Restructuration de l’Adsu - Lutte antidrogue : de nouvelles stratégies dans le viseur

La restructuration au sein de la brigade antidrogue est toujours en cours. Le but d’injecter du sang neuf dans cette unité est d’apporter un nouveau souffle à la lutte antidrogue.

Le projet n’en est qu’à la phase embryonnaire. Mais l’intention de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) de donner un nouveau souffle à la lutte antidrogue est là. C’est du moins ce qu’on laisse entendre au niveau du nouvel état-major de la brigade, laquelle a subi une restructuration. L’adoption de nouvelles stratégies lors des opérations et du travail de terrain, notamment en matière d’intelligence gathering, est prévue.  Le Défi Quotidien a tenté d’obtenir des explications du Deputy Commissioner of Police Mardaymootoo Rassen, qui est le nouveau patron de l’Adsu, mais il est resté injoignable au téléphone. Le Police Press Office a alors été sollicité. « Le processus de restructuration est toujours en cours. Toute restructuration relève d’une procédure normale au sein de l’Adsu », déclare-t-on. 

De plus, confirme-t-on, le DCP Mardaymootoo Rassen et le commissaire de police Anil Kumar Dip adopteront de nouvelles stratégies afin de lutter contre le trafic de drogue. « Il faut empêcher les trafiquants de devancer la police. C’est la mission qui est confiée à la nouvelle équipe de l’Adsu », fait-on comprendre. 

Performance 

Les membres de l’Adsu ayant fraîchement intégré l’unité auront pour tâche d’explorer minutieusement les nouvelles ruses employées par les trafiquants pour dissimuler leurs cargaisons de drogue, les points d’entrées du pays ainsi que les axes possibles entre les présumés trafiquants incarcérés. 

La nouvelle équipe devra établir ses réseaux, labourer le terrain, tisser des liens avec ses informateurs et comprendre les rouages du métier. Chose qui prendra beaucoup de temps, selon nos sources. « Nous perdrons définitivement notre combat contre la drogue car pendant ce temps, les trafiquants auront une longueur d’avance sur la brigade antidrogue. ‘Nou pou an retar lor trafikan’ », souligne-t-on. 

La restructuration est-elle la solution ? Car le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, a carrément recommandé le démantèlement de l’Adsu et la création d’une commission d’investigation à laquelle des pouvoirs spéciaux seraient conférés. Cette recommandation n’a toutefois pas encore été mise en pratique jusqu’ici. 

Sam Lauthan, travailleur social, rappelle qu’une des mesures préconisées dans le rapport de la commission d’enquête, dont il était un des assesseurs, est la dissolution de l’Adsu. « Quatre ans plus tard, je constate qu’il y a un chamboulement terrible au sein de l’unité. J’accueille favorablement cette restructuration. J’estime néanmoins que la surveillance de nos côtes est un élément très important. Le rapport de la commission fait mention de la construction de marinas à travers le pays afin de contrôler le trafic maritime. Il faut barricader notre zone côtière », dit-il. 

Crever l’abcès 

Pour lui, cela ne pourra se faire que si les éléments de l’Adsu travaillent en équipe. « Le ministère de l’Environnement, la National Coast Guard et le ministère de l’Économie bleue doivent aussi collaborer », propose Sam Lauthan. 

Ally Lazer, président de l’Association des travailleurs sociaux de l’île Maurice (ATSM), est d’avis que la solution ne réside nullement dans un exercice de transferts de masse. Pour lui, les transferts s’apparentent à « un changement d’emballage ». Le travailleur social estime qu’il y a quelque chose qui cloche au sein même de cette unité. 

« Il faut crever l’abcès au sein de l’Adsu. D’où l’importance de revoir le mode de recrutement et le fonctionnement même de cette brigade. Le plus grand obstacle dans la lutte antidrogue est la corruption et les forces occultes. Trop de milliards de roupies sont en jeu. Certains policiers se laissent facilement tenter », déplore le président de l’ATSM.