
- Le secrétaire et trésorier Abdool Gaffoor Kassim devrait assurer l’intérim
Le ministère des Arts et de la Culture s’apprête à prendre des mesures fortes. Selon nos informations exclusives, la première sanction pourrait viser le directeur de l’Islamic Cultural Centre Trust Fund (ICCTF), Abdool Azize Owasil, à la suite du rapport accablant sur le Hadj 2025.
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Ce développement intervient après que le Conseil des ministres a décidé, vendredi 3 octobre, de transmettre le rapport du Committee of Inquiry à la police et au Directeur des poursuites publiques (DPP), en raison d’éléments « à caractère potentiellement criminel ». D’après nos recoupements, le ministère envisage de suspendre le directeur dès cette semaine, en attendant la convocation d’un comité disciplinaire interne. Le secrétaire et trésorier, Abdool Gaffoor Kassim, devrait assurer l’intérim à la tête du centre.
Le rapport, long de 40 pages, détaille comment des visas pour le Hadj 2025 ont été délivrés de manière irrégulière, grâce à des faux numéros d’enregistrement, des documents falsifiés et un contrôle administratif défaillant. Au cœur du dispositif, le Committee of Inquiry pointe le rôle central du directeur, décrit comme le maillon manquant de la supervision. « Le directeur a été informé des irrégularités dès le 26 avril 2025. Cependant, aucune action n’a été initiée », note le rapport.
Selon les enquêteurs, le directeur n’a pas seulement omis d’agir, il a aussi gardé le silence lors d’une réunion du conseil d’administration le 5 mai, alors que les soupçons de fraude étaient déjà connus. « Lors de la réunion du Board du 5 mai, le directeur est resté silencieux sur les cinq cas bien qu’il en ait eu connaissance », poursuit le rapport.
Les enquêteurs ont mis au jour une série de fraudes structurées : des visas accordés à des personnes non inscrites, ayant déjà accompli le Hadj, ou utilisant des numéros falsifiés. Le cas d’une fidèle ayant accompli le Hadj en 2002 illustre ces dérives : malgré cette information connue de l’ICCTF, le visa a été délivré. « Le directeur et le secrétaire-trésorier de l’ICCTF ont informé le Comité qu’ils étaient au courant de ce cas », relève le rapport. Les enquêteurs notent également que des numéros d’enregistrement anciens ont été réattribués à de nouveaux candidats, pratique qualifiée de frauduleuse.
Un système financier opaque
Le rapport dénonce aussi l’absence de transparence financière autour du compte en devises de l’ICCTF à la State Bank of Mauritius, destiné à recevoir les paiements du Tannazul – les frais de transport en Arabie saoudite. « La responsabilité de vérifier les paiements du Tannazul incombe au directeur, car il est le seul à avoir accès au compte en devises », rappelle le document. Pourtant, plusieurs pèlerins ont obtenu leur visa sans avoir réglé cette somme, ce qui soulève de sérieux soupçons de négligence grave.
Les enquêteurs ajoutent que le directeur a autorisé des transferts de Tannazul entre pèlerins de différents opérateurs, pratique contraire aux règlements. « Le directeur a informé le Comité que ces transferts étaient effectués entre Hadjis de différents opérateurs », lit-on dans le rapport.
Lors de son audition, Abdool Azize Owasil a tenté de se défendre, affirmant que les remboursements du Tannazul ne relevaient pas de sa responsabilité. « Le directeur a déclaré qu’il n’appartenait pas à l’ICCTF de vérifier les remboursements du Tannazul », cite le rapport. Mais cette justification a provoqué l’inquiétude du Committee of Inquiry, qui parle d’un désengagement complet et d’un manque flagrant de supervision hiérarchique. « Les anomalies démontrent un manque de supervision à tous les niveaux de la hiérarchie », conclut le rapport.
Selon nos recoupements, d’autres têtes devraient tomber dans les prochains jours.

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