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Retour sur les cyclones les plus mémorables

Des personnalités mauriciennes, qui ont connu des cyclones intenses, dans le passé, relatent leur expérience. Alix, Carol, Hollanda ou encore Gervaise font partie des tempêtes tropicales qui les ont marquées à jamais. 

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Primerose Obeegadoo, fondatrice et présidente du comité Miss Mauritius : «Le toit bougeait sans cesse et on a eu peur qu’il ne s’envole»

PrimeroseLe cyclone intense Alix est passé à 30 km de Maurice en janvier 1960. Primerose Obeegadoo, qui habitait à Port-Louis, dans une maison coloniale, confie qu’elle n’oubliera jamais cette période. Son époux, sa maman et elle ne s’attendaient pas à ce que ce cyclone soit aussi violent. « Je venais d’épouser Claude et ensemble, nous avons opté pour une maison coloniale qui était très belle et à la mode à cette époque. C’était notre première maison et la toiture était en tôle », relate-t-elle. 

Les rafales étaient si puissantes que le toit a été arraché. « Le vent était très fort. Puis, tout à coup, les rafales ont soulevé le toit et l’eau est entrée dans la salle à manger. Il a fallu transférer tous les meubles. Le toit bougeait sans cesse et on a eu peur qu’il ne s’envole. La peur était omniprésente et on priait pour que le cyclone parte. On a été traumatisés », se souvient-elle.

« Alix a fait beaucoup de dégâts. Par la suite, nous sommes partis nous installer dans une maison en béton », confie Primerose Obeegadoo qui habite maintenant à Moka.  


La chanteuse Marie Josée Clency : «Priye pou enn tol pa koup nou», m’a dit ma maman

marieAlors que le pays tentait de se remettre des effets d’Alix, le très intense cyclone Carol s’est pointé à la fin de février. Une expérience qui a marqué à jamais Marie Josée Clency. Cette dernière, qui compte 65 ans de carrière en tant que chanteuse de séga, avait 17 ans à l’époque. 

C’est avec une grande émotion qu’elle relate son vécu durant le passage de Carol. « Ma maman travaillait chez la famille Koenig à Beau-Bassin. Elle était séparée de mon père et j’étais enfant unique. On habitait dans une dépendance, non loin de Monsieur Koenig, son employeur. C’était une maison en tôle. Le cyclone Carol a été l’un des pires moments de ma vie et j’ai été extrêmement traumatisée », se souvient Marie Josée Clency.

Quand les rafales ont commencé à souffler, leur petite maison a commencé à trembler. « Le sifflement du vent est resté à jamais gravé dans ma mémoire. On avait peur et on ne savait pas quoi faire. Finalement, ma mère m’a dit qu’on devait s’en aller et se mettre à l’abri chez Monsieur Koenig. Alors, on est sorti et on a dû se cramponner l’une à l’autre pour ne pas tomber. Je me souviens que ma maman m’a dit ‘priye pou enn tol pa koupe nou’. Heureusement, toutes les deux, nous sommes arrivées saines et sauves chez Monsieur Koenig », se remémore Marie Josée Clency. 

Le cyclone Carol a fait des dégâts considérables, car il a traversé Maurice de part en part. « On n’avait plus de salle de bains. La cuisine s’était envolée. C’était une vraie désolation un peu partout autour de nous », confie la chanteuse. Cette dernière ajoute que les rafales et les pluies ont augmenté d’intensité après le passage de l’œil du cyclone. « Le pire, c’est qu’on était sorti pensant que le cyclone était parti. Puis, tout à coup, les policiers sont passés avec des haut-parleurs pour dire à la population d’aller se mettre à l’abri, car la tempête tropicale était toujours là. Il a fait beaucoup de dégâts », fait-elle ressortir.

Aujourd’hui âgée de 79 ans, Marie Josée Clency passe la plupart de son temps en France. Elle a quatre enfants, onze petits-enfants et six arrière-petits-enfants. 


Gaston Valayden, dramaturge, metteur en scène et ancien pédagogue : «L’unité qui régnait entre les voisins m’a marqué»

gastonCarol  a marqué l’esprit de nombreux Mauriciens, dont Gaston Valayden, 75 ans. Il était encore au collège quand Carol a frôlé les côtes mauriciennes. D’ailleurs, il s’est inspiré de sa propre expérience pour écrire sa pièce « Baraz » qui a été présentée en 2001. 

« On habitait Rose-Hill dans une maison en tôle. En revanche, les autres maisons autour de nous étaient en paille. Quand les policiers sont passés avec des haut-parleurs pour annoncer l’arrivée du cyclone, tous nos voisins sont venus se réfugier chez nous. »  Il habite aujourd’hui à Roche-Brunes.

Une quarantaine de personnes ont trouvé refuge chez Gaston Valayden. « En premier lieu, les hommes sont montés sur la maison pour la consolider avec de grosses roches. Nous, les enfants, on s’amusait avec des jeux de société, tandis que les hommes jouaient aux dominos. Les femmes, quant à elles, étaient dans la cuisine. On était tous de différentes communautés et chacun avait apporté des provisions pour cuisiner. On était comme une grande famille, tous unis dans le malheur », relate-t-il.

« Une des roches sur le toit s’est envolée et a failli heurter la tête d’un des voisins qui était dehors. Le vent était vraiment très fort. Ce n’est qu’après le passage du cyclone qu’on a réalisé tous les dégâts qu’il a causés. Les maisons autour étaient endommagées, mais l’unité qui régnait entre les voisins m’a marqué. »


Riaz Auladin, artiste peintre : «Il était difficile de rouler à motocyclette avec ce vent qui soufflait très fort»

riazPrésident et fondateur de l’International Watercolor Society (IWS), Riaz Auladin a eu chaud lors du passage du cyclone Hollanda en février 1994.

« J’avais 22 ans et j’étais jeune. Avec des cousins et des oncles, on est parti pêcher à la Cuvette et on ne savait même pas qu’il y avait un cyclone », raconte-t-il. À cette époque, il résidait à Plaine-Verte et il y habite toujours. 

Quand la petite bande est arrivée sur la plage, au début, tout était calme. Puis, tout d’un coup, le temps s’est détérioré. « On était en train de pêcher tranquillement quand le temps a changé. C’était drastique. D’un seul coup, la mer est devenue agitée, il a commencé à pleuvoir, le vent soufflait fort et nous avons décidé de rentrer », indique-t-il. Contrairement à certains membres de la famille qui avaient pris leur voiture pour aller à la mer, un de ses oncles et lui étaient venus à motocyclette. « Il était difficile de rouler à motocyclette avec le vent qui soufflait très fort. À un moment, on a même failli faire un accident. J’ai eu la peur de ma vie », dit Riaz Auladin. Depuis cette expérience, il confie ne plus sortir en temps de cyclone.

Il ajoute : « À l’époque, les informations n’étaient pas aussi accessibles qu’aujourd’hui. Maintenant, on prend toujours les nouvelles du temps avant de partir pêcher. » 


Sada Rajiah, acteur et réalisateur : «La maison s’est envolée»

sadaSada Rajiah a aujourd’hui 53 ans. Il avait 6 ans quand le cyclone Gervaise est passé sur le pays en février 1975. « On habitait dans une maison en paille, à Albion. D’ailleurs, j’habite toujours sur le même emplacement, dans une demeure en béton. Ma fratrie était composée de six frères et une sœur. »

Les rafales de 280 km/h de Gervaise ont détruit la maison dans laquelle habitait toute la famille. « La maison s’est envolée. Il ne restait plus rien. Je vois encore l’image de mon père, me prenant dans un bras et mon autre petit frère dans l’autre. Il était torse nu et a couru chez le voisin qui avait une maison en tôle. Il nous a déposés là-bas. Puis, tout le monde s’est réfugié chez ce même voisin pendant quelques jours. Par la suite, mon père a reconstruit la maison en paille. Cette image ne sortira jamais de ma tête. J’étais petit, mais je ne pourrais jamais oublier cette frayeur. Toutefois, on n’était pas les seuls dans cette situation. La plupart des maisons étaient en paille à cette époque », dit-il. 

 

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