Quatre ans après la découverte du corps calciné de l’agent du MSM Soopramanien Kistnen, se rapproche-t-on de la vérité sur cet assassinat ? À la suite de ses « dénonciations » dans un affidavit juré le mercredi 31 juillet, Vishal Shibchurn sera interrogé par une équipe de la MCT et du CCID.
Vishal Shibchurn détient-il la clé de l’énigme qui permettra de lever le voile sur le meurtre du « Top Agent » du Mouvement socialiste militant (MSM) dans la circonscription n°8 (Quartier Militaire/Moka), Soopramanien Kistnen, dit Kaya, dont le corps calciné a été découvert dans un champ de canne à Telfair, Moka, le 18 octobre 2020 ? Aux Casernes centrales, les limiers ont déjà examiné le contenu de l’affidavit que le récidiviste a juré, le mercredi 31 juillet. Ce document, dans lequel il affirme que l’assassinat de Kaya Kistnen aurait été « commandité » et implique des personnalités, a été versé dans le dossier du meurtre de Soopramanien Kistnen, fait-on savoir.
Ce lundi, une escouade de la Major Crime Investigation Team (MCIT) et du Central Criminal Investigation Division (CCID) est attendue à la prison de haute sécurité de La Bastille en vue de procéder à l’interrogatoire de Vishal Shibchurn. Ce dernier sera également confronté à plusieurs questions en vue d’obtenir des informations supplémentaires sur ses dénonciations.
Pour la MCIT, il est primordial d’obtenir les déclarations de Vishal Shibchurn dans une déposition formelle. Une fois cette étape complétée, les divers protagonistes mentionnés seront appelés à s’expliquer devant la police dans cette affaire.
Ce que confirme la cellule de presse de la police. « La police devra prendre le statement du détenu Vishal Shibchurn. Il devra fournir sa version aux enquêteurs. Tout ce qu’il a dit dans son affidavit sera mis dans un statement pad », explique-t-on. « Ensuite, nous verrons en ce qui concerne la marche à suivre », ajoute-t-elle.
La cellule de presse de la police rappelle également les déclarations de l’ex-ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, et de Bassoodeo Seetaram au CCID, jeudi, pour faux affidavit. « Il y a eu deux déclarations à la police disant que l’affidavit est faux. Une enquête devra être initiée afin d’établir la véracité de ce qui a été dit dans l’affidavit », précise-t-on. L’enquête, fait-on comprendre, est toutefois au stade préliminaire.
Il nous revient que le vendredi 2 août, une escouade de la MCIT, placée sous la supervision du surintendant Hayman Dass Ghooraa et de l’inspecteur Ramjeetun, s’est vu refuser l’accès à la prison, faute de documents nécessaires pour obtenir les autorisations d’accès à la prison. Selon le protocole, c’est le commissaire de police, Anil Kumar Dip, qui doit informer le commissaire des prisons par intérim, Jagadisen Rungadoo, de l’interrogatoire.
Ainsi, quatre ans après l’assassinat de Soopramanien Kistnen, se rapproche-t-on de la vérité ? Ce qui est sûr, c’est que les « dénonciations » de Vishal Shibchurn, connu des services de police pour divers cas d’agression, devraient permettre de relancer l’enquête sur les circonstances du meurtre de Soopramanien Kistnen. Car jusqu’ici, les efforts des limiers de la MCIT, une unité spécialisée des Casernes centrales mise sur pied pour détecter les gros cas d’homicide, n’ont pas abouti dans ce High Profile Murder Case, bien que 98 personnes aient été interrogées. Les auteurs de ce crime atroce demeurent inconnus à ce jour.
Cette situation pousse bon nombre d’observateurs à se demander s’il existe une réelle volonté de la police, qui est sous la responsabilité directe du Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Pravind Jugnauth, d’élucider ce meurtre. À l’Assemblée nationale, le vendredi 2 août, le chef du gouvernement a toutefois réitéré son souhait que ce crime soit élucidé. « Les auteurs de ce crime doivent être traduits devant la justice et ils doivent payer pour leur acte », a-t-il martelé en réponse à une Private Notice Question (PNQ) sur cette affaire.
Cependant, le Premier ministre a également affirmé au Parlement, vendredi, que l’affidavit de Vishal Shibchurn est un « tissu de mensonges ». Avant de mettre en garde ceux qui ternissent la réputation des individus innocents ou des institutions.
Dans son affidavit, l’enfant terrible du Sud a déclaré que son ami, le défunt récidiviste Manan Fakoo, lui aurait fait des confidences. Il déclare que Manan Fakoo lui aurait avoué avoir supervisé le meurtre de Kaya Kistnen, qui aurait été éliminé par un groupe d’individus.
Toujours selon les informations dont dispose Vishal Shibchurn, un contrat de Rs 25 millions avait été promis pour cet assassinat, mais Manan Fakoo lui aurait affirmé que seulement une somme de Rs 1 million avait été décaissée, et qu’il subissait des pressions de la part des présumés meurtriers pour obtenir le montant restant. C’est alors, ajoute Vishan Shibchurn, qu’un intermédiaire proche du Premier ministre aurait assuré qu’une VVIP décaisserait le montant restant.
L’enquête judiciaire avait conclu à un acte malveillant
L’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen, présidée par l’ancienne magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, a conclu à un acte malveillant. Le tribunal a suggéré plusieurs pistes pour une enquête approfondie, notamment l’examen de l’allocation des contrats publics et des fameux « Kistnen Papers », un document qui détaillerait les dépenses électorales dans la circonscription n°8 (Quartier-Militaire/Moka). L’ancienne magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath a également critiqué l’enquête policière initiale, qui avait conclu à un suicide. Les travaux se sont achevés le 2 septembre 2021, après l’audition de pas moins de 60 témoins, dont Yogida Sawmynaden, Simla Kistnen, la veuve de Soopramanien Kistnen, Vinay Appanah et Deepak Bonomally, devant le tribunal de Moka.
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