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Retombées de l’affaire Akil Bissessur - La Special Striking Team a «des comptes à rendre»

Les membres de la Special Striking Team doivent rendre des comptes sur les critiques émises par la magistrate Mungroo-Jugurnauth.

Des sanctions et une réforme de la police à travers l’introduction du Police and Criminal Evidence Bill. C’est ce que réclament des hommes de loi à la suite des commentaires de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth dans l’affaire Akil Bissessur. Aussi, la Special Striking Team doit à présent rendre des comptes.

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L’efficacité et le professionnalisme de la Special Striking Team (SST) sont de nouveau montrés du doigt. La décision de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth de rayer l’accusation provisoire de possession de drogue synthétique pour la distribution dont faisait l’objet Me Akil Bissessur est un coup dur à deux niveaux pour l’assistant surintendant de police (ASP) Ashik Jagai et ses collègues. 

La SST a, en effet, essuyé de sérieuses critiques. La magistrate a notamment déploré que cette unité n’a mené aucune enquête sur les allégations d’Akil Bissessur selon lesquelles qu’il aurait été victime de « drug planting ». « C’est incompréhensible et déraisonnable et cela soulève des doutes sur l’équité et l’impartialité de la police », a-t-elle souligné. 

Selon un ancien magistrat ayant exercé au bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP), les commentaires de Vidya Mungroo-Jugurnauth en disent long sur la manière d’opérer de la police. « Ses critiques ne peuvent être prises à la légère. Une magistrate ne fait pas de tels commentaires sur un coup de tête. Elle a certainement dû prendre la pleine mesure de l’affaire. Les autorités ne peuvent ignorer ses critiques », explique-t-il.

Il demande au commissaire de police (CP) de prendre ces remarques au sérieux. « Il faut non seulement recadrer ceux qui ont été impliqués dans l’opération policière contre Akil Bissessur, mais aussi y avoir des sanctions disciplinaires. »

Cette affaire, poursuit-il, vient relancer les débats autour du Police and Criminal Evidence (PACE) Bill. « Cette loi prend trop de temps à se concrétiser. S’il y avait un tel cadre régulateur, l’équipe d’Ashik Jagai n’aurait jamais été en mesure d’agir de la sorte, car le PACE aurait fait provision pour des garde-fous », souligne l’ancien magistrat.

Me Dev Ramano se montre tout aussi critique concernant les agissements de la SST. Selon lui, le « ruling » de la magistrate Mungroo-Jugurnauth vient confirmer « le dérapage » de l’ensemble de la police ces dernières années. « La police ne peut se permettre d’empiéter sur les droits humains, dit-il. La SST devra rendre des comptes. »

La décision prise dans le cas d’Akil Bissessur doit, selon Me Ramano, être un déclic pour que le gouvernement présente le PACE. « C’est la seule manière d’assurer que les droits fondamentaux liés à la liberté ne soient pas bafoués. » Il considère également que les éléments de la SST ne peuvent sortir indemnes de cette affaire. « N’oublions pas les cas de torture policière et les autres dérapages. Il est de plus en plus clair que la police, tout comme d’autres institutions à Maurice, ont besoin d’une grande réforme », conclut-il. 

L’avocat Penny Hack ne se fait aucune illusion. S’il considère que les autorités compétentes devraien initier une enquête sur les commentaires de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth, « il y a un déficit de crédibilité quant à l’intégrité de la force policière et l’affaire Akil Bissessur vient semer plus de doute », fait-il observer.

« Fairness and impartiality of the police » 

Un haut gradé : « Si pann pran lanket kouma bizin, ‘you have failed with distinction’ » 

« In light of result of the FSL, coupled with the explanations of the Applicant that the drugs which have been secured have been planted, the police had a duty to investigate into the version of the Applicant. Their failure to do so, in the face of the very serious allegations made by the Applicant, is incomprehensible and unreasonable. It raises doubts about the fairness and impartiality of the police », a mentionné la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth dans son rapport. 

La rédaction du Défi Media Group s’est tournée vers des éléments de la police pour une réaction. « ‘Pa bizin al pran version ek bann eleman SST’. Dès qu’une opération de la SST est terminée, elle doit soumettre et enregistrer son rapport dans un délai raisonnable. Cela signifie que la SST donne elle-même sa version des faits. Cependant, s’il manque des éléments complémentaires, alors l’unité devra les fournir », explique un haut gradé sous le couvert de l’anonymat.

Le policier qui se présente en cour est le représentant du CP. « Lorsqu’un policier se rend en cour, c’est au nom du CP qu’il parle. Le CP doit être en mesure de s’assurer que le nécessaire soit fait par ses enquêteurs », ajoute le haut gradé. 

 Aussi, dit-il, la responsabilité des doutes quant à la « fairness and impartiality of the police », comme mentionné par la magistrate, ne concerne que les enquêteurs de l’affaire en question. « C’est la raison pour laquelle la cour demande à savoir qui est l’officier désigné pour enquêter. ‘Si pann pran lanket kouma bizin, ‘you have failed with distinction’ », declare le policier.

Réaction

Un enquêteur : « Kes-la pankor fini »

« Ce n’est que partie remise. » Même si la décision de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth est un coup de massue pour les éléments de la SST, une source de cette unité rappelle que « kes-la pankor fini ». Ne voulant cependant pas commenter davantage les retombées de cette affaire, on laisse entendre que l’équipe s’inquiète que « certaines forces s’acharnent à vouloir jeter le discrédit sur les opérations de la police. Au train où vont les choses, nous sommes inquiets pour l’avenir de ce pays ».

Les controverses impliquant la SST

  • « Hit list »

Il a été allégué que la PHQ Special Striking Team opérerait selon une présumée « hit lit » sur laquelle figurent des opposants du pouvoir. Allégation rapidement démentie par les Casernes centrales après la publication de ce « document ». L’on y trouve les noms de Bruneau Laurette, Sanjeev Teeluckdharry ou encore de journalistes. 

  • « Planting of drugs »

Suivant son arrestation, Me Akil Bissessur a accusé la PHQ Special Striking Team d’avoir « placé » la drogue retrouvée au domicile de sa compagne. Bruneau Laurette, qui récuse toute implication dans un quelconque trafic, a lui aussi laissé entendre que la drogue retrouvée dans sa voiture aurait été « placée ». 

  • Circulation de clips vidéo intimes

La circulation des clips vidéo intimes du couple Akil Bissessur-Doomila Moheeputh a porté un coup à l’image de la PHQ Special Striking Tean. Les images se trouvaient sur les téléphones cellulaires saisies par cette unité lors de l’opération au domicile de Doomila Moheeputh, le 19 août dernier. Les avocats d’Akil Bissessur ont montré du doigt les membres de la PHQ Special Striking Team dans cette affaire.

  • Perquisition chez la belle-famille de Me Teeluckdharry 

Le 27 octobre, l’équipe de la PHQ Special Striking Team fait une perquisition chez la belle-famille de Sanjeev Teeluckdharry, à Rose-Hill. La fouille dure environ deux heures. Rien de compromettant n’est trouvé. L’avocat évoque un acte d’intimidation. Reprochant à l’ASP Ashik Jagai un abus de pouvoir et d’autorité, sa belle-famille lui a envoyé une mise en demeure, lui réclamant des dommages de Rs 50 millions. 

 

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