
Les négociations sur la rétrocession des Chagos stagnent malgré l’aval de Trump. Maurice attend, tandis que tensions géopolitiques et enjeux financiers compliquent l’accord.
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Depuis que le président américain Donald Trump a donné son aval, le 28 février, à un accord entre le Royaume-Uni et Maurice sur la rétrocession des Chagos, le dossier n’a enregistré aucune avancée notable. Pourtant, tous les obstacles semblaient levés avant la rencontre entre le Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, et Donald Trump.
Du côté du gouvernement mauricien, on affirme être en position d’attente, tout en précisant : « Nous n’allons pas attendre indéfiniment. » Une option envisagée serait de porter à nouveau le dossier devant des forums internationaux ou de relancer le combat juridique.
« Nous avons apprécié l’attitude de Trump et nous nous attendons à signer un accord, mais le temps est un facteur déterminant », souligne-t-on à l’Hôtel du gouvernement. Toutefois, la tension croissante entre le Royaume-Uni et les États-Unis sur la guerre en Ukraine, ainsi que certaines prises de position récentes de Donald Trump, suscitent des inquiétudes quant à l’issue du dossier Chagos à Maurice.
Dans ce contexte, le soutien renouvelé du Premier ministre indien, Narendra Modi, lors de sa visite officielle à Maurice pour la fête de l’indépendance, exerce une pression supplémentaire sur le Royaume-Uni et les États-Unis. « Un océan Indien libre, ouvert et sécurisé est notre priorité commune », a déclaré Narendra Modi. « S’agissant des Chagos, nous respectons pleinement la souveraineté de Maurice », a-t-il ajouté, soulignant la coopération à travers divers forums régionaux. Il est également à noter que Narendra Modi aurait rassuré Donald Trump lors de leur rencontre le 13 février dernier.
Ces déclarations visent à réfuter les arguments de certains responsables britanniques et américains opposés à l’accord, qui agitent la menace d’une présence chinoise à Chagos. La Chine, jusqu’ici discrète sur le sujet, a réagi, vendredi dernier, par l’intermédiaire de China Military Online, l’organe de communication de l’armée chinoise : « Toute rhétorique associant cette question à la Chine est totalement infondée et reflète une mentalité de Guerre froide ainsi qu’une anxiété géopolitique de certains politiciens occidentaux. »
Pékin insiste sur le fait que le différend territorial entourant l’archipel des Chagos relève exclusivement d’une négociation bilatérale entre Londres et Port-Louis. « Le retour des îles Chagos à Maurice n’a aucun lien avec la Chine », affirme China Military Online, qualifiant ces accusations de « spéculations malveillantes et infondées ».
Les discussions entre le Royaume-Uni et Maurice avaient débuté en 2022 sous un gouvernement conservateur britannique. L’annonce de l’accord, faite en octobre dernier par l’actuel gouvernement travailliste de sir Keir Starmer, a suscité des critiques au Royaume-Uni, notamment en raison des paiements prévus pour Maurice dans le cadre de la restitution des îles.
Le changement de gouvernement à Maurice en novembre a conduit à la réouverture des négociations. Le Premier ministre Navin Ramgoolam considérait que certaines conditions initialement négociées étaient défavorables à Maurice, notamment celles relatives à la formulation sur la souveraineté de Diego Garcia et au package financier proposé par Londres. La question du loyer de Diego Garcia, qui abrite une base militaire américaine, était un point d’achoppement majeur, mais elle a été résolue, tout comme celle liée à la souveraineté.
Dans la presse britannique, un premier montant de 9 milliards de livres sterling (environ 533 milliards de roupies mauriciennes) avait été avancé pour la location de Diego Garcia sur une période de 99 ans, soit environ 5,3 milliards de roupies par an. Mais, selon les dernières négociations, le coût de l’accord aurait doublé, atteignant 18 milliards de livres sterling (1 066 milliards de roupies), soit plus de 10 milliards de roupies par an.
Lors de sa visite à la Maison-Blanche le 28 février, sir Keir Starmer a reçu l’assurance de Donald Trump, qui s’est dit « enclin » à approuver l’accord. Le président américain a déclaré qu’il avait « le sentiment que cela allait bien se passer », précisant que l’accord prévoirait « un bail de très long terme, environ 140 ans », incluant une première période de 99 ans, avec une option d’extension de 40 ans.
Le gouvernement britannique justifie cet accord par la nécessité de garantir l’avenir de la base militaire de Diego Garcia, tout en mettant un terme au différend juridique sur la souveraineté de l’archipel.

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