Réveillon - Dernière ligne droite avant Noël : la capitale en ébullition 

Lundi, veille du réveillon de Noël, la capitale vivait au rythme effervescent des préparatifs. Les rues étaient prises d’assaut. Tout se vend et s’achète à prix cassés. Si les étals débordent de produits divers, les petits cadeaux, eux, se multiplient à grande vitesse. Entre sueur et euphorie, le 14ᵉ mois a délié les bourses… mais aussi les esprits. 

Port-Louis s’est transformée en une véritable ruche humaine à la veille de Noël. À perte de vue, une marée de femmes arpente les rues, en quête des meilleures affaires. Rideaux, taies d’oreillers, draps, vêtements et petits cadeaux à prix cassés remplissent sacs et cabas. Derrière elles, les hommes, résignés, servent de porteurs attitrés. 

James, un père de famille essoufflé sous le poids des sacs, plaisante en racontant son rôle du jour : « Ma femme choisit tout, des rideaux, des taies et d’autres peccadilles, et moi je paie et je trimballe. Les enfants s’amusent pendant que vous vous moquez de moi. Vous avez raison, mais c’est Noël, je laisse passer. »

À la rue Jummah Mosque, place à une explosion de couleurs. Oreillers, tapis, chaussures, sandalettes et coussins se disputent les regards des passants. Les étals débordent au point qu’il faut, comme dans le jeu de Radio Plus, « tir o sor, seki gagne gagne », plaisante un habitué.

La rue Desforges, célèbre pour son animation nocturne, n’a pas attendu la tombée du jour pour s’embraser. Impossible de trouver une place de parking, car les marchands ambulants ont envahi les lieux. « Nou marsan anbilan. Samem nou gagn pin. Nou roule ziska 1 er di matin. Nou bizin sa. Nou pa gagn 13ᵉ ek 14ᵉ mwa. Nou vann lor tipri. Apre nou folklor sa », confie Akmez, qui vient de s’installer pour vendre une multitude de cadeaux à des prix défiant toute concurrence.

Du côté de La Corderie, lieu sacré des rideaux et des tissus, les femmes sont reines. Les hommes, eux, se tiennent prudemment à distance, peu enclins à s’aventurer dans ce royaume du chiffon. Un vendeur enthousiaste, encore étudiant mais qui se fait de l’argent de poche, précise à ses clientes : « Ki longer ou ray ? Ki so larzer ? Ki kouler ou le ? Nou la pou tou. Nou vann par met ek oter. » 

Au-delà de l’effervescence, la prudence est de mise. Les risques de vols à la tire planent dans cette foule compacte. Mais pour beaucoup, le véritable danger réside dans les dépenses excessives. Le 14ᵉ mois est certes une bouffée d’air frais, mais le spectre de janvier, souvent synonyme de rigueur, n’est jamais loin.