
Si le traité signé en mai dernier prévoit la restitution de la souveraineté mauricienne sur les Chagos, tout en maintenant un bail de 99 ans pour la base militaire américaine à Diego Garcia, des consultations de haut niveau se tiennent cette semaine à Port-Louis. Ces échanges, menés par une délégation britannique arrivée ce week-end, visent à opérationnaliser les dispositions de l’accord, dans un contexte où le Parlement britannique avance sur sa législation.
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Gavin Glover, Attorney General, a détaillé le cadre de ces négociations dans une déclaration dimanche au Défi Media Group : « La délégation britannique menée par Harriet Mathews (Ndlr directrice générale pour l’Afrique, les Amériques et les Territoires d’outre-mer au Foreign, Commonwealth and Development Office britannique) a été celle qui a mené les négociations la dernière année pour les Britanniques et est arrivée ce week-end. Les premières rencontres commenceront demain et s’étendront jusqu’à mercredi à la mi-journée. »
Gavin Glover ajoute : « Nous avons déjà démarré les réunions préparatoires à cette rencontre depuis juillet-août. Elle s’inscrit dans le droit fil de l’implémentation des dispositions du traité déjà signé. En parallèle, avec le calendrier législatif britannique, il est prévu qu’une autre rencontre de ce type ait lieu en novembre prochain. La sécurité maritime, le ‘resettlement’, le domaine .io qui est aussi intéressant pour Maurice, le ‘trust fund’ pour les Chagossiens auquel les législateurs britanniques s’intéressent de près et la question de qui va gérer ce fonds sont parmi les sujets à débattre, discuter et à tomber d’accord sur comment mettre tout cela en place ». Le déplacement vers les Chagos sera aussi abordé.
« Ces rencontres sont le fruit du travail déjà commencé depuis la signature de l’accord en mai dernier. Il y a beaucoup de choses à mettre en place légalement pour qu’au moment de la ratification du traité, probablement début 2026, tout ce qui est prévu dans ce traité pourra être mis en place. Il y a donc beaucoup de travail à faire en amont », explique Me Glover.
Ces consultations interviennent après l’approbation massive, en deuxième lecture, du Diego Garcia Military Base and British Indian Ocean Territory Bill à la Chambre des Communes, le 9 septembre dernier. La troisième lecture est programmée le 20 octobre devant le ‘Committee of the Whole House’, avant un passage devant la House of Lords.
Parmi les enjeux prioritaires figurent la sécurité maritime dans la Zone économique exclusive (ZEE) mauricienne, élargie à l’archipel des Chagos. Les discussions porteront sur la surveillance de cette zone, incluant la Marine Protected Area, avec une sollicitation déjà adressée par le Premier ministre mauricien, Navin Ramgoolam, lors de son déplacement en Inde au début du mois, à son homologue indien, Narendra Modi. De même, la logistique indienne est envisagée pour renforcer cette surveillance.
Un autre volet central concerne le ‘resettlement’ des Chagossiens, communauté déportée dans les années 1960-1970 pour faire place à la base américaine. Le processus de réinstallation, notamment sur les îles Peros Banhos et Salomon, sera examiné. Un Trust Fund dédié aux Chagossiens, géré sous supervision bilatérale. Les modalités de sa gestion et de son financement seront débattues, afin d’assurer une compensation équitable pour les descendants des exilés.
Les pourparlers aborderont également le déplacement d’une délégation mauricienne, menée par Navin Ramgoolam et potentiellement le Premier ministre adjoint Paul Bérenger, prévu pour novembre. Cette visite symbolique vise à implanter le drapeau mauricien à Diego Garcia, Salomon et Peros Banhos, marquant la transition souveraine.
Enfin, le domaine internet .io suscite un intérêt économique pour Maurice. Attribué initialement aux Territoires britanniques de l’océan Indien (BIOT) en 1997, ce domaine de premier niveau (ccTLD) a acquis une popularité mondiale, particulièrement dans le secteur technologique, où « IO » évoque « Input/Output » en informatique. Sans exigence de présence locale, il est utilisé par des startups et plateformes comme github.io ou glitch.io. Sa gestion pourrait générer des revenus substantiels pour Maurice post-restitution, via des redevances sur les enregistrements.

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