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Retraite à 65 ans - Ashok Subron : «Il aurait fallu une large consultation nationale»

Ashok Subron, ministre de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale, a accordé un entretien exclusif à Radio Plus le lundi 16 juin 2025 dans l’émission « Au cœur de l’info ». Il est sorti du silence dans lequel il se trouvait, en s’exprimant sur le Budget 2025-26. Il est revenu sur plusieurs dossiers, dont la retraite à 65 ans. 

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Qu’est-ce qui explique votre discrétion depuis la lecture du Budget 2025-26 ? 
Il faut rétablir les faits. Je me suis exprimé dans la presse, que ce soit en version papier ou audio, sur le Budget. Je ne comprends donc pas cette campagne visant à faire croire que je n’ai rien dit. D’ailleurs, le lundi qui a suivi la lecture du Budget, j’étais censé intervenir sur un plateau. Mais à ce moment-là, je n’avais pas encore reçu tous les détails pour me prononcer sur la transition liée à la pension de vieillesse. 

Cette mesure, bien qu’elle concerne directement mon ministère, n’a pas été discutée avec nous en amont. Ce n’est que le mardi après-midi que nous avons reçu les informations nécessaires, lors d’une réunion avec les officiers du ministère des Finances.

Ensuite, nous n’avions pas encore les détails sur les lois qui devront être amendées dans le cadre de cette réforme. Ces informations ne nous sont parvenues que la semaine dernière. Enfin, il nous manquait certaines précisions sur les modalités de versement de la pension de base (Basic Retirement Pension) selon les différentes catégories de la population. En tant que ministre, je devais disposer de tous ces éléments avant de pouvoir m’exprimer en profondeur.

Par ailleurs, en tant que partenaire de l’Alliance du Changement, j’ai partagé mes réflexions sur le Budget avec les autres leaders de l’alliance. Je suis aussi d’accord que pour une mesure d’une telle ampleur, il aurait fallu une large consultation nationale. Peut-être même que cette réforme n’aurait pas dû figurer dans le Budget. Mais je comprends aussi que pour une décision aussi forte, il y a eu une volonté de discrétion de la part du Premier ministre et ministre des Finances. 

Il y a une différence entre faire partie du gouvernement et être en dehors de ce système. Rezistans ek Alternativ est désormais au sein du gouvernement. Nous défendons toujours les mêmes valeurs, mais nous les portons autrement. Nous faisons partie d’un gouvernement de coalition, et cela implique un travail de concertation et de respect, même lorsqu’il y a des divergences. Rezistans ek Alternativ a choisi d’agir dans le cadre de l’alliance et des institutions de l’État. 

Vous confirmez donc qu’il n’y a pas eu de consultation avec vous ni avec votre ministère concernant la réforme de la pension de vieillesse ? 
En l’intégrant dans le cadre budgétaire, le ministre des Finances a exercé sa prérogative pour prendre cette décision. It’s done. Le Cabinet en a pris connaissance. Le discours du Budget a été présenté à l’Assemblée nationale et pendant une semaine, cette mesure a été débattue à travers plusieurs réunions. Aujourd’hui (lundi 16 juin ; NdlR) certaines décisions ont été annoncées par le Conseil des ministres. Le Premier ministre y reviendra d’ailleurs lors de son intervention à l’Assemblée nationale ce mardi.

Plusieurs autres mesures sociales ont été annoncées, notamment l’élimination progressive de la CSG Allowance. Qu’en pensez-vous ? 
Il faut aller au fond du débat. Si nous nous retrouvons dans cette situation aujourd’hui, c’est à cause de la gestion du gouvernement précédent, durant les dix dernières années. Le MSM a mis en péril le système de pension de vieillesse en prenant de mauvaises décisions. Ce régime a transformé la pension en un outil électoral. 

En 2020, Pravind Jugnauth est revenu au pouvoir en promettant d’augmenter la pension de vieillesse à Rs 13 500, alors qu’elle était à Rs 9 000. Pour tenir cette promesse, le ministre des Finances de l’époque a utilisé des chiffres erronés pour justifier le démantèlement du National Pensions Scheme. C’est, selon moi, le premier grand tort commis par ce gouvernement.

Depuis, la pension est versée sans qu’il n’y ait de véritable contribution dans le fonds, ce qui n’était pas soutenable à long terme. La Contribution sociale généralisée (CSG) a alors été mise en place pour financer ce surplus de Rs 4 500 et ainsi permettre au gouvernement d’honorer son engagement électoral. Mais ce système n’est pas soutenable.

La pension touche chaque personne de près. Est-il donc logique qu’il y ait une telle résistance ? 
Je suis le premier à dire que cette crainte est légitime. C’est un healthy concern. Mon parti politique est né dans la contestation sociale et nous reconnaissons le droit de chacun de s’exprimer, de se syndiquer et de manifester. Mais nous avons une population vieillissante. 

Lors de l’introduction de la pension universelle en 1958, l’espérance de vie était de 55 ans pour les hommes et de 58 ans pour les femmes. Aujourd’hui, elle est passée à 73 ans. Il y a donc eu une évolution significative qu’il faut prendre en compte. 

Le Budget présenté est très audacieux. Il propose une répartition plus équitable de la fiscalité, avec une dizaine de pages consacrées à la taxation des plus riches. Sans cette taxation des capitalistes, il aurait probablement fallu augmenter la TVA de 20 % à 25 %. Et il faut aussi dire que le MSM capitalise actuellement sur ce sujet. La seule véritable lacune dans ce processus reste, selon moi, le manque de consultations. 

Cette retranscription ne couvre qu’une partie de l’émission d’une durée de deux heures. L’intégralité est disponible sur les plateformes du Défi Media Group et sur la chaîne YouTube de TéléPlus 

 

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