Dans un rapport publié vendredi, le ‘Think Tank’ britannique Policy Exchange appelle le Royaume-Uni à ne pas céder l’archipel des Chagos à Maurice, car il est, entre autres, « aligné sur la Chine ». Le rapport est cosigné par Lord West of Spithead. Ce dernier était le « First Sea Lord », ancien chef de la Royal Navy et a aussi été sous-secrétaire d’État et conseiller en sécurité lorsque Gordon Brown était Premier ministre du Royaume Uni.
Dans ce rapport, les auteurs appellent au gouvernement britannique de cesser de négocier un traité de cession avec Maurice sur les îles Chagos, qui abrite Diego Garcia, une base navale anglo-américaine, d’importance stratégique capitale pour ces deux pays dans la région. Les auteurs craignent que la perte des Chagos mette les « intérêts stratégiques… en danger » de la Grande-Bretagne et ne soit une « erreur colossale ».
Lord West, l’ancien First Sea Lord, a écrit dans un avant-propos : « Comment le gouvernement peut-il expliquer une décision de négocier avec Maurice, alignée sur la Chine, pour céder la souveraineté de l’île stratégiquement vitale de Diego Garcia ? »
Co-écrit par Richard Ekins, King’s Counsel et « Professor » en droit constitutionnel à l’Université d’Oxford, le rapport prévient que la Chine soutient Maurice pour revendiquer Diego Garcia dans le but de prendre le contrôle du port et de l'aérodrome.
Cette position a déjà été exprimée par des sénateurs américains il y a quelques mois. Pour Lord West, « il ne fait aucun doute que les Chinois poussent Maurice à revendiquer Diego Garcia et que la Chine veut accéder aux installations portuaires et à l’aérodrome et en prendre le contrôle. La profondeur des relations sino-mauriciennes est évidente dans les 47 projets officiels chinois de financement du développement sur l’île. »
Acte irresponsable
Le rapport suggère vivement que le Royaume-Uni refuse une fois pour toutes de négocier avec Maurice. « [Ils] devraient reconnaître que céder les îles Chagos, en particulier sur la base de prémisses juridiques erronées, serait un acte irresponsable, qui mettrait en danger nos intérêts stratégiques – et ceux de nos alliés les plus proches –, tout en sapant de manière imprudente les principes fondamentaux du droit international. »
De nouvelles négociations avec Maurice sur la souveraineté des Chagos sont entamées depuis novembre de l’année dernière, après que la Cour internationale de Justice (CIJ) a conseillé le 25 février 2019, dans un avis consultatif, que le Royaume-Uni mette fin à son administration, suivi par une résolution de l’Assemblée générale des Nations-Unies largement en faveur de Maurice quelques semaines plus tard. Sept rounds de négociations, décrites comme constructives par Maurice et le Royaume-Uni, ont eu lieu jusqu’ici.
Le Royaume-Uni, tout comme Maurice, a réitéré que tout accord entre nos deux pays garantirait le fonctionnement efficace et continu de la base militaire conjointe anglo-américaine de Diego Garcia, qui joue un rôle vital dans la sécurité régionale et mondiale.
Une autre raison qui devrait motiver le refus de céder les Chagos, selon Policy Exchange, serait que ceci pourrait mettre en danger la souveraineté britannique sur les îles Malouines, un archipel de l'océan Atlantique sud revendiqué par l’Argentine.
« En acceptant le principe même d'une revendication mauricienne sur Diego Garcia, ils mettent également en danger d'autres territoires britanniques d'outre-mer comme les îles Falkland », soutient Lord West.
Richard Ekins indique dans le rapport que Downing Street devrait rejeter le verdict et « préciser clairement que les îles Chagos ne seront pas cédées à Maurice ».
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