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Retombées du rapport Lam Shang Leen : la cigarette interdite à la prison

cigarette Une cigarette vaut de l’or en prison.

Les cigarettes seront interdites dans les prisons. Cette mesure qui s’inscrit dans la mise en application des recommandations du rapport Lam Shang Leen sur la drogue, vise à freiner les trafics entre prisonniers. Une des recommandations de la Commission d’enquête est l’interdiction de la vente de cigarettes à la cantine de la prison car cela favorise le trafic dans les cellules.

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L’interdiction de fumer dans les prisons a été annoncée par le Deputy Commissioner of Prisons (DCP), Vishnu Hanumanthadu, au cours du Grand Journal, animé par Gilbert Bablee et Patrick Hilbert, lundi. Des structures seront mises en place en vue de réduire la dépendance à la nicotine chez les détenus et mettre un frein à toute activité illégale liée à la consommation, à la vente et à la distribution de cigarettes en prison.

Le trafic de cigarettes se fait au nez et à la barbe des officiers des prisons. Des gardiens, qui ont été approchés par Le Défi Quotidien, confient, sous le couvert de l’anonymat, que « le tabac a plus de valeur que l’argent dans les cellules ». Pour « enn boutt sigaret », un détenu peut aller jusqu’à consentir à avoir des relations sexuelles.

« La cigarette vaut de l’or en prison. L’argent n’a aucune valeur dans les cellules. Le mode de paiement se fait uniquement par cigarettes. En prison, une cigarette qui coûte Rs 12 à l’extérieur est facilement vendue quatre, voire cinq fois plus. Avec une cigarette, un détenu peut acheter une carte téléphonique qui vaut Rs 50, un litre de boisson gazeuse à Rs 60, un paquet de chocolat, des biscuits, une brique de jus, de la drogue synthétique ou de l’héroïne ou encore avoir des relations sexuelles », avancent des haut-gradés affectés au département General Duties de la prison centrale.

Selon nos interlocuteurs, ce trafic est courant à la prison des hommes, mais également dans le centre pénitencier des femmes. Le trafic de cigarettes, expliquent-ils, est courant dans toutes les prisons du monde. Des détenus achètent des cigarettes qu’ils revendent plus cher ou qu’ils échangent contre d’autres produits ou faveurs.

Obtention des cigarettes

« La même chose est appliquée dans les prisons mauriciennes. Les détenus (Unskilled, Semi-skilled et Skilled) qui travaillent dans les ateliers de la prison sont rémunérés en fonction de leurs aptitudes. Ils touchent une centaine de roupies. Si certains achètent de la nourriture, d’autres prisonniers convertissent la monnaie en cigarettes. Une fois dans leurs cellules, ils vont monnayer les cigarettes pour obtenir ce dont ils ont besoin », précisent nos interlocuteurs.

Un autre moyen qui permet aux détenus d’obtenir des cigarettes est le montant de Rs 1 000 que leurs proches sont autorisés à leur remettre une fois la semaine lors des visites. L’argent est, selon nos interlocuteurs, bien souvent utilisé pour l’achat de cigarettes. Certains les revendent à des prix exorbitants.

Achat de cigarettes par paquets

« Des détenus, surtout des barons de drogue, achètent des cigarettes par paquets à la cantine de la prison pour les revendre ou payer certains services qu’ils réclament. Ils sont considérés comme des seigneurs à la prison. Si certains paient – avec les cigarettes –  pour que leurs vêtements soient lavés par d’autres détenus, ou pour avoir les meilleurs repas, d’autres vont plus loin en s’adonnant à des paris hippiques le samedi. Ils se livrent à leur trafic de drogue à petite échelle avec la complicité d’autres prisonniers qu’ils exploitent comme jockeys », poursuivent les hauts gradés.

« La prison est un lieu d’incarcération »

Le commissaire des prisons, Vinod Appadoo, confirme que la « vente » des cigarettes sera abolie. Cette mesure vise d’abord à freiner le trafic qui perdure depuis des années en prison, puis à rendre l’univers carcéral eco-friendly. « Nous ne pouvons nous permettre d’accorder toutes les facilités à des détenus. C’est trop ! N’oublions pas que la prison est un lieu d’incarcération », déclare Vinod Appadoo au Défi Quotidien.

 

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