetty:
« Maintenir la stabilité est le plus important pour Maurice. Les politiques ne doivent pas faire passer leurs intérêts personnels avant ceux du pays. Ils ne doivent pas jeter de l’huile sur le feu. Sans la stabilité, il n’y aura pas de stabilité dans les industries et encore moins dans le tourisme. »
Maya Sewnath :
« Avec ce qui se passe sur le plan économique et politique, nous avons du mal à faire entendre notre voix. L’écoute est importante. Il faut qu’on comprenne nos problèmes et qu’on trouve des solutions pour nous soulager. Il faut prôner le dialogue. C’est le cas entre le gouvernement et le syndicat. Pourquoi pas avec les PME ? »
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