Rétrocession des Chagos : le Royaume-Uni souhaite un bail de 99 ans pour Diego Garcia 

Plusieurs options ont été émises lors des négociations entre le Royaume-Uni et Maurice au sujet de la souveraineté des Chagos. Une des suggestions du gouvernement britannique est que Maurice lui accorde un bail de 99 ans afin que les États-Unis puissent continuer à opérer leur base militaire en toute sérénité.

Les discussions entre les gouvernements mauricien et britannique sur le retour de la souveraineté de l’archipel des Chagos avancent. Plusieurs options ont été mises sur la table de travail. Trois rounds de discussions ont eu lieu depuis fin 2022. Un quatrième exercice est prévu très bientôt dans le but de conclure un accord dans le courant de l’année. Une des options proposées par le gouvernement britannique au gouvernement mauricien serait que Maurice accorde un bail de 99 ans au Royaume-Uni afin que les États-Unis puissent continuer à opérer leur base militaire en toute sérénité. 

Dimanche, le Mail on Sunday anglais a cité le ministère des Affaires étrangères britannique : « Le Royaume-Uni et Maurice ont tenu trois cycles de négociations constructives sur l’exercice de la souveraineté sur le territoire britannique de l’océan Indien/archipel des Chagos. Les responsables se réuniront à nouveau prochainement pour poursuivre les négociations. Le Royaume-Uni et Maurice se sont engagés à préserver l’efficacité opérationnelle de la base militaire conjointe anglo-américaine à Diego Garcia, qui joue un rôle vital pour la sécurité régionale et mondiale. Le Royaume-Uni et Maurice sont des partenaires au sein du Commonwealth, et les négociations traitent aussi du renforcement de notre coopération sur les questions d’intérêt commun dans la région.» 

Cette proposition d’un bail de 99 ans ne fait cependant pas l’unanimité au niveau des négociateurs mauriciens. Citant une source gouvernementale anglaise de haut niveau, le Mail On Sunday souligne qu’il y a toujours une inquiétude des États-Unis par rapport à une influence accrue de la Chine sur Maurice et une crainte que Maurice puisse céder une partie des Chagos pour une présence chinoise dans la région. « Nous sommes en contact constant avec les Américains à ce sujet. » 

D’ailleurs, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a été chargé par le 10 Downing Street de tenter d’apaiser les inquiétudes des Américains. « Une option envisagée est que le Royaume-Uni conclue un bail de 99 ans sur les îles après le transfert de souveraineté, similaire à l’accord conclu entre Londres et Pékin en 1898 concernant Hong Kong, qui a ensuite été restitué à la Chine en 1997. » 

Selon le Mail on Sunday, le Royaume-Uni soutient les efforts américains visant à contrer la puissance économique de la Chine, « mais se montre plus hésitant que Washington à critiquer Pékin, certains membres du gouvernement britannique favorables à une approche plus conciliante envers la Chine mettant en garde contre les éventuelles répercussions sur les futurs accords commerciaux ». 

1 700 militaires et 1 500 civils 

Samedi soir, le député conservateur, sir Iain Duncan Smith, a exhorté son gouvernement à conclure un nouvel accord avec Maurice pour résoudre le « désordre stratégique » autour de Diego Garcia. Il a déclaré au Mail on Sunday : « Le Royaume-Uni, avec les États-Unis, doit amener Maurice de notre côté, et non celui de la Chine. Et cela doit se produire maintenant. Le gouvernement ne peut pas se retirer de là. Il doit conclure un autre accord avec Maurice qui sera plus coûteux mais stratégiquement crucial. » 

Les Chagos, incluant Diego Garcia, devraient être remis à Maurice dans le cadre d’un transfert de souveraineté sur le territoire britannique de l’océan Indien suite à la résolution adoptée le 22 mai 2019 par une majorité écrasante lors de l’Assemblée générale des Nations Unies Si le Royaume-Uni a résisté à cette résolution, fin 2022, il a changé son fusil d’épaule en acceptant d’entrer en négociation avec Maurice. 

Cependant, depuis quelques mois, la Maison Blanche exprime de « graves préoccupations » quant aux plans, en raison de la concentration d’équipements militaires sur la base de Diego Garcia, qualifiée de « porte-avions insubmersible dans l’océan Indien ». 

La base britannique, louée à la marine américaine, abrite environ 1 700 militaires et 1 500 contractuels civils. Elle comprend des installations portuaires, une piste d’atterrissage capable d’accueillir de gros avions, une structure de soutien aux flottes de sous-marins, un centre nerveux radar sophistiqué et le Commandement des opérations spatiales des États-Unis.