Les restrictions sanitaires, en vigueur depuis le 12 novembre 2021, restent d’actualités. Elles ont été prolongées jusqu’à fin mars 2022. Ainsi les bars et les discothèques restent fermés. Il est aussi interdit de pique-niquer et d’organiser des compétitions sportives et autres activités socioculturelles sans oublier les restrictions sur le nombre de personnes dans les lieux de culte et les salles de réception. Dans le cadre de cette annonce, Le Défi Quotidien a recueilli la réaction des acteurs des différents secteurs concernés. Comment entament-ils ces deux prochains mois ? Témoignages.
Salle de Réception
Vyash Reetoo : « Il est incontestable que les propriétaires des salles de réception sont grandement affectés »
Vyash Reetoo est le propriétaire du Domaine Reets et vice-président du Wedding Halls Association. Il indique qu’il enregistre plusieurs annulations durant la saison de pointe depuis l’application des mesures sanitaires. Et la prolongation des mesures risque d’empirer la situation. « Nous avons subi des pertes conséquentes en termes de clientèle durant la saison de pointe suite au confinement. Puis, depuis l’application des restrictions, les affaires tournent au ralenti. Avec le nombre de 50 personnes fixé pour les mariages, plusieurs couples annulent ou renvoient leurs réservations pour les salles à une date ultérieure. Cela pose problème à de nombreux clients de payer le prix d’une salle de 500 personnes pour 50. Ils hésitent. Par ailleurs, les mariages d’une durée de trois jours sont réduits à un seul jour de célébration. Il est incontestable que les propriétaires des salles de réception sont grandement affectés. Nous nous attendions à un assouplissement avec l’autorisation de recevoir 100 personnes. Contre toute attente, l’annonce de l’extension de la période de cette mesure sanitaire a choqué plus d’un », relate-t-il.
Il déplore cette restriction imposée aux propriétaires des salles de réception qu’il qualifie de deux poids deux mesures. « D’une part, d’après la loi, on impose aux propriétaires des salles de réception d’accueillir uniquement 50 personnes pour un mariage. Pourtant, quand il s’agit d’un restaurant ou d’un hôtel, plus de 100 personnes sont autorisées pour des noces. Je n’arrive pas à comprendre la logique ! Or une salle de réception peut accueillir davantage de personnes tout en maintenant la distanciation sociale comparativement à un restaurant. C’est injuste, la loi devrait être la même pour tous », fait-il ressortir.
Un avis partagé par Sadhvi Reetoo, planificateur de mariage et COO du Domaine Reets. « En ce moment, les clients hésitent à confirmer. La tendance est à l’incertitude. De ce fait, pour faciliter la prise de décision des clients et inclure les prestataires de service, nous envisageons de proposer des forfaits pour toutes les bourses. Nous ne voulons pas que les affaires souffrent, mais nous ne voulons pas non plus imposer des prix excessifs aux clients. Nous visons un juste milieu », indique-t-il.
Événementiel / Concerts
Pratyush Nobeen : « C’est insensé »
Le secteur du divertissement est également frappé de plein fouet par les restrictions sanitaires. C’est ce que nous confirme Pratyush Nobeen, directeur de l’agence de mannequinat Secret Models et organisateur d’événements. Il déplore le fait que personne ne veut prendre les devants pour apporter des solutions afin de soutenir ce secteur qui est en arrêt depuis l’an dernier. « Depuis, on n’a pas touché de salaire ni bénéficié du Wage Assistance Scheme. Alors qu’ailleurs, notamment en Europe, les événements en plein air ont repris malgré la présence des variants Omicron et Delta », fait-il ressortir.
Pour lui, ces mesures de restrictions sont incohérentes et injustes envers certains secteurs. « C’est insensé de voir des milliers de personnes dans les centres commerciaux, se regrouper à la plage, partir dans les hôtels alors que les rassemblements se font avec une restriction de 50 personnes. Ce nombre n’est pas suffisant pour organiser des événements. Il n’y a pas de logique. On ne nous laisse pas fonctionner. Pourtant, les organisateurs d’événements avaient mis en évidence des propositions en respect des règles sanitaires sur la table, notamment avec des testing booth à l’entrée. On pourrait aussi accueillir au moins 10 000 personnes, toutes vaccinées bien sûr. C’est une pratique qui se fait à Abu Dhabi et en Europe. À savoir que grâce à ce protocole, là-bas, aucun événement n’a été annulé depuis juin 2021 », fait remarquer notre interlocuteur.
Avec l’extension des restrictions sanitaires, les organisateurs sont dans de beaux draps, car ils manquent de visibilité. « L’incertitude autour d’une éventuelle reprise nous empêche de planifier la venue des artistes internationaux. La situation est tellement compliquée que nos relations professionnelles avec certains d’entre eux se sont détériorées. Si on envisage une éventuelle reprise en avril, on sera encore une fois pénalisé dû aux périodes de jeûne pour le Ramadan et la fête de Pâques. Notre souffrance va perdurer durant cinq mois », soupire-t-il.
Bars et discothèques
Popo Hazareesingh : « Plusieurs d’entre nous doivent se réorienter dans d’autres secteurs pour survivre »
Les gérants des bars et des discothèques sont dans la tourmente. Cela fait bientôt une année que ce secteur est au point mort. Tel est le point de vue de Popo Hazareesingh, président de l’Association des propriétaires de boîtes de nuit. Selon lui, la morosité s’est installée dans le monde de la nuit.
« Certes, nous bénéficions de plusieurs facilités. Outre l’Assistance Wage Scheme, il y a aussi des mesures en termes de paiement d’utilités et de location pour les boîtes de nuit. Cependant, l’impact d’une année d’inactivité est conséquent. Nous avons perdu gros pendant la haute saison, notamment le mois de juillet, août et la période festive où le chiffre d’affaires était à zéro. Avec le maintien des restrictions, la situation reste difficile. Plusieurs d’entre nous doivent se réorienter dans d’autres secteurs afin de survivre. Les prochains mois seront synonymes d’une longue attente interminable. On espère une réouverture et une reprise à la normale », conclut-il.
Compétitions sportives
Fayzal Bundhun : « C’est un gros handicap pour les joueurs »
Fayzal Bundhun, président de l’Association mauricienne de volley-ball, rappelle que cela fait un an que les compétitions sportives sont en arrêt. Il espérait une reprise des activités sportives au mois de février. Mais il est tombé des nues à l’annonce de l’extension des mesures sanitaires. Il déclare : « L’arrêt des activités sportives est un gros handicap pour les volleyeurs, car ils n’ont pas accès aux centres d’entraînement. De plus, ils ne peuvent pas participer aux compétitions sportives. Nous ne pouvons pas avancer. J’aurais souhaité que le gouvernement puisse revoir cette décision. Il aurait pu à la rigueur autoriser des compétitions à huis clos sous le respect des mesures sanitaires ». Il dit craindre que les volleyeurs se réorientent vers une autre activité et arrêtent le volley-ball.
Lieux de culte
Le père Laurent Rivet : « Il y a un manque de cohérence »
Cela fait deux mois que le nombre de personnes autorisées dans les lieux de culte est limité à 10. Pourtant, encore aujourd’hui, cette mesure fait toujours débat. Son maintien jusqu’à fin mars, soulève de nombreuses questions. C’est ce que soutient le père Laurent Rivet, prêtre à la paroisse de Sainte-Hélène. Il déplore le manque de dialogue entre les autorités et les secteurs concernés par ces restrictions. « Nous avons déjà exprimé notre mécontentement face à ce manque de dialogue lorsque les décisions ont été prises la dernière fois. On aurait souhaité discuter du sujet cette fois-ci. Nous avions également exprimé le manque de cohérence dans la loi entre le nombre de personnes autorisées dans les lieux de culte, les funérailles et les activités socioculturelles. Ces incohérences sèment le trouble parmi les instances religieuses et créent beaucoup de frustration et d’incompréhension », souligne-t-il.
Le père Laurent ajoute : « C’est vraiment dommage, car les lieux de culte peuvent accueillir davantage de personnes vu la superficie des bâtiments tout en respectant les mesures sanitaires. Durant les fêtes de fin d’année, on a vu des ruées vers les magasins qui étaient beaucoup moins sécurisés que les lieux de culte ». Il lance un appel aux autorités afin d’instaurer le dialogue entre les parties concernées. Le but est de permettre aux Mauriciens de prier dans les meilleures conditions. « On ne peut que réitérer notre désir de dialoguer avec les autorités pour revoir cette loi. Cette dernière, selon nous, se révèle être discriminatoire envers les religions. Certes, il faut jouer le jeu et respecter les règles sanitaires pour le bien-être de la population. Cependant, le bien-être ne passe pas uniquement par des mesures strictes. Il faut savoir faire preuve de souplesse ».
Micro-trottoir
Covid-19 : Que pensez-vous des restrictions sanitaires maintenues jusqu’à fin mars ?
Suite à l’annonce des restrictions sanitaires maintenues jusqu’à fin mars 2022, Le Défi Quotidien a baladé son micro à Curepipe pour recueillir l’avis des citoyens.
Santaram, 57 ans de Floréal: « Malgré toutes les précautions prises dans le monde et l’arrêt de nos vies sociales, la Covid-19 continue de se propager et circuler. La médecine maîtrise mieux cette maladie. Au final, elle fait toujours moins de morts que l’alcool ou le tabac… Reprenons au plus vite une vie normale ».
Farook Hoojali,69 ans de Belle-Rose : « J’adhère à la décision des autorités, car la Covid-19 est omniprésente. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’avoir un relâchement au niveau du respect des mesures sanitaires. Le population doit être vigilante et la loi est là pour nous le rappeler ».
Raffick Moosun, 70 ans de Phoenix : « Il fallait avoir un assouplissement, surtout pour les lieux de culte ».
Alain Ami, 78 ans de Curepipe : « Je trouve une incohérence et une contradiction extraordinaire dans certaines de ces mesures sanitaires. Comment peut-on autoriser un mariage à 50 personnes et seulement 10 personnes dans un lieu de culte alors que le bâtiment peut en accueillir beaucoup plus ? On doit définitivement revoir les restrictions dans les lieux de culte ».
Mahmood Hosani, 77 ans de Modern : « Il est temps d’assouplir ces restrictions sanitaires comme le font les autres pays. La Covid-19 ne va pas disparaître de sitôt et continuera à se propager. Les Mauriciens doivent pouvoir s’adapter à la situation et faire preuve de responsabilité. C’est la réalité à laquelle on doit faire face ».
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