Les élèves ont déjà abordé le deuxième trimestre scolaire. Période importante selon les pédagogues, puisqu’il faut couvrir le maximum du programme d’études de l’année. Est-ce que les devoirs sont vraiment importants ? Ce sujet est souvent source de frictions entre les parents et l’école. Pourtant, pour certains, la question ne se pose pas. Il faut donner des tâches aux élèves en dehors des heures de classe.
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Dilraj Sudoo : «Son emploi du temps est déjà chargé»
Dilraj Sudoo ne doute pas de la pertinence de ramener des devoirs à la maison. « Ce qui l’inquiète, c’est le nombre. Mon fils prépare le School Certificate. Je sais que c’est une classe importante. Mais je crains pour sa santé. Il ramène trop de devoirs à la maison », confie Dilraj. Pour ce père inquiet, il n’est pas évident pour un enfant de maîtriser huit matières, sans compter les leçons particulières et les devoirs.
« J’en ai parlé à mon fils. Je sens qu’il est parfois dépassé par le nombre de choses qu’il a à apprendre. Pour la littérature française, il prépare plusieurs textes. Pour l’anglais, c’est la même chose. Art & Design est aussi une matière qui demande beaucoup de temps et d’énergie. Ce n’est pas évident. Pour les leçons particulières, nous avons choisi ensemble les matières où il ne se débrouille pas trop bien. Finalement sur cinq jours de classe, il n’a qu’un jour de libre après l’école », explique-t-il.
Ce qu’il regrette le plus, c’est que son fils ait dû négliger son sport favori pour se consacrer à ses études. « Mon fils adore le football. Auparavant, il allait à des séances d’entraînement trois fois par semaine. Et quelques fois pendant le week-end, il avait des matchs. Maintenant ce n’est plus possible. Vous vous imaginez le nombre de choses qu’il a à faire ? Entre les devoirs qu’il ramène de l’école, son projet d’Art, ses devoirs de leçons, il n’a plus le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Il n’a même plus le temps pour les proches », regrette ce père de famille. Pour Dilraj, il faudrait alléger le nombre de devoirs qu’on donne aux élèves, peu importe sa classe.
Faizal Jeeroburkhan : «Trop de devoirs peuvent nuire à l’enfant»
Les devoirs à la maison permettent à l’enfant d’assimiler ce qu’il a appris en classe. Les devoirs ont aussi, selon le pédagogue Faizal Jeeroburkhan, beaucoup de vertus. « Les devoirs à la maison peuvent avoir un impact positif sur la réussite académique de l’élève, surtout en classes supérieures. Ils aident l’élève à s’organiser, à devenir plus responsables et autonomes. Cela lui permet aussi de bien gérer son temps et d’acquérir des bonnes habitudes d’apprentissage et d’autodiscipline », soutient-il.
Les devoirs peuvent servir de passerelle entre l’école et la famille. « Ils sont souvent un moment de complicité entre l’élève et ses parents. Mais les parents ne doivent jamais se substituer à l’élève. Le cadre dans lequel l’enfant fait ses devoirs et la présence des parents à ses côtés sont primordiaux », dit-il. Cependant il y a une condition. « C’est très important de bien doser les devoirs. Ils ne doivent pas entrer en conflit avec les leçons particulières, la pratique du sport, les activités culturelles et d’autres formes de loisirs. Trop de devoirs peuvent nuire à l’enfant en provoquant la fatigue physique et le stress ; cela entraîne une démotivation de l’enfant, surtout si les devoirs sont répétitifs, excessifs, inadaptés ou s’ils réduisent fortement le temps de loisir quotidien », note le pédagogue.
Faizal Jeeroburkhan est aussi d’avis que dans certains cas, les devoirs peuvent accroître les inégalités scolaires et sociales entre les élèves « Certains parents ne sont pas en mesure d’aider leurs enfants tandis que d’autres en sont capables. Certains spécialistes recommandent même de remplacer le travail à la maison par des études encadrées en classe, surtout pour les élèves du primaire.», note-t-il.
François Olivier : «Les devoirs doivent faire partie de la vie d’un élève»
Pour François Olivier, enseignant de mathématiques au collège du St Joseph, il n’y a pas débat : les devoirs à la maison sont absolument importants. « Les devoirs servent à consolider l’apprentissage. Comme le dit si bien le dicton anglais :‘practice makes perfect !’», dit-il. Pour l’enseignant, l’apprentissage et un travail continu. « Que ce soit en classe ou à la maison, c’est important pour un éléve d’adopter un rythme de travail. Je ne crois pas que les enseignants donnent des devoirs seulement pour montrer aux parents qu’ils travaillent à l’école. C’est surtout parce que l’apprentissage doit continuer. Il commence en classe et se termine à la maison », soutient-il. Toutefois, François Olivier est d’avis qu’il ne faut pas exagérer la quantité de devoirs qu’un élève rapporte à la maison. « Ce n’est pas une raison pour surcharger l’enfant de devoirs. Les devoirs doivent faire partie de la vie d’un élève, mais de façon mitigée. Certains parents pensent qu’il faut donner toujours plus de devoirs, pas tous heureusement. C’est souvent une requête qu’ils font :‘Donn plis devwar mo zanfan, ou bien eski ou donn devwar lakaz ?’ Et si l’enfant ne réussit aux examens, c’est souvent, selon certains parents, dû à un manque de devoirs. Il faut savoir que le problème peut se trouver ailleurs », explique-t-il. La présence des parents au moment où l’enfant fait ses devoirs à la maison est très importante, selon l’enseignant. Il s’explique : « Pendant la ‘consolidation and revision work’ à la maison, la supervision des parents est très importante. Cela leur permet de connaître le niveau de leur enfant. Ils pourront alors être d’un support aux enseignants en aidant l’enfant à faire ses devoirs. Si l’enfant sait que vous le surveillez, il ne se laissera pas distraire facilement », conclut-il.
Anna-Kristie Henry : «Les devoirs sont importants pour plusieurs raisons»
Pour cette jeune mère, les élèves qui ne font pas de devoirs sont plus susceptibles d’avoir de faibles résultats scolaires. Anna-Kristie n’imagine pas son fils Lucas sans devoirs à faire à la maison. « Lucas est en Grade 2 et, déjà, je m’assure qu’il a au moins une petite révision à faire après les heures de classe. S’il n’a pas de devoir, je lui donne quelques exercices à faire et je les corrige. Imaginez-vous que votre enfant n’a plus aucun travail scolaire à la maison. Que ferait-il ? Vous pensez qu’il lirait davantage ou pratiquerait-il seul des exercices de révision ? S’intéresserait-il à développer son autonomie pour apprendre seul hors de la classe ? Je pense qu’il voudrait sûrement passer son temps devant la télévision, l’ordinateur ou les jeux vidéo », observe-t-elle.
Anna-Kristie estime aussi que cela lui permet d’avoir un moment privilégié avec son fils Lucas. « Mon fils et moi, nous en profitons pour faire de la période des devoirs et des leçons à la maison un moyen de communication. Et je trouve cela excellent. J’en profite pour lui transmettre des valeurs importantes comme la ténacité, le sens des responsabilités, contrairement à la facilité et à l’instantanéité. C’est aussi un bon moyen de lui montrer que je suis là pour lui et que je crois en lui. Je le félicite souvent et l’encourage dans ses études », ajoute la jeune mère.
Et de soutenir que l’importance n’est pas de connaître tout ce que l’enfant doit apprendre, mais d’être proche de lui. « Je sais que dans certaines circonstances, des parents se sentent dépassés par la matière à l’étude. Cela m’est souvent arrivé. Mais l’important n’est pas de connaître toutes les matières, mais de guider, d’encadrer et de motiver son enfant durant cette période, sans se substituer à l’enseignant », conseille Anna-Kristie.
Damien Vigory Bonamaullee : «Ce n’est pas toujours facile d’apprendre à la maison»
Étudiant en Form III au collège Mootoocoomaren Sungeelee SSS, Damien explique qu’il a souvent du mal à s’appliquer à la maison. « Il y a trop de distractions à la maison. J’arrive difficilement à me concentrer, même pour faire de la lecture. Il y a toujours quelqu’un qui vient me parler ou faire quelque chose pour me distraire. Parfois ce n’est pas volontaire. Même ma maman vient parfois me demander si je peux lui rendre un service ou l’aider à faire quelque chose. Ou c’est souvent les amis qui jouent au foot sur le jardin en face de la maison et qui ont l’air de bien s’amuser. J’avoue que tout cela m’attire et m’empêche de travailler à la maison », confie l’adolescent.
À l’école, dit-il, il se sent dans un environnement approprié pour apprendre. « À l’école Il y a les enseignants, la bibliothèque, les ordinateurs et beaucoup d’autres outils qui permettent de faire des recherches ou de trouver de l’aide pour un exercice qu’on ne comprend pas. À la maison, parfois ni maman ni papa ne peuvent le faire. Ce n’est pas de leur faute, les sujets qu’on enseigne de nos jours sont beaucoup trop difficiles pour eux », lâche Damien. À l’école il y a un moment pour tout et cela convient mieux à un jeune apprenant.
« Par exemple, au moment où tu es en classe, tous tes amis y sont aussi. Donc tu ne t’ennuies pas à penser que lorsque toi tu travailles, tes amis, eux, sont en train de jouer. Pour les cours, c’est la même chose : tu sais à quelle heure ils se terminent. Quand tu t’ennuies en classe, tu te dis que cela ne va pas durer longtemps. C’est l’enseignant et l’organisation générale de l’établissement qui donnent des repères d’espace et de temps. À la maison, je trouve que c’est beaucoup plus difficile de gérer son temps », conclut-il.
Laëtitia chenille, Grade 5 : «C’est normal d’avoir autant de devoirs»
Laëtitia ne se plaint pas. Du haut de ses 10 ans, elle estime que le nombre de devoirs qu’elle a à faire à la maison est tout à fait normal. « J’ai beaucoup de devoirs. Il faut aussi prendre en compte qu’il y a beaucoup de matières. Je suis en Grade 5 et l’année prochaine je serai en Grade 6 si je travaille bien. Et le Grade 6 est une classe très importante. Il faut donc que je travaille bien pour accéder en Grade 6. Je sais que ces devoirs vont beaucoup m’aider à m’améliorer », fait-elle part. Pourtant, Laëtitia avoue que ce n’est pas toujours évident. « De temps en temps, je suis un peu fatiguée, car je prends aussi des leçons particulières. Quand j’ajoute le nombre de devoirs que j’ai à faire à l’école et celui des leçons, ce n’est pas facile. J’essaie de faire de mon mieux», ajoute-elle.
Il est très difficile de quantifier au quotidien le temps requis pour les devoirs et les moments de loisir (jeu, sport, musique, danse, rencontre familiale ou sociale, etc.) car il y a trop d’éléments variables à prendre en compte. Faizal Jeeroburkhan estime qu’il faudrait, en règle générale, une répartition équitable entre les devoirs et les loisirs. Et d’ajouter que pour atteindre cet objectif, une bonne organisation du temps aidera l’enfant à bien gérer toutes ses activités.
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