L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson (24 juillet 2019 - 6 septembre 2022) a vivement critiqué le projet d’accord du gouvernement de Keir Starmer, actuel Premier ministre britannique, concernant la restitution de l’archipel des Chagos à Maurice. Dans une tribune publiée le 3 janvier 2025 par le Daily Mail, Boris Johnson qualifie l’accord de « défaitiste », d’« irresponsable » et d’« injustifiable » au regard de l’histoire et des faits juridiques.
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Selon Boris Johnson, cet abandon de souveraineté compromettrait l’avenir de la base militaire anglo-américaine de Diego Garcia, un site stratégique dans l’océan Indien. Il dénonce ce qu’il perçoit comme une capitulation « morale » et une démonstration de « lâcheté » politique, à un moment où la solidarité avec les États-Unis serait cruciale. L’ancien chef de gouvernement lie cette décision à un contexte géopolitique tendu, évoquant notamment le conflit en Ukraine et le retour imminent de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Les critiques de Boris Johnson interviennent alors que les négociations entre Londres et Port-Louis arrivent à un stade fort délicat. La semaine dernière, le gouvernement mauricien a fait une contre-proposition autour de trois aspects, c’est-à-dire la réparation pour plus de 50 ans d’occupation illégale des Chagos par les Britanniques et la durée de la location de Diego Garcia, ainsi que les termes légaux pour décrire cette location. Une délégation mauricienne devrait aussi se rendre à Londres ce mois-ci dans le cadre des négociations.
Selon des informations relayées par le Daily Mail le 30 décembre 2024, Maurice aurait demandé une augmentation significative des compensations financières, exigeant notamment 800 millions de livres sterling par an et des réparations chiffrées en milliards, mais cela a été formellement et officiellement démenti par le porte-parole de Keir Starmer, Premier ministre britannique, et officieusement par des proches du dossier côté mauricien.
Des demandes qualifiées d’excessives
Quoi qu’il en soit, les demandes ont été qualifiées d’excessives par Lord Simon McDonald, ancien haut fonctionnaire du Foreign Office, qui accuse le gouvernement mauricien de « surjouer sa main ». Lord McDonald a recommandé au gouvernement britannique de maintenir les négociations, tout en refusant les « demandes déraisonnables » de Maurice. Il a également suggéré que la nouvelle administration mauricienne, dirigée par Navin Ramgoolam depuis novembre, pourrait chercher à renégocier les termes déjà établis, notamment en raison des échéances électorales récentes au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Le projet d’accord prévoit la restitution de l’archipel des Chagos, comprenant Diego Garcia, tout en maintenant l’accès militaire anglo-américain à la base pour une durée renouvelable de 99 ans. Cette installation, construite dans les années 1970, est considérée comme essentielle pour la sécurité dans la région de l’océan Indien et pour les opérations occidentales au Moyen-Orient et en Asie du Sud.
Toutefois, des doutes subsistent quant à la mise en œuvre de cet accord. Selon le Daily Mail, des figures influentes de l’administration Trump à venir auraient exprimé des réserves sur le projet. Boris Johnson souligne, dans sa tribune, que céder les Chagos envoie un mauvais signal aux États-Unis à un moment où l’Europe sollicite leur engagement dans le conflit en Ukraine.
L’archipel des Chagos, séparé de Maurice en 1965 pour devenir un territoire britannique d’outre-mer, est au cœur d’un différend juridique et politique de longue date. En 2019, la Cour internationale de justice et l’Assemblée générale des Nations unies ont reconnu la souveraineté mauricienne sur les îles, appelant le Royaume-Uni à les restituer dans un délai de six mois. Londres a cependant jusqu’à présent résisté à ces appels, insistant sur l’importance stratégique de la base de Diego Garcia.
Pour le moment, aucune issue définitive n’a été trouvée. Les négociations entre les deux nations se poursuivent, mais les divergences financières et politiques pourraient retarder encore la résolution de cette affaire. Si aucun accord n’est conclu, « cette question pourrait rester en suspens pendant de nombreuses années », a averti Lord McDonald, ajoutant que cela pourrait priver Maurice des bénéfices espérés de la restitution.
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