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Révision salariale des conseillers ministériels : la pilule ne passe pas

Jane Ragoo et Haniff Peerun annoncent une conférence de presse, ce vendredi.

L’indignation est générale. Me Parvez Dookhy, avocat en droit constitutionnel et observateur, résume le sentiment ambiant : « On nous parle sans cesse d’efforts collectifs, de discipline budgétaire, de crise économique. Et pendant ce temps, le gouvernement procède discrètement à une augmentation substantielle des salaires de ses collaborateurs politiques. C’est une démarche totalement indécente ! »

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Même constat du côté syndical. Jane Ragoo, de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, y voit « une inconsidération totale du gouvernement envers le peuple », tandis que Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, dénonce une « insulte aux nombreux travailleurs de ce pays ». Selon ce dernier, « on ne peut pas demander aux travailleurs de faire des sacrifices et, dans le même souffle, accorder de généreuses augmentations salariales à des collaborateurs politiques sous couvert de discrétion ministérielle ». Jane Ragoo s’interroge : « Comment peut-on justifier une telle décision en pleine crise sociale ? »

Pour tous, le calendrier de cette décision tombe mal. Me Dookhy prévient que cette revalorisation « ne peut qu’exacerber un climat social déjà tendu, notamment avec la grogne persistante autour de la réforme de la pension universelle », et constitue « un affront au bon sens » dans un contexte où « le peuple réclame justice, équité et transparence ».

Au-delà de la question salariale, cette affaire illustre un dysfonctionnement plus large, estime Me Parvez Dookhy : « Le fait qu’un comité ministériel ait été mobilisé pour répondre à la demande de certains conseillers en quête de revalorisation salariale est révélateur. On agit promptement pour satisfaire quelques-uns, pendant que les revendications citoyennes sont ignorées, voire méprisées. »

Il est clair, pour Haniff Peerun, que « le gouvernement a perdu le sens des priorités ». Il cite en exemple certains déplacements ministériels coûteux : « Pendant qu’on augmente les salaires des Advisers, on apprend qu’un ministre, en l’occurrence Assirvaden, a effectué un déplacement coûtant près d’un demi-million de roupies. Tout cela, aux frais du contribuable. Au final, ‘zot pe zis get zot pos ek zot bann pros, pas lepep !’ 

Me Parvez Dookhy met en garde contre les répercussions à long terme sur la confiance du public envers les institutions. Un constat partagé par les syndicats, qui, dénonçant une « provocation de plus », estiment que « la rupture entre les élites dirigeantes et le reste de la population n’a jamais été aussi flagrante ». Face à cette situation, une riposte syndicale coordonnée se prépare. Une conférence de presse de la plateforme syndicale est prévue ce vendredi 27 juin. 

Pour Me Dookhy, cette situation exige une remise en question en profondeur : « Ce n’est pas une question de chiffres, c’est une question de justice. À un moment où chaque centime de l’État doit être utilisé avec rigueur, cette augmentation n’a pas sa place. Elle envoie un très mauvais signal, à tous les niveaux. »

  • Nou Lacaz

 

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